Troisième du genre après celles de juin et d’octobre 2022, cette rallonge budgétaire de 10 milliards de DH (MMDH) vise à améliorer la situation financière de plusieurs ministères et institutions publiques. Elle vise également à financer des programmes déjà engagés ou en cours, dans le cadre de nouvelles conventions-cadres ou de stratégies lancées cette année, ou encore à couvrir les dépenses urgentes face à la problématique de l’eau ou encore aux effets de l’inflation sur le pouvoir d’achat des citoyens.
La mesure actée, mercredi 17 mai 2023, lors du Conseil de gouvernement présidé par Aziz Akhannouch, a été présentée par le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa, dans la matinée de jeudi 18 mai, devant les membres de la commission des finances à la Chambre des représentants. Et ce, conformément aux dispositions de la Loi organique de la Loi de finances (article 60). Elle a ensuite été défendue, mardi 23 mai, devant les Conseillers, lors d’un exposé détaillé.
L’article de loi stipule qu’en cas de nécessité impérieuse et imprévue d’intérêt national, des crédits supplémentaires peuvent être ouverts par décret en cours d’année conformément à l’article 70 de la Constitution. Les commissions parlementaires chargées des finances en sont préalablement informées.
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L’ouverture de ces nouveaux crédits supplémentaires intervient, en effet, dans un contexte difficile, accentué par la sécheresse, les engagements du dialogue social et la persistance des risques liés à la conjoncture internationale toujours aussi incertaine et risquée (crise en Ukraine, inflation, …). En 2022, l’inflation globale a atteint 6,6% avec une croissance du PIB réel à 1,1%, selon les données du Fonds monétaire international (FMI). Pour 2023, l’institution de Bretton Woods table sur une inflation en baisse à 4,6%, avec une croissance projetée à 3%.
Des finances publiques assez solides
Alors que la Loi de finances au titre de l’année 2023 prévoyait la mobilisation de 408 milliards de dirhams, un budget en hausse de 14,8% par rapport à 2022, le gouvernement s’est retrouvé, face à des vents contraires, dans l’obligation d’opérer une rallonge pour soutenir l’économie nationale. Une rallonge que les finances publiques peuvent supporter grâce aux marges budgétaires, selon le ministre délégué chargé du budget, Fouzi Lekjaa.
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Selon lui, les finances publiques sont assez solides pour supporter de telles rallonges. Ceci s’explique par les marges budgétaires que le Maroc a pu dégager grâce à la baisse des prix de certaines matières premières, ce qui devrait soulager légèrement la Caisse de Compensation. En ce sens, Lekjaa a précisé que 26 MMDH lui ont été alloués.
Faouzi Lekjaâ s’est montré rassurant et a fait part de sa confiance dans la solidité des finances publiques, mettant en avant les efforts louables déployés par le gouvernement pour le renforcement de son économie.
Le ministre s’est félicité de la réduction du déficit budgétaire, qui a baissé de 7,1% du PIB en 2020 à 5,9% en 2021 et à 5,1% en 2022. Ce qui signifie que le déficit budgétaire a diminué de plus de 2,6% en moins de deux ans. Un défi que le gouvernement Akhannouch a réussi à relever malgré l’ouverture de crédits supplémentaires, mais à mettre en parallèle avec la période covid.
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Et cette troisième rallonge intervient dans un contexte marqué par la sécheresse qui frappe de plein fouet le pays ainsi que les effets persistants des pressions inflationnistes mondiales. Pour rappel, le FMI avait apporté, en avril dernier, un appui financier au Royaume d’un montant de 5 milliards de dollars sur deux ans, dans le cadre d’une ligne de crédit modulable (LCM), afin de soutenir la mise en œuvre des réformes structurelles destinées à renforcer son économie en pleine crise inflationniste.
Car «malgré cette résilience, l’économie marocaine reste vulnérable à une détérioration de l’environnement économique et financier mondial, à une volatilité accrue des prix des matières premières et à des sécheresses récurrentes. Dans ce contexte, l’accord de la LCM renforcera les coussins extérieurs du Maroc et fournira au pays une assurance supplémentaire contre les risques extrêmes», avait expliqué le Fonds à l’octroi de la LCM.
Une manne qui, comme l’a-t-on indiqué plus haut, devrait permettre d’accompagner de nombreux projets en cours et faire face à la situation économique actuelle, marquée par la persistance de l’inflation et, surtout, un déficit pluviométrique sévère qui frappe le pays de plein fouet pour la deuxième année consécutive, et qui sera répartie comme nous l’exposons en suivant.
4 MMDH au profit de l’ONEE
L’Office national de l’électricité et de l’eau potable (ONEE) bénéficiera ainsi de 4 milliards de dirhams conformément à l’engagement de l’État pour l’année 2023, pour opérationnaliser le contrat-programme couvrant la période 2023-2027, qui sera signé ultérieurement cette année.
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Le gouvernement avait, très tôt, opté pour la préservation du prix de l’électricité, et par conséquent le pouvoir d’achat des citoyens, dont le coût s’avère significatif sur le Budget de l’État.
A ce propos, la ministre de l’Économie et des finances, Nadia Fettah Alaoui, avait relevé, en janvier dernier, que le Budget de l’État supporte 75 dirhams pour 100 dirhams et 125 dirhams pour 200 dirhams payés par le citoyen au niveau de la facture de l’électricité, faisant remarquer que ceci est aussi valable pour l’eau potable.
Rappelons qu’une enveloppe budgétaire d’environ 5 milliards de dirhams avait déjà été allouée en octobre dernier à l’Office.
