Accueil / Société

Cherté de vie : le citoyen marocain mis à rude épreuve

Temps de lecture

Derb Ghallaf à Casablanca © DR

Depuis plusieurs mois, les ménages marocains font face à une hausse sans précédent des prix des produits alimentaires. Cette situation résulte de l’impact de la sécheresse, mais aussi des effets économiques de la Covid-19 et de la guerre en Ukraine. Compte tenu de la détérioration du pouvoir d’achat des Marocains, le Parti du progrès et du Socialisme (PPS) a, de son côté, adressé une lettre ouverte à Aziz Akhannouch, chef de l’exécutif. Le parti met en garde contre une montée de l’exaspération et de la tension populaire qui menacent la paix sociale.

Confrontés depuis quelques mois à des tensions inflationnistes quasi-structurelles, les ménages sont mis en difficulté par la cherté de la vie. Au 12e jour de Ramadan, certains continuent même d’appréhender l’idée de ne pas pouvoir subvenir aux dépenses liées à cette période synonyme de copiosité et de plaisirs gustatifs.

Sur les étals des grandes surfaces comme dans les souks et les marchés, les prix des denrées alimentaires connaissent des fluctuations. Parmi les produits alimentaires ayant connu une hausse et qui sont très convoités par les ménages pour compléter leurs tables de ftour, on trouve les poissons et les fruits de mer. Pour les sardines, les tarifs oscillent entre 15 et 20 DH/kg, tandis que pour les crevettes, il faut débourser jusqu’à 100 DH/kg.

Quant aux viandes rouges, les prix de vente au détail dans la plupart des marchés sont entre 80 et 100 DH/kg. Très prisés pendant ce mois sacré, les œufs coûtent aussi plus cher et leur prix peut aller jusqu’à 1,40 DH l’unité. S’agissant des légumes, le kilogramme des tomates se vend actuellement à 6 DH au lieu de 10 DH il y a quelques jours, et celui des oignons est à 15 DH.

Mobilisation pour atténuer la courbe haussière des prix

La Commission interministérielle de haut niveau chargée de la veille de l’état d’approvisionnement des marchés nationaux, avait tenu, jeudi 30 mars au siège du ministère de l’Intérieur à Rabat, sa seconde réunion sur le suivi des prix des denrées alimentaires de base, ainsi que l’encadrement et le renforcement des interventions des services de contrôle. Ont pris part à cette réunion les ministres de l’Intérieur, de l’Économie et des Finances, de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et forêts, de l’Industrie et du Commerce et de la Transition énergétique et du Développement durable.

C’était l’occasion d’examiner «les moyens ainsi que les solutions innovantes susceptibles de parer à la flambée des prix des denrées alimentaires dans l’objectif de conserver le pouvoir d’achat des citoyens». C’est ce qu’a affirmé le ministre de l’Industrie et du Commerce, Ryad Mezzour, soulignant que les prix de certains produits commencent déjà à baisser comme c’est le cas de la tomate.

Pour sa part, le ministre de l’Agriculture, Mohamed Sadiki, a expliqué la hausse des prix de certains produits alimentaires par, entre autres, le coût élevé de la production ainsi que les aléas climatiques. Il a prédit une baisse des prix lors de ce printemps avec la récolte abondante de certains légumes comme la tomate et les pommes de terre.

De son côté, la ministre de l’Économie et des Finances, Nadia Fettah Alaoui, a assuré que les produits généralement très consommés au mois de Ramadan sont en quantité suffisante dans les marchés nationaux. Et de noter que le volume de la production prévu dans les prochains jours aura certainement une incidence positive sur les prix.

Lire aussi : Inflation : au-delà des chiffres, quel remède ?

Le PPS adresse une lettre ouverte à Aziz Akhannouch

Le bureau politique du Parti du progrès et du socialisme (PPS) a tenu une réunion extraordinaire, le jeudi 30 mars, consacrée à l’examen de la question de la flambée des prix et la détérioration du pouvoir d’achat des Marocains. Il a ainsi décidé d’adresser une lettre ouverte au chef du gouvernement.

Dans son texte, le parti «note avec une grande inquiétude la légèreté qui caractérise la gestion, indifférente et irresponsable, par votre gouvernement de la flambée exorbitante et insupportable des prix des produits alimentaires et de consommation, provoquant ainsi une montée de l’exaspération et de la tension populaire et menaçant la paix sociale».

