Casablanca : entre patrimoine et anarchie urbaine
Aimer sa ville, ce n’est pas seulement soutenir l’un de ses clubs de football. Être fier de sa ville, c’est être en phase avec sa culture, son histoire, et ses ambitions. Quand celle-ci perd ses monuments aux dépens d’investissements anarchiques, c’est une part de l’identité de chaque citoyen qui s’efface.
En seulement quelques années, les Casablancais ont vu leur ville changer… pas toujours en mieux. Piscines, cinémas, lieux emblématiques… la ville s’est transformée peu à peu, laissant place à de nouvelles bâtisses carrées, rectangulaires et même triangulaires pour gagner un maximum d’espace dans la construction d’immeubles.
Malgré la stratégie de régionalisation, Casablanca demeure LA ville où il est possible de trouver un travail rapidement. L’exode rural, d’une part, le déplacement des citoyens d’autres villes, d’autre part, ont mené à une surpopulation de la plus grande ville du pays.
Les édifices emblématiques de Casablanca
Un article ne suffirait pas à citer les nombreux fleurons architecturaux passés de Casablanca. Certains ont toutefois marqué les Casablancais. À commencer par l’Hôtel Lincoln, situé sur le boulevard Mohammed V. C’est un exemple frappant de patrimoine en péril. Construit dans les années 1910, cet hôtel emblématique est connu pour son style Art déco. Abandonné pendant des décennies, il a subi des dégâts considérables et attend toujours une réhabilitation complète. En ce moment, un projet de réhabilitation vise à transformer l’hôtel en un complexe hôtelier de luxe tout en conservant son architecture historique.
Les quartiers Gauthier et l’Hermitage étaient autrefois parsemés de superbes villas Art déco. Malheureusement, plusieurs de ces bâtiments ont été démolis pour faire place à de nouveaux projets immobiliers. La destruction de certaines villas représente une perte inestimable pour le patrimoine architectural de Casablanca.
Les anciens abattoirs de Casablanca, conçus par l’architecte Georges-Ernest Desmarest en 1912 et modernisés par Henri Prost en 1922, sont emblématiques pour leur architecture de style « arabesque ». Les grandes portes de la halle principale sont ornées d’étoiles chérifiennes réalisées en carreaux de zellige traditionnels. Occupant un terrain de 5,5 hectares avec des bâtiments couvrant 2,2 hectares, ces abattoirs ont employé jusqu’à 5.000 personnes. Agrandis en 1951, ils ont été fermés en 2002 et remplacés par de nouvelles installations en périphérie de Casablanca. En reconnaissance de leur importance historique, ils ont été inscrits en 2003 sur la Liste des monuments historiques et bâtiments inscrits. En 2009, le site des anciens abattoirs est transformé en « la fabrique culturelle des Abattoirs », un lieu dynamique proposant une variété d’événements tels que des concerts, des pièces de théâtre, des spectacles de danse, des ateliers pour enfants, ainsi que des débats, des conférences de « Mutual Heritage » et des expositions.
Cette reconversion a permis de préserver non seulement l’architecture remarquable des abattoirs, mais aussi de revitaliser le site en un pôle culturel et artistique important pour la communauté de Hay Mohammadi et au-delà, enrichissant la vie culturelle de Casablanca tout en honorant son patrimoine historique.
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Le Cinéma Vox, construit dans les années 30, était à l’époque l’un des plus grands cinémas d’Afrique du Nord. Situé sur le boulevard Mohamed V, une artère principale de Casablanca, il représentait un exemple notable de l’architecture Art déco. Au fil des décennies, le cinéma a perdu de son éclat face à la montée de nouvelles technologies de divertissement et au développement des multiplex modernes. Il a fermé ses portes dans les années 70.
«Il y a la Villa Camembert, construite dans les années 1960 et utilisée comme résidence privée. Elle a été abandonnée au fil du temps, victime de vandalisme et de dégradations naturelles, la menant à son état de délabrement. Elle a toutefois su renaître de ses cendres, à la suite d’une réhabilitation, et est actuellement la scène de plusieurs événements culturels», explique à LeBrief Mohamed Hakim Belkadi, consultant architecte des écosystèmes urbains prédictifs et des milieux interconnectés et expert judiciaire.
Les salines de Casablanca, autrefois une industrie florissante à l’est de la ville, ont été abandonnées avec le déclin de l’industrie saline locale et la modernisation des méthodes de production de sel, laissant derrière elles des structures en ruines envahies par la végétation.