3,3 MMDH orientés vers la préservation du pouvoir d’achat
Le gouvernement poursuit ainsi son engagement pour la préservation du pouvoir d’achat des ménages. Dans ce sens, pas moins de 3,3 milliards de dirhams seront mobilisés par le gouvernement pour couvrir certaines dépenses liées à la lutte contre l’inflation et à la préservation du pouvoir d’achat des citoyens. Car en un an seulement les Marocains ont perdu en moyenne 1.100 dirhams de leur pouvoir d’achat !
Dans le budget prévisionnel du Haut-Commissariat au plan publié en janvier, l’institution dirigée par Ahmed Lahlimi Alami prévoit une détérioration du pouvoir d’achat de -1,9%. «En 2023, et si on n’assiste pas à une amélioration significative du revenu disponible, le pouvoir d’achat des ménages peut connaître une baisse pour la deuxième année consécutive», avait-il confié le 3 avril 2023.
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Si aucun détail n’est précisé quant aux pourtours de cette allocation, il convient de rappeler qu’au cours du dernier round du dialogue social tenu en avril dernier, les partenaires sociaux avaient convenu de poursuivre les actions et les réflexions communes, au sein d’une commission mixte. Cela devait se faire en présence des différents partenaires sociaux, en vue d’examiner toutes les mesures de nature à améliorer le pouvoir d’achat des citoyens, dans la perspective de la préparation du projet de loi de Finances prochain. Il faudra donc attendre le mois d’octobre pour voir ce que le gouvernement va proposer en ce sens.
«C’est un engagement de transparence et de responsabilité car nous n’avons rien à cacher. Nous présentons le budget, nous en discutons avec les partenaires et nous essayons de parvenir à la meilleure solution qui tienne compte des moyens que nous pouvons mobiliser», avait déclaré, quelques heures avant le 1er mai, le ministre de l’Inclusion économique, de la Petite entreprise, de l’Emploi et des Compétences, Younes Sekkouri, qui avait préalablement affirmé que «le gouvernement est bien conscient que cette question du pouvoir d’achat se pose partout dans le monde et qu’il assume ses responsabilités avec sérieux».
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À cet égard, Sekkouri avait souligné à que le gouvernement a subventionné le gaz butane avec plus de 22 MMDH, et que l’État contribue avec plus de 90 dirhams dans chaque bonbonne de gaz butane acquise par le citoyen, outre le soutien fourni par le gouvernement pour maintenir les prix de certains produits de base (4,8 milliards de dirhams pour le sucre, et 10,5 milliards de dirhams pour le blé).
1,5 MMDH destinés à l’approvisionnement en eau potable
La garantie de la sécurité hydrique, au même titre que la sécurité alimentaire, au profit de tous les citoyens, constitue un défi que le gouvernement s’attèle à relever.
Cette enveloppe de 1,5 MMDH sera dédiée au Programme National pour l’Approvisionnement en Eau Potable et l’Irrigation (PNAEPI) 2020-2027. Une somme qui vise à actualiser le programme et à lui allouer des investissements supplémentaires, portant ainsi son budget global à 143 MMDH.
Ce programme vise à booster les investissements pour renforcer l’offre en eau potable et l’irrigation afin d’améliorer la résilience du Royaume face aux perturbations climatiques. Dans les détails, il s’articule autour de 5 axes, à savoir le développement de l’offre en eau, la gestion de la demande et de la valorisation de l’eau et l’amélioration de l’approvisionnement en milieu rural.
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Et l’un des projets phares en cours concerne le projet d’autoroute de l’eau qui va permettre de transporter l’eau du Bassin du Sebou au Bassin du Bouregreg, et ce, pour sécuriser l’approvisionnement en eau potable des systèmes de Rabat et Casablanca dans une première étape et Marrakech à l’avenir.
Selon les informations présentées devant les députés, la fin des travaux du premier tronçon du projet de liaison entre les bassins est programmée pour juin prochain. Une deuxième tranche du projet pour fournir l’eau à Marrakech et à Safi est également planifiée avec un budget conséquent.
À ces chantiers s’ajoutent également les projets de dessalement de l’eau de mer qui s’imposent aujourd’hui comme solution incontournable, nécessitant des investissements importants pour accélérer la réalisation.
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Selon les données de la Banque mondiale, la part des ressources en eau disponible par habitant au Maroc a chuté de 2.560 m3 à 620 m3 entre 1960 et 2020, un niveau en dessous de la moyenne recommandée de 1.000 m3.
L’institution financière estime d’ailleurs que ce niveau pourrait encore diminuer d’ici 2050, pour atteindre 500 mètres cubes par habitant, rapprochant ainsi le Royaume du seuil international de «pénurie extrême d’eau».
1,2 MMDH pour la feuille de route du tourisme
Enfin, dans le cadre de la feuille de route du tourisme pour la période 2023-2026, un montant de 1,2 MMDH a été alloué. Cette stratégie vise à attirer 17,5 millions de touristes d’ici 2026 et dispose d’un budget total de 6,1 milliards de dirhams sur une durée de 4 ans. Le but est de permettre au Maroc de se positionner parmi les plus grandes destinations touristiques mondiales.
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Il convient de noter que le tourisme national enregistre une reprise importante grâce aux efforts déployés par le gouvernement et les opérateurs du secteur. La situation est telle que les chiffres enregistrés actuellement permettent de dépasser les indicateurs d’avant la crise liée à la pandémie.
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Raison pour laquelle les responsables souhaitent maintenir la même dynamique à travers la mise en œuvre de la stratégie nationale. Et pour atteindre ses objectifs, cette feuille de route entend transformer le secteur du tourisme en agissant sur tous les leviers essentiels, à savoir une nouvelle logique de l’offre articulée autour de l’expérience client et structurée autour de 9 filières thématiques et 5 filières transverses, un plan offensif pour doubler la capacité aérienne et le renforcement de la promotion et du marketing, avec une importance particulière accordée au digital.
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