Accueil / Société

Cancer du sein : une étude prouve un risque lié à certains polluants de l’air

Temps de lecture

Cancer du sein © DR

Les liens entre pollution et cancer du sein se confirment. Une étude baptisée Xenair, et menée conjointement par six centres de recherche, a analysé l’effet de huit polluants atmosphériques sur le risque de développer un cancer du sein. Deux d’entre eux feraient augmenter ce risque de plus de 15%. Le point avec Hassan Berrada, gynécologue à Casablanca.

Le cancer du sein est une des pathologies qui affaiblit non seulement la santé des personnes qui en souffrent, mais qui affecte aussi leurs finances. Et des milliers de femmes en sont victimes chaque année.

Au Maroc, une femme sur huit risque de développer ce cancer au cours de sa vie. Avec près de 10.500 femmes diagnostiquées chaque année, le Royaume est particulièrement concerné par cette maladie. Cette dernière est la plus répandue de tous les cancers sur le plan national, avec 36% de cas de cancer et 28% des décès dus aux cancers chez la femme. Son incidence standardisée annuelle par rapport à la population marocaine est de 49,5 nouveaux cas pour 100.000 femmes.

Ces statistiques permettent non seulement d’avoir une idée sur l’ampleur du cancer du sein, mais aussi de braquer les projecteurs sur certains facteurs déclencheurs de la maladie. Parmi eux, celui lié à la qualité de l’air.

Lire aussi : Pollution de l’air : risque accru d’arythmies cardiaques et de cancer du poumon

Cancer du sein : les polluants de l’air augmentent les risques

Parmi les facteurs à l’origine du cancer du sein, les causes hormonales et génétiques. Mais, ces causes «ne permettent pas d’expliquer l’ensemble des cas», indique le Centre de lutte contre le cancer, Leon Berard. Ce dernier a participé à une étude baptisée Xenair, financée par la fondation Arc pour étudier le lien entre le risque de cancer du sein et l’exposition chronique à certains polluants atmosphériques.

Jusqu’à alors, plusieurs études avaient «suggéré que l’exposition à des polluants environnementaux, en particulier ceux à effet perturbateur endocrinien, pourrait avoir un rôle dans le développement du cancer du sein», mais les données ne permettaient pas de le confirmer clairement.

Avec le centre Gustave Roussy (région parisienne), l’École centrale de Lyon (sud-est), l’université de Leicester (Royaume-Uni), l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris, basé au nord de Paris) et le centre Bordeaux Population Health (sud-ouest), le Centre Léon Berard a travaillé sur 5.222 cas de cancer du sein diagnostiqués entre 1990 et 2011 et a estimé leur exposition moyenne à huit polluants différents. Leurs résultats ont été comparés avec ceux obtenus par 5.222 autres femmes issues de la même cohorte nationale, mais qui n’ont, quant à elles, pas développé de cancer du sein.

Sur ces huit polluants, cinq sont responsables d’une augmentation du risque de cancer du sein. Le dioxyde d’azote (NO2), émis par le trafic routier ainsi que les appareils au gaz utilisés dans les habitations, ferait ainsi augmenter ce risque d’environ 9% en cas de forte exposition. Même constat pour les particules fines PM10 (issues notamment des poussières de chantier ou des résidus de combustion) et PM25, qui font respectivement augmenter le risque de cancer du sein de 8% et 13%.

Par ailleurs, le benzopyrène (issu de la combustion des matériaux fossiles) et les polychlorobiphényles (utilisés dans la fabrication de transformateurs électriques et de condensateurs) feraient quant à eux augmenter le risque de cancer du sein de 15% et 19%.

En parallèle, l’étude relève également une «baisse continue des expositions des femmes» à l’ensemble de ces polluants, à l’exception de l’ozone. «Les niveaux d’expositions pour les dioxydes d’azote et les particules restent largement au-dessus des recommandations sanitaires actuelles», souligne toutefois le centre Leon Berard.

Lire aussi : Pollution de l’air et santé : il est temps d’agir !

Pollution atmosphérique et cancer du sein : le lien n’est pas clairement établi à ce jour

Interviewé par LeBrief, Hassan Berrada, gynécologue à Casablanca, estime que la prise de conscience de la pollution de l’air est grandissante.

«Si les effets de cette pollution sur la santé sont bien connus (diminution de l’espérance de vie, augmentation de la mortalité), les liens avec les différents cancers, en particulier le cancer du sein, ne sont pas clairement établis à ce jour», précise-t-il.

