En recevant la 22? Coupe du monde sur son sol, le Qatar est déterminé à ne pas laisser place à la déception. Désigné pays hôte malgré la concurrence des États-Unis, longtemps donnés favoris, le petit état du Golfe est devenu le troisième pays asiatique après la Corée du Sud et le Japon à accueillir la grand-messe mondiale.
Dès sa victoire surprise, le Qatar a commencé à faire face à une campagne de critiques sans précédent. Le président américain Barack Obama avait dénoncé une « mauvaise décision », alors que la presse anglo-américaine criait au trucage. Quelques jours plus tard, le président de la FIFA, Sepp Blatter s’est prononcé en faveur d’un Mondial disputé en hiver, en raison des températures extrêmes qui atteignent plus de 50 degrés, aux mois de juin et juillet.
Le Qatargate
Le choix de l’émirat a commencé à interroger, mais il faut toutefois attendre janvier 2013 et la publication d’une enquête sur le « Qatargate » par France Football pour que l’hypothèse d’une entente entre la FIFA et Doha prenne corps.
Le magazine évoquait une désignation «hors de toute logique évidente» et «une odeur de scandale». Il soulignait aussi l’existence d’une « réunion secrète » au palais de l’Élysée, le 23 novembre 2010, soit dix jours avant l’attribution du Mondial au Qatar. Cette réunion se serait tenue entre l’ancien président français Nicolas Sarkozy, le prince héritier qatari Tamim ben Hamad al-Thani Thani (devenu depuis l’émir) et l’ex-patron de l’UEFA, Michel Platini. Selon FF, il s’agissait de s’assurer que Michel Platini « ne donne pas sa voix aux États-Unis, comme il l’avait envisagé, mais au Qatar ». Depuis, des enquêtes ont été ouvertes en Suisse, où siège la FIFA, mais aussi au Brésil et aux États-Unis, notamment par le FBI.
Lire aussi : Pour Blatter, la Coupe du monde au Qatar est une erreur
Des ouvriers morts
En dix ans, les chantiers pour le Mondial ont provoqué la mort de 6.500 ouvriers. Depuis l’attribution de l’évènement au Qatar en 2010, la construction des stades a été le terrain de nombreux décès inexpliqués.
Menée par Amnesty International, une enquête a révélé les conditions de travail extrêmes et dangereuses, auxquelles font face les travailleurs migrants, venus d’Asie et d’Afrique : chaleur assommante, horaires excessifs, déshydratation, travail forcé et salaires impayés. À cela s’ajoute le système de kafala, qui est une procédure de parrainage selon lequel le travailleur étranger remet son passeport à son tuteur et ne peut ni quitter le pays, ni changer de travail sans l’accord de ce dernier.
Autant d’éléments qui dénotent une violation massive des droits de l’Homme et du droit international du travail. Aux dernières nouvelles, Doha a rejeté les appels de plusieurs ONG à créer un fonds d’indemnisation pour les travailleurs migrants tués ou blessés, sur les chantiers de construction des infrastructures du tournoi. Selon le pouvoir qatari, il s’agit d’ »affirmations trompeuses », aux motivations « politiques » et « racistes ».
Quels stades accueilleront le Mondial ?
Un Mondial, c’est aussi toutes les infrastructures autour, à commencer par les stades. Il y en a huit, deux ont été rénovés et six ont été construits spécialement pour la compétition.
Stade Al Bayt : construit à 50 km au nord de Doha dans la ville d’Al Khor, le stade Al Bayt est considéré comme la merveille luxueuse de cette Coupe du monde. Il jouit d’un aspect extérieur magnifique, avec un style qui rappelle celui des tentes historiques de la région, utilisées par les habitants du désert. Cette enceinte, qui, accueillera la cérémonie d’ouverture et le premier match en plus de l’une des deux demi-finales, dispose d’une capacité d’accueil de 60.000 personnes.