L’expert revient aussi sur un fleuron de la ville qui a connu une renaissance moderne, la gare. Construite au début du 20ᵉ siècle, elle a servi de principal point de transit pour les passagers jusqu’à ce qu’elle soit remplacée par la nouvelle gare de Casa Port.
Le défi de la préservation du patrimoine Casablancais
La préservation des bâtiments abandonnés à Casablanca, comme dans de nombreuses autres villes, est confrontée à plusieurs défis majeurs, énumérés en sept points par Hakim Belkadi.
- Financement et ressources financières :
- Le coût élevé de la restauration est souvent supérieur à celui de la démolition et de la reconstruction, dissuadant les investisseurs. Il est nécessaire de réfléchir à des avantages fiscaux pour inciter à investir dans la préservation du patrimoine. Le manque de subventions publiques dédiées à la préservation du patrimoine est également un problème.
- Propriété et illégalité :
- La fragmentation de la propriété, avec de nombreux bâtiments ayant des propriétaires multiples ou inconnus, complique les efforts de restauration. Les litiges juridiques autour de la propriété peuvent retarder et empêcher la réhabilitation de certains bâtiments.
- Réglementations inadéquates :
- Il y a un manque de cadre législatif contraignant les propriétaires à entretenir ou restaurer leurs bâtiments. La pression immobilière et la valeur foncière élevée des terrains incitent souvent à la démolition en faveur de projets plus lucratifs.
- Sensibilisation et éducation :
- Il y a souvent un manque de sensibilisation du public à l’importance de la conservation du patrimoine architectural. Une valorisation de ces bâtiments par la population locale est essentielle pour mobiliser le soutien nécessaire. L’absence de programmes éducatifs sur l’importance du patrimoine et des techniques de conservation contribue également à une faible culture de préservation.
- Conditions structurales et techniques :
- De nombreux bâtiments abandonnés sont dans des états de détérioration avancée, nécessitant des interventions techniques complexes et coûteuses. Il est important de faire des expertises urgentes et de créer un système d’information géographique pour répertorier et gérer ces structures.
- Sécurité et accessibilité :
- Les bâtiments abandonnés peuvent présenter des risques pour la sécurité publique, tels que les effondrements ou les incendies. De plus, certaines structures peuvent être difficilement accessibles pour les travaux de restauration.
- Valorisation et usage :
- Trouver des usages contemporains viables pour les bâtiments historiques tout en respectant leur intégrité est un défi. Assurer la rentabilité économique des bâtiments restaurés est crucial pour attirer les investissements privés.
Il est également important de créer des circuits touristiques intégrant les bâtiments historiques de Casablanca, en utilisant des technologies modernes comme la réalité augmentée pour retracer l’histoire de chaque bâtiment.
Casablanca, not for sale
Engagée dans la préservation du patrimoine historique et architectural, Attijariwafa bank entreprend la restauration de la façade du célèbre « Bâtiment Lahrizi » à Casablanca. Conçu par l’architecte Marius Boyer, ce chef-d’œuvre d’une grande sobriété est situé près de la place administrative et du boulevard Mohammed V. Aujourd’hui, il est l’un des immeubles les plus distinctifs du quartier.
L’association Casamémoire joue également un rôle très important dans la promotion et la sensibilisation à la sauvegarde du patrimoine architectural de Casablanca. Elle organise des visites guidées et des campagnes de sensibilisation pour promouvoir l’importance de la conservation du patrimoine urbain. Elle milite pour des projets de restauration, en particulier des bâtiments emblématiques de Casablanca, et soutient divers autres projets de réhabilitation. La région de Casablanca-Settat a également lancé des programmes pour revitaliser certains quartiers historiques de la ville, en mettant l’accent sur la réhabilitation des infrastructures et des bâtiments patrimoniaux.
Au niveau international, l’UNESCO soutient des projets de conservation et de sensibilisation à travers des programmes éducatifs et des ateliers de formation sur les techniques de préservation du patrimoine, bien que Casablanca ne soit pas inscrite au patrimoine mondial de l’UNESCO. Le World Monuments Fund (WMF) inclut des sites marocains dans ses programmes de sauvegarde, fournissant des fonds et une expertise technique pour la restauration de bâtiments historiques à Casablanca.
