Conseil de la Concurrence : le marché des aliments composés fait face à un monopole
Conseil de la Concurrence © DR
L’avis du Conseil de la concurrence sur l’état de la concurrence sur le marché des aliments composés a révélé que le Maroc connaît une forte croissance depuis plusieurs années. Entre 2015 et 2023, la production nationale est passée de 2,5 millions de tonnes à 3,9 millions de tonnes, soit une hausse de 56 %. Cette augmentation est principalement due à la demande croissante des secteurs de l’aviculture et des ruminants. Les aliments pour volaille représentent à eux seuls plus de 76 % de la production totale, suivis par les aliments pour bovins, ovins et caprins. Cette évolution répond aux besoins des éleveurs, de plus en plus conscients de l’importance d’une nutrition animale adaptée pour améliorer la productivité et la qualité.
Malgré cette croissance, le Maroc reste fortement dépendant des importations pour la fabrication des aliments composés. Plus de 90 % des matières premières, telles que les céréales et les tourteaux d’oléagineux, sont importées des États-Unis, d’Amérique latine et d’autres régions. Cette dépendance expose le marché marocain aux fluctuations des prix internationaux, qui dépendent de facteurs tels que les conditions climatiques, les crises géopolitiques et la demande mondiale.
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Les répercussions de cette volatilité se font sentir tout au long de la chaîne de valeur. Les fabricants voient leurs coûts de production augmenter, ce qui les pousse à répercuter ces hausses sur les prix de vente. Cela affecte directement les éleveurs, notamment les petits producteurs, qui peinent à absorber ces augmentations. Finalement, les consommateurs subissent également les conséquences, avec une hausse des prix des produits animaux comme la viande, les œufs et le lait.
Les défis de la concurrence
Selon le Conseil de la concurrence, le marché marocain des aliments composés est marqué par une forte concentration. Seules huit entreprises contrôlent 75% du marché, tandis que deux grands groupes détiennent à eux seuls la moitié des parts de marché, malgré la présence de 48 entreprises opérant dans ce secteur.. Ces pratiques nuisent à l’équilibre du marché, limitent la compétitivité, et désavantagent les petits acteurs.
Ces dernières contrôlent une part importante du marché grâce à l’intégration verticale. Elles maîtrisent à la fois l’approvisionnement en matières premières, la production, et parfois même la distribution. Cette situation limite les opportunités pour les petits fabricants, qui ne peuvent rivaliser sur le plan des prix ou des volumes.
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Une autre forme de concurrence est soulignée par le document, elle concerne la relation entre les éleveurs et les fabricants d’aliments. Beaucoup d’éleveurs, notamment dans le secteur avicole, se retrouvent captifs de certains fournisseurs en raison de crédits ou d’accords exclusifs. Cette situation réduit leur liberté de choisir des alternatives moins coûteuses ou de meilleure qualité.
Le rapport souligne également que certaines entreprises exploitent des failles dans les contrôles de qualité pour vendre des produits de moindre qualité, parfois à des prix très bas. Cela constitue une concurrence déloyale envers les acteurs respectant les normes.
Ceci réduit les opportunités pour les petits acteurs et complique l’accès des éleveurs à des aliments de qualité à des prix compétitifs.
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Pour faire face à ces défis, le gouvernement marocain a mis en place plusieurs politiques publiques. Le Plan Maroc Vert, lancé en 2014, a introduit des subventions pour moderniser les installations des fabricants et encourager l’achat d’équipements modernes. En réponse aux conditions climatiques difficiles, comme la sécheresse, l’État a également distribué des aliments subventionnés aux éleveurs.
En 2023, une convention de 10 milliards de dirhams a été signée pour soutenir l’agriculture, dont 5 milliards alloués à la protection du capital animal. Ce programme inclut la subvention des aliments composés pour volailles, une première dans le pays. Malgré ces efforts, les subventions sont souvent insuffisantes pour répondre aux besoins du marché, notamment face à la volatilité des prix internationaux.
Recommandations du Conseil de la Concurrence
Tout d’abord, le Conseil de la concurrence recommande de diversifier l’approvisionnement en matières premières, notamment en développant la production locale de céréales et de tourteaux. Cela permettra de réduire la dépendance du Maroc aux fluctuations des prix internationaux. Il propose également de rechercher de nouvelles sources d’importation pour limiter les risques liés aux perturbations des marchés mondiaux.
Ensuite, il est important de moderniser les unités de production pour utiliser pleinement leur capacité. Le Conseil encourage aussi les fabricants à se diversifier en produisant des aliments pour de nouveaux segments, comme l’aquaculture ou les animaux de compagnie.
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La qualité des produits est une priorité. Le Conseil recommande de renforcer les contrôles réalisés par l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) pour s’assurer du respect des normes. Il invite aussi les industriels à mettre en place des systèmes d’autocontrôle pour garantir une meilleure traçabilité des aliments.
Pour soutenir les éleveurs, le Conseil propose de faciliter leur accès au financement, notamment pour les petits producteurs. Le modèle d’agrégation agricole est également encouragé pour structurer le secteur avicole.
Enfin, le Conseil recommande d’encourager les exportations des aliments composés et des produits transformés, notamment les viandes de volaille. Il souligne aussi l’importance d’investir dans la recherche et le développement pour introduire de nouvelles technologies et rendre le secteur plus innovant.
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