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Pas de doute, 2022 restera dans les annales. La Direction générale de la météorologie (DGM) a dressé le bilan de l’année écoulée et le constat est sans appel. Un vieux record est tombé puisque c’était l’année la plus chaude jamais enregistrée au Maroc depuis plus de 40 ans.
2022 s’inscrit dans la lignée des quatre années consécutives les plus sèches depuis les années 60, alors que la saison agricole 2021-2022 (saison hydrologique) se classe au premier rang des saisons les plus sèches depuis 1981, avec un déficit pluviométrique national record de -46%.
Approché par LeBrief pour commenter ce rapport, l’expert en météorologie, Mohamed Bellouchi, affirme que l’équilibre climatique naturel est désormais modifié. «C’est une réalité et ce rapport ne fait que dresser les effets prévisibles du changement climatique qui entraîne des bouleversements en chaîne et des perturbations qui ont des conséquences sur tous les secteurs, notamment celui de l’agriculture», indique-t-il.
Celui que l’on surnomme Monsieur Météo du Maroc n’a pas manqué d’alerter sur les effets néfastes du réchauffement déjà observables sur les écosystèmes et les sociétés humaines du monde entier. «C’est pourquoi il convient de se mobiliser et d’agir. Tout le monde est concerné pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre, mais aussi pour s’adapter aux changements déjà engagés», a-t-il ajouté, soulignant que «la prise de conscience de l’enjeu climatique progresse au Maroc et devient de plus en plus tangible au quotidien».
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Record de chaleur confirmé
Sans surprise, l’année qui vient de s’écouler est de très loin la plus chaude jamais enregistrée au Maroc depuis 40 ans. Il a fait en moyenne 26°C sur l’ensemble du pays. Un grand bon et le Royaume poursuit sur la tendance du réchauffement car les trois années précédentes ont été supérieures à la normale (19°C). Le rapport précise d’ailleurs que les températures moyennes annuelles au niveau national en 2022, 2020 et 2017 étaient, respectivement, de 20,36°C, 20,1°C et 20,06°C.
Le bilan avance également que l’anomalie de la température moyenne annuelle de l’an 2022 est d’environ 1,63°C au niveau national par rapport à la normale climatologique calculée sur la période 1981- 2010. Il s’agit en effet de l’anomalie la plus élevée depuis 1981, suivie par 1,37°C enregistrée en 2020 et 1,33°C enregistrée en 2017.
L’année 2022 a été jalonnée par de nombreux épisodes et vagues de chaleur. À l’exception du mois de mars, tous les mois ont été plus chauds que la normale, avec des records atteints en juillet, octobre, novembre et décembre. En fin de compte, le pays a connu 288 jours anormalement chauds, soit 80% des jours de l’année.
Pour le climatologue Mohamed-Saïd Karrouk, il s’agit d’une année exceptionnelle pour plusieurs raisons, non seulement pour l’augmentation de la température qui est planétaire et qui est la conséquence directe du déséquilibre que présente le bilan énergétique de la terre, qui est, explique-t-il, excédentaire depuis un moment.
«C’est une réalité et les températures devraient augmenter encore plus, selon les observations dont nous disposons. Puisque le bilan énergétique de la Terre ne s’est pas stabilisé par rapport ce qu’il était, il faut s’attendre à plus de chaleur», indique l’expert et d’ajouter : «Quand on observe l’activité humaine, on se rend compte que les rejets de gaz à effet de serre anthropiques n’ont pas cessé d’augmenter et par conséquent la température sera de plus en plus élevée ce qui va entraîner une évaporation plus importante de l’eau».
Ce record du Maroc n’est pas une exception en 2022. À l’échelle mondiale, de nombreux autres pays ont aussi enregistré leur année la plus chaude. Ce fut le cas de l’Espagne (année la plus chaude depuis 1916), de la France (année la plus chaude depuis 1947), de l’Allemagne (année la plus chaude depuis 1881), de l’Irlande (année la plus chaude depuis 1900), ou encore de la Belgique (année la plus chaude ex aequo avec 2020, depuis 1833).
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Déficit en pluviométrie et année noire pour l’agriculture
L’année dernière a aussi été l’une des plus sèches avec un important déficit de pluviométrie de 27% par rapport à sa normale, ce qui la classe au 12e rang. D’ailleurs, les quatre dernières années (2019-2022) sont les moins arrosés, affichant un déficit moyen d’environ -32% qui reste le plus important depuis 1981, devant les -22% des quatre années consécutives (de 1998 à 2001).
D’après les données, ce manque de précipitations a marqué l’ensemble des mois de l’année, hormis le mois de mars et le mois de décembre et selon la DGM, le Maroc a connu un excédent pluviométrique durant le mois de mars, dépassant les 100% sur le nord-ouest du Royaume et les côtes atlantiques centre entre Agadir et Tiznit.
Les effets du changement climatiques sont donc de plus en plus manifestes, entraînant sécheresse et pénuries d’eau, même en plein hiver. D’ailleurs, le rapport souligne que 2022 a été une année noire pour l’agriculture, étant donné que la campagne 2021-2022 est la première sur le podium des années sèches durant au moins les 40 dernières années.
Elle a été marquée par une sècheresse extrême, accompagnée d’une hausse exceptionnelle de températures, spécialement sur les phases critiques du cycle céréalier. Elle s’est distinguée par le retard des premières pluies significatives d’automne qui n’ont commencé que vers la troisième décade de novembre. Les apports de ces pluies n’ont pas suffi pour contrebalancer la sècheresse prolongée qui a sévi du début décembre jusqu’à la troisième décade de février et il fallait attendre mars qui fût le mois le plus pluvieux de cette campagne agricole.
Sur ce volet, Mohamed-Saïd Karrouk estime que la sécheresse en 2022 est de caractère exceptionnel. «Nous avons tous que ce phénomène s’est installé depuis 2018, mais l’eau était disponible jusqu’à fin 2021, dont le bilan de l’activité agricole s’est avéré positif avec un PIB agricole qui a atteint plus de 17%. En 2022, l’eau n’était plus disponible pour des raisons naturelles d’une part et humaines d’autres part», précise-t-il.
Dans son bilan, la DGM recense aussi les incendies de forêt qui ont été parmi les plus ravageuses depuis une décennie. Les statistiques révèlent qu’environ 23 000 hectares de superficies forestières situées dans diverses régions du Royaume ont été rongés par les feux, sans compter le bilan matériel et humain particulièrement lourd et sans précèdent.
Par ailleurs, ledit rapport souligne que 25 évènements météorologiques extrêmes ont fait l’objet de bulletins météorologiques d’alerte. La grande des alertes revient au phénomène relatif aux fortes averses orageuses avec 44%, suivi de vagues de chaleur (20%), chutes de neige (20%) et enfin vents forts (16%).
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