Accueil / Économie

Blé : l’interdiction d’exportation de l’Inde secoue les marchés internationaux

Temps de lecture

Image d'illustration © DR

Les prix du blé ont augmenté ce lundi 16 mai après que l’Inde a annoncé interdire l’exportation de ce produit de base. Cette décision vient accentuer la pression sur les coûts des denrées alimentaires alors que l’offre mondiale a fortement baissé, en raison de l’invasion russe en Ukraine. Une crise qui bouleverse désormais les marchés internationaux, notamment ceux de l’Afrique.

Les prix du blé ont augmenté de plus de 60% cette année, en raison des effets de l’invasion de l’Ukraine par la Russie. À eux seuls, ces deux pays représentent près d’un tiers des exportations mondiales de blé. L’Inde, deuxième producteur mondial de blé après la Chine, avait ainsi comblé le vide laissé sur les marchés par la baisse de la production ukrainienne. Pour ce faire, New Delhi a utilisé les exceptionnels sept millions de tonnes de blé que le pays a récolté en 2021.

De plus, le premier ministre indien, Narendra Modi, avait assuré début mai, lors de sa tournée en Europe, que son pays «est déterminé à répondre de manière coordonnée et multilatérale au risque d’aggravation de la crise alimentaire dû au conflit en Ukraine».

Cependant, après que l’inflation en Inde a atteint son niveau le plus élevé depuis huit ans, suite à la hausse des prix alimentaires, le gouvernement a décidé ce dimanche 15 mai d’interdire ses exportations de blé. Il a indiqué qu’il y aura quelques exceptions «afin de gérer la sécurité alimentaire globale du pays et de répondre aux besoins des pays voisins et des autres pays vulnérables».

Moins de 24 heures après l’annonce de cette suspension, la Bourse de Chicago a révélé que le prix du blé de variété SRW a atteint 12,3525 dollars, soit en hausse de 4,90%. Cette crise risque également d’impacter les contrats déjà signés par le l’Inde et qui doivent être respectés. C’est d’ailleurs le cas «d’une livraison de 500.000 tonnes de blé à l’Égypte qui est en cours de négociation», a précisé Damien Vercambre, courtier pour le cabinet Inter-Courtage.

Lire aussi : Agriculture : signature de conventions d’appui en faveur de 15 coopératives et jeunes entreprises

Aggravation de l’inflation en Inde

Ce changement soudain est intervenu à la suite de deux mois de canicule en Inde, où les températures ont atteint 45°C dans une grande partie de la région dédiée à la culture du blé. Et le soulagement escompté de la mousson annuelle pourrait tarder à venir cette année.

La flambée des prix des denrées alimentaires et du carburant a aussi incité la Banque d’Inde à relever ses taux d’intérêt en ce mois de mai, et ce, pour la première fois en quatre ans.

En outre, l’interdiction d’exportation de blé a été annoncée quelques jours seulement après que le ministère américain de l’Agriculture a prévenu que la production mondiale va baisser, pour la première fois en quatre ans, en 2022-23.

Le Programme alimentaire mondial des Nations Unies a, de son côté, souligné que la guerre en Ukraine a exposé la fragilité des chaines d’approvisionnement mondiales à des chocs soudains, avec de graves conséquences pour la sécurité alimentaire.

Lire aussi : Agriculture : adoption de deux projets de loi

Impact sur l’Afrique et le Maroc

Bien qu’elle ne soit pas l’un des principaux exportateurs de blé au monde, l’interdiction de l’Inde pourrait faire grimper les prix mondiaux, affectant particulièrement les consommateurs vulnérables d’Asie et d’Afrique.

Nabil Adel, enseignant-chercheur en géopolitique, nous a confirmé que «la conséquence immédiate de cette décision serait une augmentation des prix». Mais, poursuit-il, «ce qui est à craindre le plus, c’est une rupture de la chaine d’approvisionnement. Au-delà de l’inflation, cela risque de provoquer une pénurie mondiale de blé».

Malgré ses assurances que certains pays ne seront pas concernés par cette suspension, le gouvernement indien va se baser sur des facteurs et des intérêts géopolitiques pour déterminer qui va profiter de ses exportations. Selon notre interlocuteur, «l’Inde pourrait plus donner de priorité à des pays exportateurs de gaz ou de pétrole en raison de la crise inflationniste dont elle souffre actuellement».