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Certaines ambassades, comme celles de France et d’Espagne, soutiennent des initiatives culturelles et des projets de restauration à travers des partenariats bilatéraux et des subventions pour la conservation du patrimoine. Par exemple, la réhabilitation de l’Hôtel Lincoln et la rénovation de la Villa des Arts par la Fondation Al Mada.
Des projets de revalorisation de cinémas historiques, tels que les cinémas Rialto, ABC, Ritz, Lutetia, Lynx… visent à transformer ces lieux en espaces culturels multifonctionnels, incluant des salles de projection, des cafés et des espaces d’exposition. Toutefois, la réussite de ces projets dépendra largement de la coopération entre les autorités locales, les organisations internationales, les investisseurs privés et la société civile.
La réhabilitation a son mot à dire
Un bâtiment emblématique comme l’Hôtel Lincoln, construit en 1916 par l’architecte français Hubert Bride, est un exemple remarquable de l’architecture néo-mauresque à Casablanca. Il a été un symbole de l’élégance et de la grandeur de la ville durant ses premières décennies. « Cependant, il a commencé à décliner dans les années 1970 et a été abandonné dans les années 1980. Après plusieurs décennies de délabrement, des efforts concertés ont été entrepris pour restaurer cet édifice historique et un appel à manifestation d’intérêt a été lancé. Pour la réhabilitation de ce grand projet, le choix s’est porté sur le groupe Realites Afrique, un groupe de développement territorial français, qui a signé avec l’Agence urbaine de Casablanca une convention pour le réaménagement, la rénovation et l’exploitation de cet hôtel mythique. Le projet de réhabilitation vise à transformer l’hôtel en un complexe hôtelier de luxe tout en conservant son architecture historique et ses caractéristiques distinctives », détaille l’expert.
Les travaux de restauration sont en cours avec une attention particulière portée à la préservation des éléments architecturaux d’origine. Une fois achevé en 2025, l’Hôtel Lincoln devrait redevenir un lieu emblématique, contribuant à la revitalisation du boulevard Mohammed V et à l’attraction touristique de Casablanca.
Il y a ensuite la Villa des Arts, construite dans les années 1930. Située dans le quartier Gauthier, la Villa était initialement une résidence privée avant d’être transformée en centre culturel. Dans le processus de restauration, en 1999, la Villa a été rachetée par la Fondation Al Mada (à l’époque ONA), qui a entrepris des travaux de restauration pour transformer le bâtiment en centre culturel.
Les travaux ont inclus la restauration des éléments architecturaux d’origine, tout en adaptant les espaces pour accueillir des expositions, des conférences et des événements artistiques. Aujourd’hui, la Villa des Arts est un centre culturel dynamique qui organise régulièrement des expositions d’art contemporain, des concerts et divers événements culturels. Elle est devenue un lieu de rencontre pour les artistes et les amateurs d’art, renforçant ainsi le tissu culturel de Casablanca.
Non loin de là, au croisement de la rue d’Alger et du boulevard Rachidi, la cathédrale Sacré-Cœur de Casablanca, construite en 1930 par l’architecte Paul Tournon s’étend dans un bel écrin de verdure. « Après l’indépendance du Maroc, la cathédrale a été désacralisée et utilisée pour diverses fonctions, mais elle a progressivement été négligée. D’importants efforts de restauration ont été entrepris par la commune de Casablanca et des organisations culturelles. Des projets de rénovation ont été lancés pour restaurer cet édifice en mettant l’accent sur la préservation des éléments architecturaux et la réparation des dommages structurels. Aujourd’hui, la cathédrale est utilisée pour des événements culturels, des expositions d’art et des concerts, redonnant vie à cet édifice historique. Bien que des travaux de restauration supplémentaires soient encore nécessaires, l’ouverture de la cathédrale pour des événements publics a permis de sensibiliser la population à son importance patrimoniale », détaille Belkadi.
Rôle des autorités locales
Les autorités locales jouent un rôle crucial dans la préservation ou l’abandon des bâtiments historiques à Casablanca. Leur influence peut être déterminante pour la protection, la réhabilitation ou la négligence du patrimoine architectural.
« Nous allons aborder leurs rôles positifs, notamment dans l’élaboration et la mise en œuvre des politiques de préservation, les plans de sauvegarde et de mise en valeur. Les autorités locales élaborent et mettent en œuvre des plans de sauvegarde et de mise en valeur des zones historiques, comme cela a été fait pour certains quartiers de Casablanca, sous l’égide de l’Agence urbaine de Casablanca. Il y a aussi la réglementation et les cadres législatifs », explique l’expert. En créant des réglementations spécifiques pour la préservation du patrimoine, les autorités peuvent protéger les bâtiments historiques contre les démolitions ou les altérations non contrôlées.
