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Casablanca-Settat : Mohamed Mhidia fait le grand ménage

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Mohamed Mhidia, 2e à gauche, lors de la session extraordinaire du Conseil de la Région Casablanca-Settat, tenue le 22 novembre 2023 © DR

Libération du domaine public, interdiction des charrettes et des marchands ambulants, fermeture des cafés à « chicha », encadrement des gardiens de voiture… Autant de mesures que le nouveau wali de la Région Casablanca-Settat, gouverneur de la Préfecture de Casablanca, Mohamed Mhidia, supervise en personne. Le point.

Le nouveau wali de la région Casablanca-Settat, Mohamed Mhidia, fait jaser le tout Casablanca. En sa qualité de gouverneur de la préfecture de Casablanca, il mène une grande campagne pour mettre fin à l’anarchie que connaît la métropole. Mhidia supervise lui-même une vaste opération de libération de l’espace public. Il veille aussi à mettre fin au rythme chaotique et aux entraves dans les projets, ainsi qu’à la prolifération des charrettes et des vendeurs ambulants dans plusieurs quartiers de la cité. Des mesures qui ne plaisent pas à tout le monde…

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Chtiba, Korea, etc.

Jeudi dernier, dans la soirée, le quartier de Ain Chock a été le théâtre d’une campagne de libération du domaine public, avec la participation des agents d’autorité au niveau de la rue Khalil et aux abords de la vieille mosquée. Depuis une semaine, les autorités locales du quartier Chtiba, zone commerciale populaire de Casablanca, sont mobilisés tous les jours de la semaine pour libérer l’espace public, exploité illégalement par des commerces, en enlevant les équipements des cafés et des snacks des trottoirs, et en démolissant toute construction ajoutée avec du ciment ou du plastique. Des bulldozers sont utilisés pour abattre certains poteaux installés sur la voie publique. Aussi, les agents d’autorité saisissent toutes les charrettes stationnées sur les trottoirs. Ce qui se passe dans le quartier Chtiba n’est qu’un exemple des actions entreprises par les services des différents arrondissements ces derniers jours. Le souk Korea n’est pas en reste. Si les citoyens saluent cette initiative, ils notent néanmoins ses répercussions sur les prix de certains produits comme les fruits et les légumes qui ont presque doublé à cause de la chasse aux marchands ambulants.

Vendredi, les autorités ont procédé à l’évacuation des camps de migrants subsahariens situés aux abords de la gare routière Oulad Ziane. Les agents d’autorité et les membres des forces de sécurité ont enlevé les tentes utilisées comme abris par ces migrants et confisqué tous les ustensiles qu’ils utilisaient pour cuisiner. Des plaintes répétées des habitants de l’arrondissement ont incité les autorités à intervenir pour mettre un terme à cette situation.

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Suivi personnel

Et pour ne rien laisser au hasard, Mhidia a même déployé des drones pour repérer les foyers de chaos, les lieux de détention des animaux et des charrettes, ainsi que les marchés informels. Les élus et les citoyens du Nord connaissent le mode opératoire de ce commis de l’Etat pour l’avoir fréquenté pendant quatre ans. Mhidia n’aime pas le travail fait à moitié. Il délègue, mais fait un suivi personnel des dossiers qu’ils confient à ses collaborateurs.

Mohamed Mhidia a été aperçu effectuant des visites d’inspection dans plusieurs quartiers de Moulay Rachid, Sidi Othmane et Al Fida. Lors de l’une de ces visites, il a croisé la légende du groupe Nass Al Ghiwan, Omar Sayyed. Le gouverneur de la préfecture de Casablanca a aussi dépêché un responsable pour recueillir les doléances des habitants des carrières centrales qui protestent depuis sept ans pour défendre leurs droits.

Mhidia a aussi en ligne de mire les cafés qui servent du narguilé (chicha). Cette fois, c’est une véritable bataille qui se profile, les autorités locales visent à les interdire purement et simplement. La décision découle principalement du fait que ces cafés proposent non seulement des produits de contrebande, mais aussi diverses substances illicites. Considérés comme des « bastions de débauche », ces endroits sont pointés du doigt par les autorités et les citoyens pour des activités portant atteinte à la décence publique.

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Le sérieux !

Mhidia entend appliquer le contenu des derniers discours royaux à la lettre. Le sérieux est la clé de voûte d’une approche intégrée qui subordonne l’exercice de la responsabilité à l’exigence de reddition des comptes et fait prévaloir les règles de bonne gouvernance, la valeur travail, le mérite et l’égalité des chances, avait dit le Souverain. Après avoir évalué la situation des projets en suspens, Mhidia a pris la décision de démettre de leurs fonctions certains chefs de départements et services, invoquant des lacunes dans leurs performances professionnelles et leur rendement, suite à des observations sur le terrain. Le chef du département de Coordination régionale pour le développement humain, le chef du département des Collectivités territoriales, le chef du département des Études, du suivi et de la mise à jour, ainsi que le chef du service de Rédaction du comité régional de coordination, ont été sommés de plier bagage. C’est que Mhidia n’a pas de temps à perdre s’il veut réussir à mettre à niveau les services territoriaux et à réaliser les projets budgétisés avant la Coupe d’Afrique des nations (CAN) 2025 et la Coupe du monde (CDM) 2030.
Au-delà de Casablanca, en sa qualité de wali de la Région de Casablanca-Settat, Mohamed Mhidia, applique les mesures de libération du domaine public et de l’interdiction du commerce ambulant à Errahma, Berrechid, Mohammedia et Benslimane. Si cette initiative est totalement réglementaire et louable, il est important de ne pas négliger le volet social et de trouver des alternatives. Des milliers de familles n’ont pas d’autres sources de revenu, ce qui risque d’amplifier les risques d’une explosion sociale.
Biographie de Mohamed Mhidia
Lauréat de l’Ecole nationale supérieure des mines de Douai en France, en 1981, et de l’Institut supérieur du béton armé de Marseille en 1982, du haut de ses 69 ans, Mohamed Mhidia avait été nommé en 2019 wali de la région de Tanger-Tétouan -Al Hoceima, gouverneur de la préfecture de Tanger-Assilah.
Il a été également wali de la région de Rabat-Salé-Kénitra, gouverneur de la préfecture de Rabat (2017), wali de la région de l’Oriental, gouverneur de la préfecture d’Oujda-Angad (2012), wali de la région de Marrakech-Tensift-Al Haouz, gouverneur de la préfecture de Marrakech (2010) et wali de la région de Taza-Al Hoceima-Taounate, gouverneur de la province d’Al Hoceima (2007).
Mhidia a occupé également le poste de gouverneur de la préfecture de Skhirate-Témara (2002) et de directeur de la Société d’aménagement de Sala Al-Jadida (1996).
Il était auparavant chef de division de l’entretien, de l’exploitation et de la sécurité des routes et de la circulation routière (1993) et directeur provincial des travaux publics à la province d’Azilal (1987).

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