S’agissant du Maroc, Nabil Adel estime que le Royaume compte plusieurs partenaires internationaux dans le secteur, notamment les États-Unis, la France, le Canada, l’Ukraine et la Russie. «Il dispose en plus d’une production de blé locale. De ce fait, sa sécurité alimentaire n’est pas en jeu. Néanmoins, il pourrait faire face à une hausse de prix, dans le cadre de la vague inflationniste mondiale actuelle», conclut-il.

Par ailleurs, le ministère de l’Agriculture a noté que les 32 millions de quintaux de la récolte céréalière prévisionnelle feront figurer la campagne 2021-2022 parmi les plus faibles de l’histoire du Maroc. Cette quantité ne représente même pas la moitié de la moyenne standard de cette production, qui était de 70 millions de quintaux ces dernières années. Toutefois, l’impact de cette baisse sur le Produit intérieur brut agricole (PIBA) ne sera pas très lourd. Et ce, grâce aux cultures printanières et à l’arboriculture notamment, dont les performances ont été excellentes.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Bank Al Maghrib : réduction du taux directeur à 2,5%

Économie - Le Conseil de Bank Al Maghrib (BAM) a annoncé, lors de sa dernière réunion trimestrielle, une baisse de son taux directeur de 25 points de base.

Rédaction LeBrief - 17 décembre 2024

Cryptomonnaies : le Maroc se prépare à encadrer le marché

Économie - Les autorités financières nationales ont décidé de passer de l’interdiction pure à la régulation de la cryptomonnaie.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024

Attijariwafa bank : visa de l’AMMC pour l’émission d’un emprunt obligataire subordonné de 1,5 MMDH

Économie - L'Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) a annoncé avoir visé, vendredi dernier, un prospectus relatif à l'émission d'un emprunt obligataire subordonné d'un montant global maximal de 1,5 MMDH.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024

Entrepreneuriat : plus de 68.000 entreprises créées en 2024

Économie - Selon les derniers chiffres dévoilés par l’OMPIC, 68.263 entreprises ont vu le jour au Maroc au cours des 9 premiers mois de 2024.

Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024

Intermédiaires d’assurances : l’ACAPS a émis 284 décisions en 2023 (rapport)

Économie - L'ACAPS a émis 284 décisions relatives aux intermédiaires d'assurances en 2023, contre 264 décisions en 2022.

Mbaye Gueye - 17 décembre 2024

Marrakech accueille le congrès annuel de KATA pour séduire le marché touristique coréen

Économie - L’Office National Marocain du Tourisme, a réussi un coup stratégique en accueillant, pour la première fois, le congrès annuel de KATA, à Marrakech.

Ilyasse Rhamir - 16 décembre 2024

Un volume d’échanges de 1,21 MMDH à la Bourse de Casablanca

Économie - La bourse de Casablanca a clôturé, ce lundi, avec un volume global des échanges qui a dépassé 1,2 milliards de dirhams (MMDH)

Mbaye Gueye - 16 décembre 2024

Bourse de Casablanca : près de 4,2 MMDH levés, 6 IPO opérées sur 4 ans

Économie - Depuis 2020, la bourse de Casablanca a réalisé six introductions en bourse (Initial Public Offering) pour un montant global souscrit à 82,3 s MMDH, avec des levées de près de 4,2 MMDH.

Mbaye Gueye - 16 décembre 2024
Voir plus

Nadia Fettah présente une vision ambitieuse pour la finance en Afrique

Économie - À l’occasion du AFIS 2024 tenu à Casablanca, Nadia Fettah a esquissé une feuille de route pour faire de la finance un levier de développement durable en Afrique.

Rédaction LeBrief - 9 décembre 2024

Mbarka Bouaida fait le point sur les réalisations dans la province de Sidi Ifni

Économie - « Cette réhabilitation va aussi améliorer l’attractivité du port, et ainsi attirer davantage d’investisseurs », Mbarka Bouaida.

Rédaction LeBrief - 5 novembre 2024

Les oasis : une richesse fragile à préserver

Économie - Les oasis abritent un patrimoine culturel et naturel inestimable maiss subissent une pression croissante, en raison de la baisse des ressources en eau.

Ilyasse Rhamir - 5 décembre 2024

5G au Maroc : un défi technologique avant le Mondial 2030

Économie - À l’approche du Mondial 2030, le Maroc aspire à intégrer pleinement la 5G dans son paysage technologique.

Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024

Tourisme : Marrakech affiche déjà presque complet pour le Nouvel An

Économie - La plupart des grands hôtels de la ville ocre affichent déjà des taux de réservation qui se rapprochent des 70%.

Manal Ben El Hantati - 28 novembre 2022

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire