Banque mondiale (BM) © DR
La Banque mondiale (BM) a publié, le 14 février, son dernier rapport de suivi de la situation économique au Maroc. D’après les projections de l’institution financière internationale, la croissance économique au Royaume devrait atteindre 3,1% en 2023, contre 3,5% annoncé un mois auparavant. Elle table sur une hausse de 9% du Produit intérieur brut (PIB) agricole, après -15,1% en 2022. «Bien que le début de la campagne agricole ait été relativement humide (…) le Maroc pourrait revivre le même scénario que l’année dernière avec un niveau de récoltes faible, réduisant la croissance économique que nous prévoyons pour 2023 de près d’un point de pourcentage», indique la BM, dans son rapport intitulé “Le Maroc face aux chocs d’offres”.
En revanche, les estimations de la BM restent supérieures à celles de Bank Al-Maghrib et du FMI (3%). Mais elles sont moins optimistes que les prévisions de l’Organisation des Nations unies (3,6%) et du gouvernement (4%).
S’agissant de l’inflation au Maroc, les économistes de l’institution de Bretton Woods s’attendent à un repli, passant de 6,6% en 2022 à 4% cette année. De même, le déficit du compte courant passerait de 4,1% en 2022 à 3,7% en 2023. Quant au déficit budgétaire, il baisserait de 5,1% en 2022 à 4,6% cette année.
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L’impact sur les ménages marocains
Le rapport de l’institution financière internationale a consacré toute une partie au pouvoir d’achat des ménages au Maroc. La BM a souligné que «le gouvernement a décidé de maintenir les prix réglementés du gaz, du blé et de l’électricité, et a canalisé des allocations budgétaires supplémentaires vers la caisse de compensation (l’entité qui finance les subventions des prix) et le secteur des entreprises publiques, pour un montant total de 33,4 milliards de DH».
Sans oublier les aides qui sont versées aux professionnels du transport pour faire face à la hausse des prix des carburants. En outre, l’exécutif a consacré un budget pour soutenir les secteurs agricole et touristique. Cela a entraîné une hausse de 14,5% des dépenses publiques en 2022.
En dépit de ces mesures, la flambée de prix des produits alimentaires continue d’impacter les ménages modestes et vulnérables. L’alimentation représente près de la moitié des dépenses des familles les plus pauvres, contre un cinquième pour les plus aisées. «Les ménages les plus pauvres sont non seulement confrontés à des prix plus élevés, mais ont également des possibilités plus limitées d’ajuster leur comportement de consommation pour faire face au choc, car ils disposent de moins de ressources, notamment actifs, épargne ou soldes de précaution», explique-t-elle.
Lire aussi : Crise économique : le FMI évalue la performance du Maroc
La BM salue la réforme de la protection sociale
La Banque mondiale s’est aussi attardée sur la grande réforme de la protection sociale au Royaume. Celle-ci repose sur le ciblage des aides publiques aux personnes vulnérables. Jesko Hentschel, directeur pays de la BM pour le Maghreb et Malte, a affirmé que «les mesures récentes visant à contrer les chocs d’offres et à préserver le pouvoir d’achat des ménages marocains ont atténué l’impact dans une large mesure, et empêché que davantage de personnes ne tombent dans la pauvreté. Le déploiement prévu du système d’allocations familiales permettra au Maroc de cibler efficacement la population vulnérable de manière rentable et équitable afin de faire face aux hausses de prix d’une telle ampleur».
Enfin, l’institution internationale souligne que le gouvernement est conscient des limites du système de subventions actuel. Comme solution, il œuvre à l’universalisation du programme d’allocations familiales dans le cadre d’une réforme plus large du système de santé et de la protection sociale. Les économistes de la Banque mondiale suggèrent aussi de compléter les mesures anti-inflationnistes en introduisant des politiques structurelles. Elles pourraient inclure «des initiatives ou des actions permettant de remédier aux goulots d’étranglement existants dans les marchés alimentaires, où l’écart important entre les prix à la production et les prix de détail».
Quand la croissance des recettes ne freine pas le déficit
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