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Le Rapport sur le climat et le développement du Maroc (CCDR), présenté jeudi à Rabat, est le fruit d’un travail de fond réalisé par une équipe d’experts du Groupe de la Banque mondiale (GBM). Il offre une analyse diagnostique de fond qui intègre à la fois les enjeux du changement climatique et ceux du développement. C’est d’ailleurs le premier exercice du genre pour un pays de la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA). Piloté par Carole Megevand, leader de secteur Développement durable pour les pays du Maghreb, ce précieux document a été présenté lors de la visite au Maroc d’Axel van Trotsenburg, directeur général des Opérations de la Banque mondiale.
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Constat alarmant
L’heure est grave. La sécheresse qui frappe le Maroc a poussé les experts du GBM à faire des projections effrayantes. Le rapport indique par exemple qu’une diminution de 25% de la disponibilité en eau dans tous les secteurs de l’économie, conjuguée à une baisse des rendements agricoles due aux dérèglements du climat, pourrait réduire le PIB de 6,5%. Cette réduction entrainerait une récession continue du Royaume. Le stress hydrique pourrait pousser 1,9 million de Marocains à quitter le monde rural pour s’installer dans les villes. Le rapport recommande donc, en plus des investissements dans les infrastructures hydrauliques, des réformes dans le secteur de l’eau et le changement de comportement chez les consommateurs.
Mais il n’y a pas que ça. Le Maroc est aussi sujet aux inondations : «20 évènements majeurs ont ainsi été enregistrés au cours des deux dernières décennies, avec des pertes directes moyennes estimées à 450 millions de dollars par an et des effets qui ont touché plus durement les ménages vulnérables». On retient également que l’élévation du niveau de la mer aggrave les inondations dans les zones côtières, qui abritent plus de 65% de la population et concentrent 90% de l’industrie.
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Liste des priorités
Tout en saluant les efforts du Royaume pour un avenir sobre en carbone, Axel van Trotsenburg a souligné que ce rapport «met en évidence les axes prioritaires à mettre en œuvre pour mieux gérer l’eau et les autres ressources et décarboner l’économie de manière à servir en même temps les objectifs climatiques et ceux du développement». Des actions urgentes sont à réaliser afin d’en tirer les bénéfices, en permettant de créer de nouveaux emplois, de redynamiser les zones rurales et de transformer le pays en un pôle industriel « vert » tout en l’aidant à atteindre plus largement ses objectifs de développement.
Le rapport identifie trois enjeux prioritaires en soutien à une action climatique urgente : lutter contre la pénurie d’eau et les sécheresses, améliorer la résilience aux inondations, et décarboner l’économie.
Une enveloppe conséquente
Pour ce faire, il faut d’abord mobiliser 78 milliards de dollars en valeur actuelle le montant total des investissements nécessaires. Cette enveloppe est à allouer progressivement pour que notre pays devienne résilient et décarboné d’ici 2050. Ce montant peut paraître astronomique puisqu’on parle de 75% du PIB, mais les experts du GBM assurent que la rentabilité de ces investissements est considérable. Il fera «du Maroc un environnement attractif pour les investissements étrangers directs et un centre d’exportations, en plus de stimuler la croissance économique». Selon Carole Megevand, «le plus gros de ces investissements ira dans la décarbonation de l’économie, à hauteur de 53 milliards de DH, avec une massification dans les décennies 2030 et 2040. Et ces investissements doivent être couverts à hauteur de 85% par le secteur privé».
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Le Maroc doit transformer ces crises liées au climat en opportunités. La décarbonation pourrait permettre au Maroc de devenir un exportateur net d’énergie verte et d’hydrogène vert et de faire du Royaume un pôle d’investissements et d’exportations industriels verts. Mais pour gagner, il faut investir. Les experts du GBM estiment que les besoins d’investissement en matière d’atténuation et d’adaptation nécessiteraient environ 23,3 milliards de dollars d’ici 2030 (dont les deux tiers consacrés à l’adaptation), 25 milliards de dollars entre 2031 et 2040, et 29,5 milliards de dollars entre 2041 et 2050. Cet argent, il faudra bien le trouver si notre pays ne veut pas rater le coche.
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