Un autre aspect important : le financement et le soutien financier par des subventions et des aides. Les autorités locales pourraient accorder des subventions et des aides financières pour la restauration de bâtiments historiques, encourageant ainsi les propriétaires et les investisseurs à entreprendre des projets de réhabilitation.
Il existe également le modèle de partenariat public-privé. En facilitant des partenariats entre le secteur public et le privé, les autorités peuvent mobiliser des ressources supplémentaires pour la préservation du patrimoine architectural.
Les campagnes de sensibilisation et la promotion jouent aussi un rôle essentiel. Les autorités peuvent éduquer le public sur l’importance de la conservation du patrimoine et encourager la participation communautaire. Les événements culturels et touristiques permettent d’utiliser les bâtiments historiques pour attirer l’attention sur ces édifices et générer des fonds pour leur entretien.
Les autorités locales doivent aussi assurer la surveillance et l’application des règles. Elles ont le pouvoir de mener des contrôles et des inspections régulières pour s’assurer que les bâtiments historiques sont correctement entretenus et que les travaux de restauration respectent les normes patrimoniales. En imposant des sanctions pour la négligence et en offrant des incitations pour la conservation, les autorités locales peuvent influencer positivement le comportement des propriétaires et des développeurs.
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Cependant, les autorités locales font face à plusieurs défis et limitations. Le manque de ressources financières est souvent un obstacle majeur, avec des budgets municipaux insuffisants pour couvrir les coûts élevés de la restauration des bâtiments historiques, ce qui conduit à des priorités conflictuelles entre la préservation du patrimoine et les besoins urbains urgents. La bureaucratie et l’efficacité administrative, avec parfois des lenteurs complexes, peuvent retarder les projets de restauration et décourager les investisseurs potentiels. La coordination interinstitutionnelle peut entraîner des inefficacités et des conflits de compétences, entravant les efforts de préservation.
La complexité des droits de propriété, avec des propriétaires multiples ou inconnus, et surtout l’absence de copropriété permettant de maintenir le bien, peut compliquer les efforts de réhabilitation et nécessiter des démarches juridiques longues et coûteuses. La pression immobilière et le développement urbain, avec la forte valeur des terrains, peuvent inciter à la démolition des bâtiments historiques en faveur de nouveaux projets plus lucratifs. L’Agence urbaine veille à ce genre de situation, en collaboration avec le ministère de la Culture et des associations comme Casamémoire, qui donnent leur avis dans la délivrance des permis de construire. L’absence de planification intégrant la préservation du patrimoine peut entraîner la destruction des bâtiments historiques au profit de la modernisation et de la densification.
Un exemple concret est l’Hôtel Lincoln. Les autorités locales ont facilité un partenariat public-privé pour financer et réaliser sa réhabilitation, montrant leur engagement en faveur de la préservation du patrimoine. De même, la transformation de la Villa des Arts et le projet de la cathédrale Sacré-Cœur sont des initiatives importantes. Bien que des défis subsistent, les autorités ont soutenu ces projets de réhabilitation à des fins culturelles, montrant une volonté de préserver les monuments historiques.
La sensibilisation n’a pas d’âge
Réintégrer ces bâtiments historiques dans la vie moderne de Casablanca nécessite une approche stratégique qui combine conservation patrimoniale et adaptation aux besoins contemporains. Cela inclut notamment l’utilisation culturelle et événementielle, transformant ces édifices en centres culturels où des expositions, concerts, conférences et autres événements peuvent avoir lieu. Par exemple, la Villa des Arts de Casablanca a été réhabilitée avec succès en un centre culturel.
« Il est envisagé de créer des musées thématiques ou des centres d’interprétation pour valoriser l’histoire et la culture locale à travers des expositions interactives et éducatives. Concernant l’hébergement, certains bâtiments historiques pourraient être transformés en hôtels de luxe ou en boutique-hôtels, tout en préservant leur caractère architectural unique, comme l’hôtel Lincoln à Casablanca. Pour des options d’hébergement alternatives, des auberges de jeunesse ou des résidences d’artistes pourraient être aménagées, attirant ainsi un tourisme culturel et créatif », nous explique Hakim Belkadi.
Une approche programmatique inclurait également la restauration de restaurants dans certains bâtiments historiques, mettant en valeur l’architecture tout en offrant une expérience culinaire moderne, comme le Rick’s Café à la Médina. De plus, l’utilisation des espaces pour des marchés artisanaux ou des boutiques locales pourrait stimuler l’économie locale et le commerce équitable.
Dans le domaine de l’éducation et de la formation, la création d’écoles d’art, de centres de formation professionnelle et de centres de recherche sur l’histoire et le patrimoine de Casablanca pourrait promouvoir les métiers traditionnels et l’artisanat local. L’intégration d’incubateurs technologiques et d’espaces de coworking dans les bâtiments rénovés favoriserait l’innovation et l’entrepreneuriat local, tout en adoptant des technologies vertes et des pratiques durables comme l’énergie solaire et la gestion des déchets.
En aménageant des parcs et jardins urbains autour des bâtiments historiques, on offrirait des espaces de récréation et de détente pour les résidents et les visiteurs. Intégrer ces bâtiments dans des circuits touristiques et des visites guidées, en utilisant des technologies comme la réalité augmentée, permettrait aux visiteurs de découvrir l’histoire et la culture de Casablanca de manière immersive.
Pour assurer le succès de ces projets, une gestion proactive et une collaboration étroite entre les autorités locales, les investisseurs privés, la société civile et le public seront essentielles. Les partenariats public-privé peuvent jouer un rôle crucial en mobilisant les ressources nécessaires et en assurant une gestion efficace des projets de réhabilitation.
En dernier lieu, il est crucial d’éduquer le public sur l’importance du patrimoine architectural et d’encourager la participation communautaire dans la conservation et la réhabilitation des bâtiments.
– Le Brief : Quels sont les critères pour qu’un bâtiment soit considéré comme un fleuron architectural ?
– Mohamed Hakim Belkadi : Pour qu’un bâtiment soit considéré comme un fleuron architectural, plusieurs critères sont généralement pris en compte, bien que ceux-ci puissent varier selon les contextes culturels et géographiques :
- Valeur esthétique :
- Design innovant : Le bâtiment doit présenter un design unique ou innovant, incluant des formes, des lignes ou des textures distinctives.
- Beauté visuelle : L’aspect esthétique général du bâtiment doit être attrayant, harmonieux et souvent apprécié pour son élégance et son équilibre.
- Importance historique :
- Époque et style : Le bâtiment doit présenter un style architectural particulier ou être significatif d’une période historique.
- Événements historiques : Le bâtiment doit avoir abrité des événements particuliers ou être associé à des personnages historiques importants.
- Signification culturelle :
- Identité et patrimoine : Le bâtiment doit jouer un rôle important dans l’identité culturelle et patrimoniale de la région ou de la ville.
- Symbolisme : Il peut être considéré comme un symbole ou une icône culturelle.
- Valeur fonctionnelle :
- Utilité et usage : L’usage initial et continu du bâtiment doit démontrer son importance fonctionnelle dans la société.
- Innovation technologique : Intégration de technologies ou de méthodes de construction avancées pour son époque.
- Intégration environnementale :
- Respect de l’environnement : Le bâtiment doit démontrer une intégration harmonieuse avec son environnement naturel ou urbain.
- Soutenabilité : Usage de matériaux durables et de pratiques de construction écologiques.
- Impact social :
- Importance communautaire : Le bâtiment doit servir de point de rassemblement ou d’institution pour la communauté.
- Engagement public : Participation du public ou de la communauté dans sa création ou son utilisation.
- Critères techniques :
- Qualité de construction : Exécution technique de haute qualité, durabilité et innovation dans les techniques de construction.
- Conformité aux normes : Respect des normes et réglementations architecturales et urbaines de son époque.
- Reconnaissance professionnelle :
- Prix et distinctions : Réception de prix architecturaux et distinctions professionnelles.
- Reconnaissance par les experts : Considération par les architectes, les historiens de l’architecture et d’autres professionnels comme une œuvre majeure.
Tous ces critères pris ensemble permettent d’évaluer et de reconnaître un bâtiment comme un fleuron architectural, valorisant ainsi sa préservation et son étude pour les générations futures.
Les Abattoirs sont dans un état de délabrement total. Un champ de ruines et un dépotoir où s’amoncellent les ordures. Fermés au public, il ne reste rien de la fabrique culturelle.