Stade Lusail : Avec ses 80.000 places, Le Stade Lusail est aussi le plus impressionnant. Il accueillera le plus grand nombre de matchs (10 rencontres), dont la finale. Située à seulement 15 km de Doha, l’enceinte sera desservie par un métro direct depuis la capitale et sera donc facile d’accès. Son coût de construction est estimé à environ 700 millions d’euros.
Stade international Khalifa : c’est l’un des deux seuls stades qui existaient avant l’attribution de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Construite en 1976, cette arène emblématique du pays a été rénovée et rouverte en 2017. Elle peut accueillir un peu plus de 45.000 personnes. Le match de la 3? place y sera disputé.
Education City Stadium : c’est un autre stade construit par le Qatar. D’une capacité d’accueil de 40.000 places, il est situé sur le campus de la principale université du Qatar. A 7 km seulement de Doha, il accueillera des matches jusqu’aux quarts de finale de ce Mondial 2022.
Stade Ahmad bin Ali : appelée également Stade Al-Rayyan, cette enceinte offre une capacité de 40.740 personnes qui va lui permettre d’accueillir des matchs jusqu’à la phase des quarts de finale. Le stade est situé en bordure du désert. Il accueillera sept rencontres au total.
Lire aussi : Mondial 2022 : les dates et les stades de la compétition au Qatar
Stade Al-Thumama : lui aussi prévu pour recevoir jusqu’à 40.000 personnes, il est situé à 12 km du centre de Doha. Son design s’inspire du kufi, un couvre-feu-chef traditionnel en tissu porté par les hommes arabes. L’enceinte accueillera un des quatre quarts de finale.
Stade 974 : il se trouve au sud-est de la capitale et offre une capacité de 40.000 places. C’est l’un des trois plus petits stades de ce Mondial. Il a été construit à partir de nombreux conteneurs d’expédition, au nombre de 974, d’où son nom. Une méthode de construction qui permet non seulement d’économiser des coûts et du temps, mais aussi de tenir compte de la durabilité lors de la construction du stade de la Coupe du monde. Après le tournoi, le stade sera démantelé et pourra être réutilisé ailleurs.
Stade Al Janoub : c’est une œuvre architecturale unique en son genre qui se veut un hommage à la ville d’Al Wakrah, connue pour ses activités maritimes. Il est doté de plusieurs systèmes de refroidissement innovants capables d’atténuer les températures de la chaleur intense. Il est d’une capacité d’environ 40.000 spectateurs.
Un Mondial de riches pour les riches
Selon les estimations, cette Coupe du monde coûterait un total de 220 milliards de dollars, soit près de 19 fois la Coupe du monde 2018 en Russie (11,6 milliards de dollars). Ce montant comprend la construction de stades, la communication et d’autres infrastructures.
Enfin, le Qatar espère attirer 1,2 million de supporters, mais le pays semble incapable d’accueillir tous les fans qui voudraient venir assister aux matchs. Des milliers de personnes ont eu du mal à réserver un logement à un prix raisonnable, malgré la diversification de l’offre : hôtel, croisière, villa, appartement ou fan village.
Certains supporters européens et de certains pays asiatiques pensent à faire le voyager aller-retour le jour du match. C’est d’ailleurs la première fois depuis l’Uruguay en 1930 qu’un si petit pays abrite la Coupe du monde. Mais à l’époque, il n’y avait que 13 nations représentées et beaucoup moins de supporters.
Covid-19 : les clubs de football dans la tourmente
Mohamed Laabi - 27 mars 2020Renard s’en va, que reste-t-il ?
Saïd - 22 juillet 2019Maroc-Algérie : divisés par la politique, unis par le football
Nora Jaafar - 18 juillet 2019Coupe d’Afrique des Nations : Plus qu’un enjeux sportif
J.R.Y - 24 mai 2019Mondial 2022 : le pari réussi du Qatar, Messi aux anges et incroyable épopée du Maroc
Sport - L’Argentine a été sacrée championne de la Coupe du monde 2022 au terme d’une finale de folie, pleine de rebondissements.
Hajar Toufik - 19 décembre 2022