Accueil / Économie

Ce qu’il faut retenir du rapport annuel de Bank Al-Maghrib

Temps de lecture

Abdellatif Jouahri, Gouverneur de Bank Al Maghrib © DR

Le rapport annuel de Bank Al-Maghrib de 2021 a été présenté, samedi 30 juillet, devant le roi Mohammed VI. Comme les rapports précédents, il traite de la situation économique, monétaire et financière du pays. L’occasion également de mettre en lumière les principales actions menées par la Banque centrale, tout en recensant une série de priorités à engager pour faire face aux tensions et incertitudes auxquelles est confrontée l’économie nationale. Détails.

Durant l’année 2021, l’économie marocaine a connu une croissance exceptionnelle de 7,9%, soit la plus forte depuis 1997. Plusieurs facteurs expliquent cette performance, notamment la campagne de vaccination contre la Covid-19, le programme de relance économique, le maintien des stimulus monétaire et budgétaire ainsi que les conditions climatiques favorables.

Ce rebond a d’ailleurs engendré une nette hausse des recettes fiscales, contribuant ainsi à réduire le déficit budgétaire à 5,9% du produit intérieur brut (PIB). Pour sa part, l’inflation est ressortie à 1,4% au lieu de 0,7% en 2020 et 0,2% en 2019.

Lire aussi : BAM : ce qu’il faut retenir du 18e rapport annuel sur la supervision bancaire

Record de transferts des MRE

 Le rapport de Bank Al-Maghrib (BAM) indique que les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ont atteint un niveau record de 93,7 milliards de DH (MMDH), enregistrant ainsi une hausse de 37,5% comparativement à 2020. Cette performance a contribué à contenir le creusement du déficit courant qui s’est établi à 29,1 MMDH, soit 2,3% du PIB au lieu de 1,2 % un an auparavant.

Sur le marché? de change, la situation a été marquée par un excédent de liquidités en devises au cours du deuxième semestre, induit notamment par la forte hausse des transferts des MRE, ajoute ledit rapport.

En parallèle, les inquiétudes suscitées par les vagues récurrentes de contaminations ont continué? de peser sur l’activité? touristique. En chiffres, les recettes voyages ont diminué, pour atteindre 34,3 MMDH contre 36,4 MMDH en 2020 et 78,7 MMDH en 2019.

Les faux billets en baisse

Le nombre de faux billets détectés l’année dernière s’est établi à 7.372, représentant l’équivalent de 1,1 million de DH (MDH), ressort-il de ce rapport. Les coupures les plus touchées sont celles de 200 DH, avec une part de 61%.

Toutefois, le faux monnayage reste sous contrôle de BAM. Les données sur ce phénomène indiquent la poursuite de la tendance baissière observée ces dernières années. Le taux de faux monnayage a reculé de 6,1 billets pour chaque million de billets en circulation en 2017 à 3,3 en 2021.

Lire aussi : BAM : 17,5 millions de Marocains détiennent au moins un compte bancaire

Marché du travail : une reprise partielle

Le rapport indique que le marché? du travail a connu un redressement relatif en 2021 avec une création nette de 230.000 emplois. Une performance qui reste bien insuffisante pour compenser les pertes enregistrées un an auparavant.

En parallèle, 309.000 demandeurs d’emploi ont intégré le marché?, après une sortie de 110.000 en 2020. Il s’agit du nombre le plus élevé depuis 2004, qui se traduit par une importante hausse du taux d’activité?.

En ce qui concerne le taux de chômage, il s’est accru de 0,4 point à 12,3% globalement, avec en particulier une aggravation prononcée parmi les jeunes de 15 à 24 ans, dont près de la moitié a été sans emploi.

Les dépôts bancaires en hausse de 5,2% en 2021

Il est également précisé dans ce rapport que les dépôts bancaires se sont accrus de 5,2% en 2021 au lieu de 6,4% un an auparavant. Par secteur institutionnel, les dépôts des entreprises non financières privées ont augmenté de 10,8% à 174,4 (MMDH), recouvrant principalement une hausse de 11,4% des dépôts à vue et un recul de 1,8% de ceux à terme, indique BAM.

S’agissant des particuliers, les dépôts à vue et les comptes d’épargne se sont améliorés respectivement de 6,7% et 2,9%, alors que les dépôts à terme se sont repliés de 7,9%. Quant aux entreprises publiques, leurs avoirs auprès des banques se sont renforcés de 28,3% à 23,7 MMDH.

Par ailleurs, malgré le contexte d’incertitudes liées à l’évolution de la pandémie de la Covid-19, les recettes au titre des investissements directs étrangers (IDE) ont enregistré une hausse de 22,7% à 31,9 MMDH, soit l’équivalent de 2,5% du PIB contre 2,3% en 2020.

Lire aussi : Politique monétaire : le Conseil de BAM opte pour le statu quo

Une liste des actions prioritaires

En exposant les grandes lignes de ce rapport, Abdellatif Jouahri a mis l’accent sur les actions prioritaires à engager pour faire face aux tensions et incertitudes auxquelles est confrontée l’économie nationale.

Face à un environnement international, marqué par la guerre en Ukraine, les perturbations du commerce mondial et la flambée des prix, le responsable estime qu’il est impératif que les autorités publiques donnent la visibilité nécessaire pour redynamiser l’investissement privé et renforcer l’adhésion à l’action publique.

