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Comment gérons-nous les intempéries ?

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Les récentes intempéries qui ont frappé le sud du Maroc ont montré les vulnérabilités persistantes des infrastructures face aux événements climatiques extrêmes. Ces tempêtes, qui ont causé des pertes humaines et des dégâts matériels considérables, soulèvent plusieurs questions sur la capacité du Royaume à anticiper et à gérer ces catastrophes naturelles.

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Alors que les changements climatiques intensifient la fréquence et la gravité des intempéries, la nécessité d’une approche plus résiliente en matière d’urbanisme, d’infrastructures et de prévention des risques devient de plus en plus urgente. Il apparaît que des solutions architecturales innovantes, une réhabilitation des infrastructures existantes, ainsi que des systèmes de surveillance et d’alerte renforcés, pourraient considérablement améliorer la réponse du pays à ces défis. Pour approfondir la question, nous avons interrogé Mohammed Hakim Belkadi, consultant architecte en écosystèmes urbains prédictifs et milieux interconnectés, ainsi qu’expert judiciaire.

Selon Hakim Belkadi, la gestion des intempéries dans le sud du Maroc montre des faiblesses importantes, surtout en ce qui concerne les infrastructures et la réponse d’urgence. «Malgré les efforts de modernisation de certaines routes et barrages, l’intensité croissante des précipitations, couplée à l’insuffisance des canaux de drainage, met à rude épreuve ces infrastructures», a-t-il affirmé, tout en expliquant que les routes, souvent fragiles dans les zones rurales, se dégradent rapidement et compliquent ainsi les opérations d’acheminement de l’aide et d’évacuation. Les systèmes d’alerte, quant à eux, ne sont pas toujours à la hauteur pour répondre efficacement aux catastrophes, ce qui accentue la vulnérabilité des populations locales.

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Renforcer les politiques de prévention des risques

Face à ces défis, Belkadi estime qu’il est indéniable que les politiques de prévention doivent être renforcées pour mieux anticiper ces catastrophes naturelles. «Les changements climatiques exacerbent la fréquence et l’intensité des intempéries, et les infrastructures actuelles ne sont pas toujours adaptées», indique le consultant architecte.

Il préconise l’adoption de stratégies proactives, telles que la cartographie des zones à risque, la réglementation stricte des constructions en zones inondables, et l’intégration de la résilience climatique dans les plans de développement. Selon lui, «l’éducation des populations locales à la gestion des risques est également essentielle pour rendre ces politiques efficaces».

Des solutions architecturales pour réduire les dommages

En ce qui concerne les solutions architecturales, Belkadi propose plusieurs approches innovantes pour limiter les dommages matériels et protéger les populations :

  • Conception de bâtiments sur pilotis, particulièrement adaptés aux zones inondables, afin de réduire les risques d’inondation des habitations.
  • Utilisation de matériaux résilients, tels que le béton drainant pour mieux absorber les eaux pluviales, ou des matériaux à haute résistance aux vents violents.
  • Toitures végétalisées et surfaces perméables, qui favorisent une meilleure gestion des eaux de pluie.
  • Modernisation des kasbahs traditionnelles, en intégrant des matériaux contemporains et des technologies avancées pour améliorer leur résilience climatique et leur efficacité énergétique, tout en préservant le patrimoine local.

La réhabilitation des infrastructures et l’importance des systèmes d’alerte rapide

La réhabilitation des infrastructures dans les régions touchées par les intempéries est une priorité urgente, selon Belkadi. L’usure des routes, des ponts et des systèmes de drainage fragilise l’ensemble du territoire, rendant les zones vulnérables aux catastrophes naturelles. Pour prévenir ces dégâts, il propose la rénovation des infrastructures avec des matériaux adaptés aux conditions climatiques extrêmes, ce qui permettrait de renforcer leur résilience face aux inondations récurrentes et aux tempêtes.

Parmi les solutions proposées, Belkadi insiste sur la mise à jour des systèmes de drainage pour limiter les inondations urbaines. Il suggère également la plantation dans les zones semi-arides, une mesure naturelle qui pourrait réduire l’impact des inondations tout en améliorant la résilience environnementale et socio-économique de ces régions. Ces interventions, en plus d’améliorer la gestion des ressources hydrologiques, constituent des solutions durables pour protéger les infrastructures et les populations.

En parallèle, Belkadi souligne l’importance des systèmes de surveillance et d’alerte rapide. Ces dispositifs sont essentiels pour anticiper les catastrophes naturelles et avertir les populations à temps des dangers imminents, permettant ainsi d’organiser les évacuations ou de prendre des mesures préventives. L’installation de capteurs hydrologiques et météorologiques dans les zones à risque, combinée à une transmission rapide des données en temps réel, permettrait aux autorités de réagir de manière plus efficace et ciblée.

Enfin, la sensibilisation et la formation des communautés locales sont des éléments clés pour assurer une réponse adéquate aux alertes. L’implication des populations dans la compréhension des systèmes d’alerte et des mesures à suivre en cas d’urgence renforcerait non seulement la sécurité des citoyens, mais permettrait également de réduire les pertes humaines et matérielles lors des catastrophes climatiques.

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Vers un urbanisme prédictif

Belkadi propose la création d’un Observatoire régional de l’urbanisme prédictif, qui jouerait un rôle clé dans la prévention des risques et la planification urbaine résiliente. Cet observatoire s’appuierait sur des données géologiques et climatiques en temps réel pour anticiper les risques futurs et guider les décisions en matière d’aménagement du territoire. «L’urbanisme prédictif permettrait d’anticiper les crises avant qu’elles ne surviennent, en donnant aux autorités les informations nécessaires pour agir rapidement et efficacement», conclut-il.

Ainsi, face aux défis posés par les intempéries dans le sud du Maroc, une approche combinant des solutions architecturales innovantes, une réhabilitation des infrastructures et une meilleure prévention des risques apparaît indispensable. L’intégration des technologies modernes et des pratiques ancestrales dans la gestion des ressources naturelles pourrait permettre au Maroc de mieux résister aux catastrophes naturelles à venir, tout en assurant un développement territorial durable.

Par ailleurs, Belkadi plaide pour l’intégration des best practices internationales en matière de gestion des catastrophes naturelles. Il cite des exemples comme les Pays-Bas, avec leurs digues flottantes et barrages intelligents, ou encore Singapour, qui a transformé ses canaux urbains en systèmes de gestion des eaux tout en améliorant la capacité de rétention des eaux pluviales. Il évoque également l’exemple du Japon, qui a mis en place un système sophistiqué de surveillance et d’alerte précoce intégré à un réseau national.

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