Temps de lecture : 5 minutes
Temps de lecture : 5 minutes
Temps de lecture : 5 minutes
La situation des finances publiques s’est complexifiée en 2024, avec un besoin de financement qui s’élève à 52,3 milliards de dirhams (MMDH) à fin octobre, contre 47,7 MMDH à la même période en 2023. Cette augmentation du besoin de financement, présentée dans le dernier rapport du ministère de l’Économie et des Finances sur la situation des charges et ressources du Trésor (SCRT), met en lumière les défis économiques auxquels le pays doit faire face. La gestion du déficit budgétaire et le financement des dépenses publiques deviennent une priorité pour les autorités marocaines, d’autant plus que la situation internationale et les répercussions de la crise sanitaire continuent d’affecter les finances de l’État. Cet article se penche sur les principaux éléments de cette situation et examine les mécanismes financiers déployés pour y répondre.
Une hausse du besoin de financement : causes et conséquences
Le besoin de financement du Trésor public marocain à fin octobre 2024 atteint 52,3 MMDH, soit une hausse significative par rapport à l’année précédente (47,7 MMDH). Cette évolution s’explique par plusieurs facteurs.
Le besoin de financement est directement lié au déficit budgétaire, qui résulte de l’écart entre les recettes et les dépenses de l’État. Si les recettes fiscales sont restées relativement stables, les dépenses, notamment en matière de subventions, de salaires et d’investissements, ont augmenté. Le Maroc continue de financer plusieurs projets d’envergure tout en maintenant ses engagements sociaux, ce qui entraîne une pression sur les finances publiques. Ce déficit s’est donc creusé, nécessitant des ressources extérieures et domestiques pour être couvert.
Lire aussi : Trésor : un déficit budgétaire de 32,4 MMDH à fin septembre 2023
Pour combler ce besoin de financement, le Maroc a eu recours à l’emprunt, notamment sur le marché domestique. Les mobilisations nettes sur le marché intérieur se sont élevées à 53,7 MMDH, contre seulement 5,5 MMDH pour les emprunts extérieurs. L’endettement intérieur repose principalement sur des souscriptions d’emprunts (172,4 MMDH), compensées par des remboursements en principal (118,7 MMDH). Si ces emprunts permettent de stabiliser la situation à court terme, l’augmentation de la dette intérieure pose des risques à long terme, notamment en termes de pression sur les taux d’intérêt et sur la capacité de remboursement.
La hausse du besoin de financement se produit également dans un contexte économique incertain. Les répercussions économiques de la pandémie, les tensions géopolitiques et les fluctuations des prix des matières premières ont ralenti la croissance économique. Ces facteurs ont rendu plus difficile l’atteinte des objectifs fiscaux, notamment en termes de collecte des impôts et de croissance économique.
Les mécanismes de financement mis en place pour répondre au besoin croissant
Face à un besoin de financement croissant, le gouvernement marocain a adopté plusieurs stratégies pour assurer la couverture de son déficit. Ces mécanismes incluent une combinaison d’emprunts domestiques, d’emprunts extérieurs et de gestion rigoureuse de la trésorerie.
Le marché domestique reste la principale source de financement du Trésor public, avec des emprunts totalisant 53,7 MMDH à fin octobre 2024. Ce recours à l’endettement intérieur est crucial pour maintenir les équilibres budgétaires, mais il présente aussi des risques. En effet, la hausse de la dette publique intérieure peut avoir des conséquences sur l’ensemble de l’économie, notamment en augmentant la pression sur les taux d’intérêt et en limitant la capacité de l’État à emprunter à des conditions favorables à l’avenir. Le gouvernement devra trouver un juste équilibre entre les besoins de financement immédiats et la gestion de la dette à long terme.
Le recours à l’endettement extérieur représente un levier important pour le Trésor marocain, mais reste limité à 5,5 milliards de dirhams. Ce financement est moins coûteux que l’emprunt intérieur en raison de taux d’intérêt plus bas, mais il expose le Maroc à des fluctuations des marchés internationaux et à des risques de change. De plus, la dépendance aux emprunts étrangers peut limiter la marge de manœuvre du pays dans ses choix économiques, notamment en période de crise mondiale ou de récession économique.
Lire aussi : Les recettes fiscales en hausse dans les collectivités territoriales
Afin de maintenir un équilibre budgétaire, le gouvernement marocain met également en œuvre des politiques de gestion stricte des finances publiques. La gestion de la trésorerie et la rationalisation des dépenses publiques sont des leviers importants pour limiter les besoins de financement. Le document sur la situation des charges et ressources du Trésor (SCRT) présente une analyse détaillée des recettes et des dépenses de l’État, ce qui permet d’ajuster la politique budgétaire en fonction des réalités économiques. Cette approche transparente et rigoureuse vise à renforcer la crédibilité financière du pays auprès des investisseurs et des bailleurs de fonds internationaux.
Le besoin de financement du Trésor marocain à fin octobre 2024 met en lumière les défis économiques auxquels le pays fait face. Bien que le recours à l’endettement domestique et extérieur ait permis de couvrir ce besoin, il reste essentiel que le gouvernement continue à maîtriser la gestion de la dette pour éviter des pressions financières excessives à long terme. La situation des finances publiques devrait également conduire à une réévaluation des priorités budgétaires, afin de garantir la soutenabilité de la dette tout en poursuivant les objectifs de développement économique et social. La transparence et la rigueur dans la gestion des finances publiques seront déterminantes pour assurer la stabilité économique du Maroc dans les années à venir.
Temps de lecture : 5 minutes
RGPH 2024 : les instructions du Roi à AkhannouchDans une lettre adressée au chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, au sujet du 7ᵉ RGPH, le Roi a indiqué que le renouvellement périodique de… |
Emploi et investissement : Akhannouch défend son bilanCette séance a été l'occasion pour le chef du gouvernement de justifier les choix d'investissement effectués. Il a présenté les divers plans… |
Montée de l’extrême droite : quel avenir pour les relations maroco-européennes ?Les résultats des récentes élections européennes ont marqué un tournant dans la dynamique politique du Vieux Continent, particulièrement per… |
Loi sur la grève : un dialogue intensifié pour un accord imminentDepuis l'indépendance, le Maroc a reconnu le droit de grève et l'a inscrit dans sa Constitution, un pilier fondamental de toute société démo… |
Une alliance renouvelée : les dessous de la réconciliation franco-marocaineLa France renoue avec le Maroc dans un élan diplomatique visant à fortifier les alliances en matière de sécurité et de défense, sur fond d’a… |
Au carrefour des crises : la métamorphose du partenariat Maroc-UELancée en 2004, la Politique européenne de voisinage (PEV) s'est imposée comme le cadre régissant les interactions de l'Union européenne ave… |
Parlement : la charte d’éthique est-t-elle la solution miracle ?Dans le cadre de la lutte contre la corruption, la Cour constitutionnelle a démis plusieurs parlementaires de leurs fonctions. Pour certaine… |
Bilan de mi-mandat : l’opposition dénonce, le gouvernement répliqueLes quatre partis d’opposition (USFP, MP, PPS, PJD) ont vivement critiqué la politique socio-économique de l’exécutif lors de leur intervent… |