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Les dernières données publiées par le Conseil de la concurrence montrent une hausse notable des importations de gasoil et d’essence pour le deuxième trimestre 2024. En effet, le pays a importé 1,65 million de tonnes de carburants, marquant une augmentation de 11,2% en volume et de 15,9% en valeur par rapport à la même période en 2023. Ces importations, estimées à 14,03 milliards de dirhams (MMDH), sont majoritairement composées de gasoil, qui représente 88% du volume importé, contre 12% pour l’essence.
Cette augmentation des importations résulte en grande partie d’une demande intérieure croissante, mais aussi de la volatilité des prix sur les marchés internationaux. En effet, bien que les cours internationaux aient connu des baisses, ces fluctuations ne se répercutent pas intégralement sur les prix à la pompe au Maroc.
Des variations limitées malgré les fluctuations internationales
Les prix de cession du gasoil et de l’essence au Maroc ont montré des variations modestes en comparaison aux fortes fluctuations des cours internationaux au deuxième trimestre 2024. Selon le Conseil de la concurrence, les cotations CIF (coût, assurance, fret) des produits raffinés importés, indicateur clé des prix internationaux, ont enregistré une baisse notable durant cette période. Pourtant, ces baisses n’ont pas été intégralement répercutées sur les prix de cession appliqués par les distributeurs locaux.
Pour le gasoil, par exemple, les cotations internationales ont diminué de 0,98 dirham par litre (DH/L), mais le prix de vente au Maroc n’a baissé que de 0,64 DH/L. L’essence a suivi un schéma similaire : une baisse de 0,87 DH/L sur les marchés internationaux n’a réduit les prix marocains que de 0,19 DH/L.
Plusieurs facteurs expliquent cette divergence. D’une part, les contrats d’achat internationaux, souvent négociés à long terme, influencent les coûts réels des distributeurs et peuvent différer des cours à court terme. De plus, les frais de stockage et de logistique, ainsi que la taxation élevée, notamment la Taxe intérieure de consommation (TIC), pèsent sur les prix de cession.
La fiscalité, un facteur clé des prix à la pompe
Au Maroc, la fiscalité représente une composante majeure du prix des carburants, contribuant de manière significative au coût final pour les consommateurs. Le rapport indique qu’au deuxième trimestre 2024, la Taxe intérieure de consommation (TIC) et la Taxe sur la valeur ajoutée (TVA) ont généré des recettes fiscales estimées à 7,19 MMDH, soit une hausse de 12% par rapport à l’année précédente. La TIC, seule, représente 73% de ces recettes, tandis que la TVA en constitue les 27% restants.
Ce poids fiscal alourdit le prix de vente des carburants, indépendamment des variations des cours internationaux. En effet, même lorsque les cotations internationales du gasoil et de l’essence baissent, le niveau élevé des taxes limite l’impact de ces baisses sur le prix final payé par les consommateurs marocains.
Cette structure fiscale vise à augmenter les revenus de l’État, mais elle suscite des interrogations quant à son effet sur le pouvoir d’achat des ménages et la compétitivité des prix de l’énergie. Certains experts estiment qu’une réforme fiscale pourrait contribuer à réduire les coûts pour les usagers, rendant les carburants plus abordables. Une telle révision pourrait également bénéficier à l’économie en allégeant les charges des entreprises dépendantes de l’énergie, tout en renforçant la résilience face aux fluctuations internationales.
Des marges commerciales en baisse pour les distributeurs au Maroc
Selon le dernier rapport du Conseil de la concurrence, les marges commerciales des distributeurs de carburants au Maroc sont en baisse au deuxième trimestre 2024. Malgré une hausse de la demande et des volumes importés, les neuf principales sociétés de distribution ont enregistré des marges brutes moyennes de 1,21 dirham par litre (DH/L) pour le gasoil et de 1,79 DH/L pour l’essence. Ces niveaux sont en recul par rapport aux moyennes du premier trimestre, qui étaient respectivement de 1,46 DH/L et 2,07 DH/L.
Plusieurs facteurs peuvent expliquer cette contraction. D’abord, la concurrence entre distributeurs incite à modérer les prix de cession afin de rester compétitifs, ce qui peut réduire les marges. Ensuite, bien que les cours internationaux aient baissé, les distributeurs doivent encore gérer des coûts d’importation, de stockage et de logistique qui n’ont pas suivi cette tendance. De plus, les coûts d’achat fluctuent selon les contrats, sans répercussion immédiate des variations de marché.
Cette situation soulève des questions pour les distributeurs, qui doivent équilibrer leur compétitivité avec la nécessité de maintenir des marges viables. La baisse des marges pourrait également limiter leur capacité à investir dans l’extension de leur réseau ou à améliorer leurs infrastructures.
Alors que la demande en énergie continue de croître, les distributeurs de carburants au Maroc se trouvent face à un défi de taille : maintenir leurs parts de marché tout en conservant une rentabilité suffisante dans un contexte économique instable.
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