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Centrale nucléaire de Zaporijjia : le Conseil de sécurité de l’ONU réuni en urgence, Guterres craint une «catastrophe»

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À gauche, une mère de famille et à droite une épouse, tiennent les portraits de leurs soldats faits prisonniers, depuis la fin du mois de février, par l’armée russe à Vylkove, dans l’oblast d’Odessa, le 4 août 2022. © Adrien VAUTIER / Le pictorium pour Le Monde

Dans son dernier bulletin d’information quotidien, le ministère de la Défense britannique affirme qu’«il est très peu probable que la Russie soit en mesure de répondre à certaines commandes d’exportation de véhicules blindés de combat en raison de la demande exceptionnelle de véhicules pour les forces russes en Ukraine et de l’effet croissant des sanctions occidentales». Londres précise que la Russie a «longtemps considéré l’industrie de la défense comme l’un de ses principaux succès à l’exportation», et souligne que «sa capacité industrielle militaire est aujourd’hui mise à rude épreuve, et la crédibilité de nombre de ses systèmes d’armes a été minée par leur association avec les mauvaises performances des forces russes dans la guerre en Ukraine».

Les bombardements se poursuivent dans le Donbass et dans la région de Dnipro. À Nikopol, à une centaine de kilomètres de la centrale de Zaporijjia, qui se trouve de l’autre côté du fleuve Dnipro, le gouverneur Valentyn Reznitchenko fait état de trois morts et neuf blessés dans des bombardements russes, survenus dans la nuit de mercredi 10 à jeudi 11 août, avec des lance-roquettes multiples Grad. Dans le Donbass, le chef de l’administration militaire de la région de Donetsk, Pavlo Kyrylenko, a également annoncé que onze civils avaient été tués lors des dernières vingt-quatre heures : six à Bakhmout, trois à Soledar, un à Krasnohorivka et un à Avdiïvka. Les forces russes, qui pilonnent sans cesse la ville de Soledar, tentent d’en chasser l’armée ukrainienne afin d’avancer vers la ville voisine, plus grande, de Bakhmout.

Ce jeudi, cinq frappes ont été enregistrées «dans la zone du bureau de commandement de la station, juste à côté d’un dépôt de substances radioactives» dans la centrale nucléaire de Zaporijjia, a fait savoir la compagnie d’État ukrainienne Energoatom. Cinq frappes supplémentaires ont ensuite touché la «zone des pompiers, située non loin» de la centrale. En raison de ces nouvelles frappes, la rotation des équipes n’a pas pu avoir lieu, a ajouté Energoatom. Toutefois, «la situation est actuellement sous contrôle», a poursuivi la compagnie, précisant que les taux de radiation, à 17 heures, «correspondaient aux normes».

Ces bombardements surviennent à quelques minutes de la réunion d’urgence du Conseil de sécurité de l’ONU qui place la centrale nucléaire de Zaporijjia au cœur des inquiétudes. Le secrétaire général de l’ONU a mis en garde contre un risque de «catastrophe» à la centrale de Zaporijjia, quelques heures avant ladite réunion. «Malheureusement, au lieu d’une désescalade, des incidents encore plus inquiétants ont été rapportés ces derniers jours, incidents qui, s’ils se poursuivent, pourraient conduire à une catastrophe», a déclaré Antonio Guterres dans un communiqué, se disant «profondément préoccupé par la situation dans et autour de la centrale». «Il faut être clair, tout dommage subi par Zaporijia ou tout autre site nucléaire en Ukraine, ou n’importe où ailleurs, pourrait provoquer des conséquences catastrophiques non seulement aux alentours, mais pour la région et au-delà. C’est totalement inacceptable», a-t-il insisté.

Les troupes russes occupent la plus grande centrale d’Europe, que Kiev et Moscou s’accusent mutuellement d’avoir ciblée. Des bombardements ont causé la mort d’au moins quatorze personnes dans la nuit de mardi à mercredi dans le centre de l’Ukraine, près de la centrale nucléaire. Le G7 accusait mercredi Moscou de «mettre en danger» la région autour de Zaporijia et exigeait hier que la Russie «rende immédiatement» le contrôle de la centrale à l’Ukraine.

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a déclaré dans un communiqué que son directeur général, Rafael Grossi, informerait le Conseil de sécurité «de la situation en matière de sûreté et de sécurité nucléaires» à la centrale, ainsi que de ses «efforts pour convenir d’une mission d’experts de l’AIEA sur le site dès que possible». Le patron de l’agence a qualifié la situation du complexe d’«extrêmement grave». L’AIEA a également déclaré que son rapport détaillerait la manière dont les bombardements sur le site la semaine dernière «ont violé pratiquement tous les sept piliers indispensables de la sûreté et de la sécurité nucléaires» que Grossi avait décrits au début du conflit.

Par ailleurs, le premier ministre ukrainien, Denys Chmyhal, a annoncé que Kiev a obtenu de la part de ses créanciers internationaux un moratoire de deux ans sur sa dette extérieure, évaluée à 20 milliards de dollars. «Les investisseurs dans la dette extérieure de l’Ukraine ont accepté de reporter les paiements jusqu’en 2024. Cela permet à l’Ukraine de maintenir la stabilité macrofinancière et de renforcer la viabilité économique», s’est-il félicité. «Nous sommes reconnaissants aux investisseurs d’avoir accepté notre proposition. Grâce à la solidarité avec l’Ukraine manifestée par la communauté des investisseurs privés et le secteur public officiel, nous serons en mesure de répondre aux besoins de la population ukrainienne», a de son côté abondé le ministre des Finances, Sergii Marchenko, cité dans un communiqué.

Un groupe de créanciers occidentaux, dont la France, les États-Unis, l’Allemagne, le Japon et le Royaume-Uni, avaient donné le 20 juillet leur accord à un report de paiement d’intérêts sur la dette ukrainienne après une requête de Kiev, exhortant les autres détenteurs d’obligations à faire de même. D’après les calculs de l’agence Bloomberg, les mesures de report du paiement des échéances de l’Ukraine sur ses obligations pourraient lui permettre d’économiser au moins 3 milliards de dollars sur deux ans. L’économie ukrainienne s’est effondrée depuis le début de la guerre avec la Russie lancée le 24 février et pourrait voir son PIB plonger de 45 % cette année, selon les dernières estimations de la Banque mondiale.

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