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Situé sur la rive sud du Bouregreg, à quelques kilomètres à peine du centre de Rabat, le site historique du Chellah est l’un des joyaux culturels et historiques les plus précieux du Maroc. Ce lieu enchanteur, qui s’étend sur environ 10 hectares, est une véritable capsule temporelle, offrant aux visiteurs un voyage fascinant à travers plusieurs millénaires d’histoire.
Pour s’y rendre, rien de plus simple. À partir de la gare de Rabat Ville, il suffit de prendre tout de suite à droite et de marcher quelques minutes, tout droit. Nul doute que vous ne raterez pas le Chellah, de par sa beauté et sa grandeur.
Les Phéniciens et les Romains
Le Chellah a des origines qui remontent à l’époque phénicienne, vers le IIIe siècle avant notre ère. Les Phéniciens, ces navigateurs et commerçants aguerris, ont établi un comptoir commercial dans cette région stratégique, attirés par la richesse de la vallée du Bouregreg. Toutefois, ce sont les Romains qui ont véritablement marqué l’Histoire ancienne du Chellah.
Sous le nom de Sala Colonia, la ville romaine a prospéré au Iᵉʳ siècle après Jésus-Christ. Elle est devenue un centre commercial florissant grâce à son port naturel. Les ruines romaines sont d’ailleurs encore visibles aujourd’hui. Elles comprennent des vestiges de forums, de temples, de thermes et d’un decumanus (voie principale), offrant un aperçu précieux de la vie quotidienne dans une ville romaine d’Afrique du Nord.
Sala Colonia était une ancienne ville romaine située dans la province de Maurétanie Tingitane, (pas Mauritanie, l’erreur s’avère fréquente), aujourd’hui au Maroc. Établie sur l’emplacement d’un ancien comptoir phénicien, cette cité se trouvait sur la rive sud de l’embouchure du Bouregreg. Au fil du temps, Sala Colonia a évolué d’une cité pérégrine à un municipe, puis à une colonie romaine (municipe : statut possible pour une cité du monde romain antique. À la différence, en théorie, du statut de colonie, le municipe succède à une communauté pérégrine).
Les vestiges de Sala Colonia sont aujourd’hui intégrés au site archéologique du Chellah, qui fait partie de la ville contemporaine de Rabat. Bien que les Européens connaissaient l’existence de ces ruines depuis le XVIIIe siècle, l’accès au site était interdit aux non-musulmans en raison de la proximité immédiate de la nécropole mérinide. Ce n’est qu’en 1929 que les premières fouilles archéologiques ont été entreprises.
Les cités musulmanes de Rabat et Salé, fondées ultérieurement, ne se sont pas élevées au même endroit que Sala Colonia. Rabat s’est développée en aval, sur la même rive sud du Bouregreg, tandis que Salé s’est établie en aval également, mais sur la rive opposée du fleuve.
L’époque médiévale : les Mérinides et la nécropole royale
C’est durant la période mérinide, au XIIIe siècle, que le Chellah a acquis une nouvelle dimension. Les Mérinides, dynastie berbère ayant régné sur le Maroc, ont transformé le site en nécropole royale et en complexe religieux. Ils ont érigé des murailles imposantes, dont certaines parties subsistent encore, et ont construit une série de monuments funéraires, de mosquées et de medersas (écoles religieuses).
Le sultan Abou al-Hassan Ali ben Othmane (qui a régné de 1331 à 1351-1348 selon certaines sources) est particulièrement associé au développement du Chellah. Son règne a vu l’édification de la principale mosquée et de la nécropole dans laquelle reposent plusieurs membres de la famille royale. Les ruines de ces édifices sont encore visibles, et leurs décors raffinés, avec des zelliges (mosaïques de céramique) et des stucs finement sculptés, témoignent de l’excellence artistique mérinide.
Après la chute des Mérinides, le Chellah a progressivement été abandonné. Au XVIe siècle, le site était presque entièrement déserté, ses structures tombant en ruine. La nature a repris ses droits, transformant le Chellah en une oasis de verdure, peuplée d’une faune variée, notamment de cigognes qui y nichent encore aujourd’hui.
Ce n’est qu’au début du XXe siècle que le Chellah a été redécouvert par des archéologues européens. Des fouilles ont permis de mettre au jour de nombreux vestiges romains et mérinides, révélant l’importance historique du site. Depuis lors, le Chellah a été préservé et est devenu une destination touristique prisée.
Le Chellah aujourd’hui
Actuellement, le Chellah est bien plus qu’un simple site archéologique. Classé monument historique depuis 1920 et inscrit au patrimoine mondial de l’UNESCO en 2012, le site archéologique est un lieu de paix et de méditation, où les visiteurs peuvent se promener parmi les ruines, entourés de jardins luxuriants et de bassins remplis de poissons et de grenouilles. Les cigognes, symboles de fertilité et de bonne fortune, continuent de nicher sur les anciennes structures, ajoutant une touche de vie à ce site historique. Un véritable petit paradis sur terre.
Lire aussi : Rabat : le Chellah rouvert au public après sa restauration
Le Chellah accueille également des événements culturels, notamment le festival Jazz au Chellah, qui réunit des musiciens du monde entier dans un cadre unique. Ces manifestations renforcent le rôle du Chellah en tant que pont entre le passé et le présent, célébrant la richesse culturelle du Maroc tout en rendant hommage à son patrimoine historique.
Malgré son importance, le Chellah fait face à des défis de conservation. Les ruines sont vulnérables à l’érosion naturelle et aux fluctuations climatiques. Des efforts de restauration sont régulièrement entrepris pour préserver ce trésor historique. Le gouvernement marocain, en collaboration avec des organisations internationales, œuvre à la protection du site, tout en sensibilisant le public à son importance patrimoniale.
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