Et d’ajouter que «le benzopyrène (BP) est un polluant perturbateur endocrinien formé lors de la combustion incomplète de matières organiques. Il a été reconnu comme une substance toxique pour la reproduction et le développement. Cependant, les preuves épidémiologiques de l’effet à long terme du BP de l’air ambiant sur le cancer du sein sont limitées».

Néanmoins, l’exposition atmosphérique au benzopyrène serait un facteur de risque de cancer du sein, en particulier les cancers du sein hormono-dépendants (c’est-à-dire ceux qui expriment des récepteurs aux estrogènes et à la progestérone), souligne le médecin.

Actuellement, poursuit-il, les centres européens et américains de lutte contre le cancer considèrent que seul le cancer du poumon peut être directement lié à la pollution de l’air (avec également des suspicions pour le cancer de la vessie).

Lire aussi : La poussière noire envahit la ville de Kénitra

Enfin, améliorer la qualité de l’air reste un excellent levier pour l’amélioration de la qualité de vie des concitoyens et pour la prévention de nombreuses maladies, dont certainement le cancer du sein. Notons que chaque année, la pollution de l’air tue plus de sept millions de personnes dans le monde, selon l’Organisation mondiale de la santé.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Hajj 1446 : la date de la deuxième phase de règlement fixée

Société - Le ministère des Habous et des Affaires Islamiques communique sur le règlement des frais du Hajj pour la saison 1446

Mbaye Gueye - 29 novembre 2024

La France inaugure son nouveau consulat général à Tanger

Société - Le consulat est installé dans un bâtiment chargé d’histoire, ancienne résidence des consuls généraux jusqu’en 2021.

Mbaye Gueye - 29 novembre 2024

Oujda : réseau de trafic d’or démantelé, cinq arrestations

Société - Cinq individus appréhendés à Oujda par les autorités locales, en collaboration avec la DGST soupçonnés de faire partie d’un réseau international de trafic d’or.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Réhabilitation des forêts à Kénitra : l’ANEF présente les avancées de la stratégie « du Maroc 2020-2030»

Société - L'Agence nationale des eaux et forêts (ANEF) a organisé une visite de terrain dans la forêt de Maâmoura, située dans la province de Kénitra

Farah Nadifi - 29 novembre 2024

Handicap : qui a réellement accès à la scolarité ?

Société - Au Maroc, le droit à l’éducation pour tous est inscrit dans la Constitution et soutenu par divers traités internationaux. Pourtant, pour les enfants en situation de handicap (ESH), ce droit demeure dans bien des cas, théorique.

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2024

Casablanca : lancement dimanche prochain de la 10e édition de Sidaction Maroc

Société - La dixième édition de Sidaction Maroc se déroulera du 1er au 31 décembre, a annoncé l’Association de Lutte Contre le Sida (ALCS).

Farah Nadifi - 28 novembre 2024

Retraites : manifestation prévue, la CIMR répond

Société - La CIMR a publié un communiqué pour rectifier certaines interprétations soulignant qu’elle procède à une revalorisation annuelle.

Ilyasse Rhamir - 28 novembre 2024
Voir plus

Quel est le vrai taux de chômage au Maroc ?

Société - Un jeune Marocain sur deux, âgé de 15 à 24 ans, vivant en milieu urbain, est au chômage selon BAM. Le HCP révèle un taux de 13,6 % et 21,3 % d’après le RGPH.

Ilyasse Rhamir - 19 décembre 2024

Aïn Sebaa : un zoo de 13 hectares prêt pour 2025

Société - Le Conseil communal de Casablanca, sous la direction de Nabila Rmili, a validé le projet de gestion déléguée du zoo de Aïn Sebaa.

Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024

Al Akhawayn alumni association se digitalise

Société - L’Association des lauréats de l’université Al Akhawayn franchit une étape dans sa modernisation en lançant une plateforme numérique.

Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024

Spoliation immobilière : un homme d’affaire écope de six ans de prison ferme

Société - La Chambre criminelle de première instance a condamné Abdallah Boudrika à six ans de prison ferme pour spoliation immobilière.

Mbaye Gueye - 16 décembre 2024

Rabat : les détails du nouveau plan d’aménagement révélés

Société - L'Agence Urbaine de Rabat-Salé a finalement levé le voile sur le projet d’aménagement de la capitale.

Hajar Toufik - 30 août 2023

Recensement 2024 : 36,8 millions d’habitants au Maroc

Société - Le Maroc officialise les chiffres du recensement 2024 : le pays compte désormais 36,8 millions d’habitants.

Ilyasse Rhamir - 7 novembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire