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Alors que le gouvernement poursuit son opération de soutien aux professionnels du secteur du transport routier pour préserver le pouvoir d’achat des citoyens, les prix des carburants sont en recul depuis quelques semaines.
Si la baisse est bien réelle, elle demeure toutefois timide et encore très insuffisante aux yeux de nombreux automobilistes, notamment ceux qui roulent avec l’essence, affiché actuellement à 14,60 DH. Pour le diesel, la chute a été importante puisqu’il a perdu plus de quatre dirhams depuis octobre dernier, pour se situer aux alentours de 12,80 DH.
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Comment expliquer cette baisse ?
Pour El Houssine El Yamani, secrétaire général du Syndicat national des industries du pétrole et du gaz, le conflit russo-ukrainien est un coup dur pour l’économie mondiale et étant donné que la Russie et l’Ukraine sont d’importants producteurs de matières premières, les perturbations ont provoqué une flambée des prix mondiaux, notamment du pétrole. Conséquence : le coût des denrées alimentaires a fortement augmenté, atteignant des niveaux records.
Mais depuis quelques semaines, les prix à la pompe ont chuté. Cela s’explique tout d’abord par la baisse des prix du pétrole brut sur le marché mondial. Le baril de Brent de la mer du Nord s’échange à près de 80 dollars au lieu de 120 il y a quelques mois. Une situation engendrée par l’évolution du marché des énergies et le relâchement de la pression exercée par les grands groupes pétroliers.
Si la baisse actuelle des prix est en grande partie due à une baisse du prix du baril, il y a d’autres raisons qui expliquent cette tendance baissière. «On remarque une baisse de la consommation de la part de la Chine, ce qui entraîne naturellement cette chute des prix. À cela s’ajoute cette période hivernale qui engendre une consommation moindre, comparativement à la période estivale», nous dit Mustapha Labrak, directeur général Energysium Consulting.
Interrogé sur la forte chute du diesel, Labrak affirme que ce type de carburant suit une logique assez particulière. cOn s’attendit suite au boycott des européens sur le gaz naturel et les produits pétroliers à ce que le produit grimpe mais, on a eu la bonne surprise étant donné que l’hiver est beaucoup plus doux que d’habitude. Donc, la consommation de produits de gaz naturel stockée n’a pas été très impactée. Toutes les prévisions effectuées sur le diesel se sont révélées fausses, d’où la baisse de son prix à l’international et le Maroc en a bénéficié», souligne-t-il.
Quant à l’essence, «le stockage effectué par les pays grands consommateurs du super sans plomb, tels les États-Unis et le golfe, crée un phénomène de rareté, qui pousse le prix à être tirer vers le haut, contrairement au diesel qui profite d’une consommation réduite sur le marché européen», explique El Houssine El Yamani,
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La baisse va-t-elle durer ?
Interrogé sur ce point, le syndicaliste prédit que cette baisse n’est que provisoire. Elle n’est pas sûr de durer puisque le contexte international est incertain. Autrement dit, si les cours à l’international augmentent encore, les tarifs vont être augmenté.
El Houssine El Yamani souligne d’ailleurs qu’en plus de l’augmentation des prix des matières premières sur le marché international, le raffinage du pétrole à l’étranger reste l’une des principales raisons derrière cette hausse des prix. «Avant, on achetait seulement le pétrole brut puisqu’on disposait d’une importante raffinerie de pétrole, La Samir, ce qui nous permettait de baisser significativement la marge brute de raffinage, puisque le produit raffiné au Maroc c’est du brut majoré par 50 à 60 centimes. Actuellement, cela nous coûte très cher et la marge atteint souvent jusqu’à 4 DH», précise l’expert, qui considère que la baisse du dirham face au dollar génère aussi une hausse des prix pétroliers.
Un avis partagé par Mustapha Labrak, qui affiche tout de même un certain optimisme, mais celui qui occupe également le poste de secrétaire général de la Fédération de l’énergie n’écarte pas une potentielle hausse. «La tendance pourrait changer si la guerre en Ukraine ou la situation géopolitique que connait le monde empirent. Dans ce cas-là, il y aurait probablement des problèmes de logistique et ferait que certains produits pourraient ne pas arriver à temps. Chose qui provoquerait des tensions sur les moyens de livraison. Et c’est bien la crainte aujourd’hui qui pourrait faire basculer les prix, surtout que le contexte international ne s’améliore pas», note-t-il.
Mais à quand une stabilité des prix ? Pour nos interlocuteurs, ce contexte international, qui est en profonde mutation, nous oblige à oublier ce scénario pour le moment. «C’est la guerre en Ukraine et probablement une autre qui pourrait éclater à Taïwan qui font que les prix sont instables. Il faut notamment ne pas croire qu’on aura des prix stables pendant un certain temps», se désole Mustapha Labrak.
Quant au secrétaire général du Syndicat national des industries du pétrole et du gaz, il n’écarte pas d’éventuelles difficultés d’approvisionnement en carburant, d’autant plus, dit-il, que la capacité globale de stockage des produits pétroliers n’atteint pas le seul des 60 jours exigé par la loi. «Alors que la situation sème le risque d’un approvisionnement difficile en carburant, il faudrait à mon avis assurer au moins trois mois de stock pour assurer la continuité énergétique et économique du pays», conclut El Houssine El Yamani.
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