En outre, le parti de centre gauche «condamne le silence et l’inaction de votre gouvernement face à cette situation qui affecte toutes les catégories sociales, et en particulier les personnes à revenu modeste, les couches nécessiteuses et vulnérables et les classes moyennes». Il attire également l’attention «sur les dépits répétitifs des Marocaines et des Marocains devant les assurances verbales et les expressions de satisfaction du gouvernement, démenties par la réalité, ainsi que par les publications de Bank Al-Maghrib, du Conseil économique, social et environnemental et du Haut-Commissariat au plan, qui attirent l’attention sur la gravité de la situation et l’élargissement de la pauvreté».

Par ailleurs, le bureau appelle le gouvernement à «assumer pleinement ses responsabilités face à la situation sociale préoccupante et à abandonner complètement la rhétorique de la justification de la situation par les fluctuations internationales, les conditions climatiques et les arguments fallacieux de l’héritage des gouvernements précédents au sein desquels votre parti a été une composante essentielle, en assumant les portefeuilles des plus importants secteurs financiers, économiques et productifs».

Lire aussi :  Ramadan : le florissant business du mois sacré

Bientôt une réunion de la majorité

Pour discuter du contexte inflationniste actuel, le chef du gouvernement et président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Aziz Akhannouch, a décidé de réunir prochainement les chefs de file de la majorité (RNI, PAM, Istiqlal).

Dans un communiqué, le bureau politique du RNI indique qu’il a été informé «de la décision prise par les partis de la majorité de réunir ses composantes dans les prochains jours pour examiner les derniers développements de la situation nationale».

En réaction à la lettre ouverte du PPS, le bureau politique du RNI a jugé que cette initiative «sort de la pratique démocratique habituelle». En effet, le parti de la Colombe insiste sur le fait qu’il aurait été préférable au PPS, en vertu de l’article 100 de la Constitution, «d’interpeller le chef du gouvernement par des voies constitutionnelles telles que la séance mensuelle à laquelle il participe pour répondre à des questions consacrées à la politique générale du gouvernement».

Ainsi, le PPS a «choisi d’interpeller, en sa qualité de parti politique, une institution constitutionnelle, en l’occurrence le gouvernement, pour rappeler des promesses électorales» faites lors des élections de septembre 2021, selon la RNI.

Pour l’heure, dans l’attente d’une baisse des prix, les consommateurs se serrent la ceinture et privilégient la parcimonie à l’opulence habituelle des ftours, en optant pour des recettes moins onéreuses à base d’ingrédients abordables.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Saigner pour guérir

Dossier - Rien qu’un rasoir, une pipette et un seau ne peuvent guérir. Car la saignée est réputée pour être «miraculeuse».

Atika Ratim - 14 décembre 2024

Deux soldats des FAR périssent dans l’explosion d’une mine

Société - Une mine antichar a explosé, causant la mort de deux soldats des Forces armées royales (FAR) et blessant grièvement un troisième.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Caravane médicale : coopération sud-sud renforcée entre le Maroc et le Sénégal

Afrique, Société, Société - La deuxième édition de la caravane médicale humanitaire multidisciplinaire a été lancée jeudi à Diass, à 40 km de Dakar.

Farah Nadifi - 13 décembre 2024

Protection sociale : 15 millions de Marocains couverts

Société - Mustapha Baitas a annoncé que 3.769.000 travailleurs indépendants sont désormais inscrits au régime de couverture médicale.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

LF 2025 : exonération totale des pensions pour 164.000 retraités

Société - Le gouvernement franchit une étape importante avec l’exonération des pensions et des rentes viagères des retraités prévue par la loi de finances 2025.

Ilyasse Rhamir - 13 décembre 2024

Le Maroc, modèle régional des droits de l’Homme

Société - Lors de la Journée internationale des droits de l’Homme, Abdellatif Ouahbi, a souligné l’engagement du Maroc dans la promotion des droits fondamentaux.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Salé : une tentative de trafic de près de 5.000 comprimés psychotropes avortée

Société - La DGST a réussi à déjouer une importante tentative de trafic de substances psychotropes, mercredi après-midi.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024

Saisie record : 3,6 tonnes de drogue interceptées à Casablanca

Société - Les forces de l’ordre marocaines, en coopération avec les services douaniers, ont mis en échec une tentative de trafic de drogue au port de Casablanca.

Ilyasse Rhamir - 12 décembre 2024
Voir plus

Solitude urbaine : l’invisible poids des villes

Dossier - La solitude urbaine au Maroc n’est pas qu’une anecdote, elle est le reflet d’une fracture sociale, d’une urgence humaine.

Sabrina El Faiz - 16 novembre 2024

Immigration en Italie : les Marocains en 3e position

Société - Avec 342.469 ressortissants en 2023, les Marocains représentent 7,8% de la population étrangère en Italie.

Farah Nadifi - 3 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire