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CMRPI : 30% des enfants et des jeunes ont subi une cyberviolence

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Cybercriminalité © DR

Le coup d’envoi de la deuxième édition de la campagne nationale de prévention contre la cyberviolence et le cyberharcèlement a été donné, jeudi à Rabat, sous le thème « Signalez pour arrêter le cyberharcèlement à l’encontre des enfants et des jeunes ». Cette édition met l’accent sur l’importance du signalement comme mécanisme de lutte contre les cyberattaques à l’encontre des enfants et des jeunes. Elle vise notamment à inciter les victimes à dénoncer leurs agresseurs. Le point.

Protéger les enfants et les jeunes sur la Toile est l’objectif principal de la deuxième campagne nationale de prévention contre la cyberviolence et le cyberharcèlement lancée, ce jeudi 1er décembre à Rabat.

Organisée sous le slogan « Signalez pour arrêter le cyberharcèlement à l’encontre des enfants et des jeunes », cette campagne nationale est menée par le ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, et le Centre marocain de recherches polytechniques et d’innovation (CMRPI), en partenariat avec le Conseil de l’Europe (CdE).

Elle vise à rappeler la nécessité d’une collaboration renforcée de tous les acteurs de la société afin d’assurer une meilleure protection des enfants et des jeunes dans le monde numérique.

Lire aussi : Cybersécurité au Maroc : où en sommes-nous ?

30% des enfants et des jeunes ont subi une cyberviolence

Intervenant à cette occasion, le président du CMRPI, Youssef Bentaleb, a souligné que les statistiques confirment que les enfants et les jeunes marocains, comme c’est le cas partout dans le monde, souffrent encore, et parfois en silence, des inconvénients du numérique. Parmi ces inconvénients, il a cité notamment l’exploitation sexuelle en ligne, le cyberharcèlement, les propos de haine, la publication des données personnelles, l’exposition à des contenus choquants ou inappropriés et l’exploitation dans les jeux en ligne. Cela a suscité le lancement en 2021 de la Campagne nationale de prévention contre la cyberviolence et le cyberharcèlement.

Citant une étude analytique réalisée en 2020 par le CMRPI sur le comportement des enfants et des jeunes en ligne au Maroc, Bentaleb a relevé trois chiffres «alarmants». En effet, 30% des enfants et des jeunes ont subi une cyberviolence, seulement 25% des enfants ont recours à leurs parents ou à un adulte quand ils rencontrent des problèmes en ligne et seulement 1% ont recours à leurs professeurs.

Ces chiffres, a-t-il dit, sont inquiétants, bien que cela ne concerne qu’un échantillon de 1.200 enfants et jeunes Marocains à travers les régions du Royaume. Selon lui, les statistiques de cyberviolence à l’échelle mondiale confirment ce constat.

Et de poursuivre que cette campagne nationale capitalise sur les réalisations de l’édition précédente. Elle vient mettre l’accent sur le signalement et encourager les victimes à signaler et porter plainte aux autorités compétentes.

Lire aussi : Qualité de vie numérique : le Maroc classé 71e au monde et 3e en Afrique

Le Maroc a entrepris un ensemble de mesures législatives

Selon la secrétaire générale par intérim du ministère de la Transition numérique et de la Réforme de l’administration, Sarah Lamrani, le Maroc a entrepris un ensemble de mesures législatives, organisationnelles et de sensibilisation. Le but est de faire face aux dangers des cyberattaques et assurer la protection des données personnelles des particuliers.

Pour gagner le pari de la digitalisation, la stratégie de transformation numérique comprendra des procédures d’accompagnement pour augmenter la cyberconfiance, a-t-elle relevé. Ces procédures visent à mettre en place les conditions idoines pour gagner la confiance des citoyens et des entreprises dans l’économie numérique, ainsi que la protection des systèmes informatiques au Maroc.

En outre, Lamrani a souligné la nécessité de poursuivre le renforcement de l’arsenal juridique. Ceci sera par le biais de l’adéquation du système judiciaire actuel avec les nouveautés de la cybersécurité, de l’examen des moyens de légiférer en la matière et encourager la création d’instance dans le domaine de lutte contre la cyberviolence et le cyberharcèlement.

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Le monde numérique traite les enfants comme des adultes

Pour sa part, la cheffe du bureau du CdE au Maroc, Carmen Morte Gomez, a fait observer que le monde numérique ne fait pas souvent de différence entre les utilisateurs. Il traite donc les enfants comme des adultes.

Le CdE veut garantir aux enfants le droit à la vie privée sur Internet, a-t-elle indiqué. Elle a ensuite rappelé que le Maroc a adhéré en 2019 à la Convention 108 et à son protocole additionnel (Convention du Conseil de l’Europe pour la protection des personnes à l’égard du traitement automatisé des données à caractère personnel).

De plus, elle a rappelé que le CdE appuie depuis trois ans le projet Espace Maroc Cyberconfiance avec le CMRPI et d’autres partenaires institutionnels, ainsi que des ONG, afin de protéger les enfants dans le monde numérique.

Par ailleurs, la responsable a relevé qu’environ 50 enseignants ont été formés au traitement des situations de cyberharcèlement et d’harcèlement dans le milieu scolaire, et ce, grâce au projet pilote lancé en février dernier à l’occasion du « Safe Internet day ».

Lire aussi : Cybercriminalité : signature du 2e protocole additionnel à la Convention de Budapest

Notons enfin que plusieurs actions de sensibilisation et de formation seront organisées durant cette campagne. Il s’agit notamment de la première édition du Forum des jeunes (EMC-Youth) pour écouter leurs propositions et leurs attentes vis-à-vis de la thématique. S’y ajoutent plusieurs activités de sensibilisation du grand public sur la prise en charge des enfants et des jeunes victimes de cyberharcèlement et cyberviolence, outre des tables rondes et des sessions de sensibilisation dans les écoles et un atelier de formation des professionnels et de la société civile sur les signalements.

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