Le wali de BAM a aussi mis l’accent sur de nombreux chantiers en cours. D’abord celui de la réforme de l’éducation. «Cette réforme se poursuit aujourd’hui “sous forme d’actions qui, nonobstant leur pertinence, ne paraissent pas toujours facilement identifiables” et son suivi ne se fait pas clairement à l’aune des objectifs et des délais qui y sont fixés», a-t-il déploré.

Pour le chantier de la généralisation de la protection sociale, Abdellatif Jouahri a fait part d’une certaine incertitude quant à la nature et à la qualité des services qui seront effectivement accessibles. «À trois ans de l’échéance de l’élargissement de la couverture à l’ensemble de la population, cette dernière demeure partielle et incomplète», alerte-t-il.

Quant à l’élargissement de l’assiette fiscale, qui devrait être considéré comme une des solutions pour un système fiscal réformé en profondeur et moteur du Nouveau modèle de développement, le gouverneur de BAM considère que cette mesure se fait difficilement et trop lentement, ce qui coûte à l’État près de 2,5% du PIB annuel. Selon lui, il est nécessaire «d’atténuer le problème de concentration de la pression fiscale sur un nombre réduit d’entreprises et de catégories de contribuables».

Le responsable a également appelé à une accélération de la mise en œuvre du chantier de la réforme du secteur public, notamment la refonte du secteur des entreprises et établissements publics.

Enfin, Jouahri n’a pas manqué de souligner le retard observé dans la lutte contre la corruption, qui constitue un fléau qui affaiblit la visibilité? pour les opérateurs et les investisseurs et menace même le développement économique et la cohésion sociale.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Tourisme : une année record et des ambitions pour 2025

Économie - Le Maroc a enregistré en 2024 une progression exceptionnelle en matière de tourisme, consolidant sa position parmi les destinations les plus attractives.

Ilyasse Rhamir - 24 décembre 2024

Sportech : les startups STADIUM by MDJS brillent à Munich

Économie - Cinq startups marocaines, issues du programme STADIUM by MDJS d’Accelab, ont marqué l’édition 2024 du sommet international Sports Tech Nation.

Ilyasse Rhamir - 23 décembre 2024

Ports situés sur la Méditerranée : baisse de 17% des débarquements de pêche à fin novembre (ONP)

Économie - À fin novembre 2024, les débarquements de la pêche côtière et artisanale en Méditerranée ont atteint 13.461 tonnes, en baisse de 17% par rapport à 2023.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

L’Office national des Pêches tient son Conseil d’administration

Économie - Le Conseil d’administration de l’Office national des Pêches (ONP) s’est réuni vendredi à Rabat, sous la présidence de Zakia Driouich, secrétaire d’État auprès du ministre de la Pêche maritime

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Soumission aux marchés de BAM : le format électronique obligatoire en 2025

Économie - À partir du 1er janvier 2025, Bank Al Maghrib (BAM) impose la soumission électronique obligatoire pour tous les marchés publics.

Rédaction LeBrief - 23 décembre 2024

Quand la croissance des recettes ne freine pas le déficit

Économie - L'exécution budgétaire du Maroc a montré des signes de tensions financières, avec un déficit qui s’est creusé de 11,6 MMDH par rapport à la même période en 2023.

Mbaye Gueye - 20 décembre 2024

Le besoin de financement du Trésor en légère baisse à fin novembre

Économie - À fin novembre 2024, le besoin de financement du Trésor s’est établi à 55,9 MMDH, contre 59,2 MMDH à la même période en 2023.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024

Légère hausse de l’inflation en novembre 2024

Économie - En novembre 2024, l’indice des prix à la consommation (IPC) a augmenté de 0,8% par rapport à novembre 2023, selon le HCP.

Rédaction LeBrief - 20 décembre 2024
Voir plus

Dessalement : le Maroc et les USA unissent leurs forces pour l’avenir de l’eau

Économie - Un atelier organisé par l’ONEE en partenariat avec l’Ambassade des États-Unis met en lumière les dernières avancées technologiques dans le domaine du dessalement.

Ilyasse Rhamir - 3 décembre 2024

L’ONMT s’allie à Norwegian pour relier Tanger à Copenhague

Économie - L’ONMT a signé un partenariat avec la compagnie aérienne Norwegian pour lancer une liaison aérienne directe.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

L’avenir énergétique du Maroc : un nouveau chapitre d’investissements et d’innovations

Économie - Le Maroc, dans un contexte mondial de transition énergétique, se positionne en acteur majeur grâce à des investissements colossaux dans les énergies renouvelables.

Farah Nadifi - 18 décembre 2024

PLF 2025 : un budget citoyen pour tous

Économie - Le budget citoyen détaille les notions liées au budget de l’État ainsi que les étapes de préparation et d’approbation du PLF

Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024

Agadir : entre tourisme et défis climatiques

Économie - Agadir est devenue en quelques années un havre de paix pour des milliers de retraités français. Cependant, cette douceur de vivre s’accompagne de défis environnementaux et sociaux, notamment la crise de l’eau.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Faillites d’entreprises : « les derniers chiffres publiés ne reflètent pas la réalité » (Abdellah El Fergui)

Économie - Le récent rapport de l'Observatoire marocain des TPME révèle l'état alarmant par lequel passent les sociétés marocaines.

Mouna Aghlal - 25 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire