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Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé, lors de sa dernière réunion trimestrielle au titre de l’année 2022, tenue ce mardi 20 décembre, de relever le taux directeur à 2,5%.
Dans un communiqué, BAM explique que cette décision intervient pour «prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et favoriser le retour de l’inflation à des taux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix». Contacté par LeBrief, l’économiste Nabil Jedlane avait anticipé cette révision à la hausse du taux directeur. Selon lui, les autorités monétaires veulent «renvoyer un signal fort au marché sur leur volonté de maintenir la stabilité des prix puisque l’inflation a continué sa progression en octobre dernier, sans pour autant saper la croissance économique et le moral des agents économiques surtout suite à l’amélioration de la pluviométrie de ce dernier mois. Il ne faut pas oublier également que la Réserve fédérale américaine et la Banque centrale européenne ont également augmenté leurs taux directeur lors de leurs dernières réunions».
Pour rappel, le Conseil de BAM avait déjà procédé à une hausse similaire le 27 septembre lors de sa troisième réunion de l’année en cours.
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Inflation globalement très élevée
Lors de sa réunion, le Conseil de BAM a analyse? l’évolution récente de la conjoncture économique internationale. Il a relevé que celle-ci reste marquée par l’enlisement du conflit en Ukraine, la fragmentation ge?opolitique et économique et les séquelles de la pandémie de la Covid-19.
Malgré des signes d’atténuation dans certains pays, l’inflation demeure globalement tre?s élevée, ce qui amène les banques centrales a? poursuivre le resserrement, largement synchronise?, de leurs politiques monétaires. En conséquence, les perspectives de l’économie mondiale continuent de se détériorer avec une forte décélération de la croissance attendue en 2023.
À l’échelle nationale, cet environnement pèse sur l’activité économique et sur l’évolution de l’inflation. Cette dernière va devoir continuer à enregistrer des taux élevés pour une période bien plus longue que prévu en septembre, impactée notamment par les pressions externes qui se diffusent aux biens et services non échangeables et par la mise en œuvre de la réforme du système de compensation à partir de 2024.
En effet, tenant compte des données les plus récentes, l’inflation devrait ressortir, selon BAM, à 6,6% en 2022, après 1,4% en 2021. Elle est tirée essentiellement par l’accélération de la hausse des prix des produits alimentaires et des carburants et lubrifiants. Elle se situerait par la suite à 3,9% en moyenne en 2023 avant d’enregistrer un nouveau rebond en 2024 à 4,2%, en lien avec la décompensation programmée des prix des produits subventionnés.
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Net ralentissement de la croissance économique en 2022
Au niveau national, et après le rebond de 7,9% enregistré en 2021, la croissance économique marquerait, selon les projections actualisées de BAM, un net ralentissement cette année à 1,1%. Cela est le résultat d’un recul de 15% de la valeur ajoutée agricole et d’une décélération à 3,4% du rythme des activités non agricoles.
En 2023, elle s’accélérerait à 3%, portée par la hausse de 7% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’un retour à une production céréalière moyenne. La croissance des activités non agricoles, quant à elle, décélèrerait à 2,4%, pâtissant en particulier de la détérioration de l’environnement externe.
En 2024, la croissance se situerait à 3,2%, recouvrant des accroissements de 1,8% de la valeur ajoutée agricole, sous l’hypothèse d’une production agricole moyenne, et de 3,5% de celle des activités non agricoles.
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Une forte dynamique des échanges
Sur le plan des comptes extérieurs, l’année 2022 est marquée par une forte dynamique des échanges. Les exportations ressortiraient ainsi en amélioration de 32,3%, tirées essentiellement par les ventes du phosphate et dérivés, à la faveur de la hausse des cours, et de celles du secteur de l’automobile. Leur progression décélèrerait à 2,7% en 2023, avec des baisses pour le phosphate et dérivés et les produits agricoles et agro-alimentaires, avant une quasi-stagnation en 2024.
En parallèle, les importations augmenteraient de 38,4% en 2022, recouvrant essentiellement un alourdissement de 102,1% de la facture énergétique à 153,2 milliards de DH (MMDH), un accroissement des achats des demi-produits et un rebond de 89,9% à 27,2 MMDH des approvisionnements en blé. Elles devraient se replier de 3% en 2023, avec notamment des diminutions de 13% de la facture énergétique et de 41,2% des approvisionnements en blé, puis progresser de 1,1% en 2024.
S’agissant des recettes voyages, elles termineraient l’année avec un bond record à 88,8 MMDH après 34,3 milliards en 2021, et connaitraient une quasi-stagnation en 2023 puis une amélioration de 5,5% à 94,1 milliards en 2024.
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Augmentation des transferts des MRE en 2022
Pour leur part, les transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) ressortiraient en augmentation de 12,9% à 105,8 MMDH en 2022, reculeraient de 4% à 101,5 milliards en 2023, en raison notamment de la détérioration des conditions économiques dans les pays d’accueil, puis s’inscriraient en hausse atteignant près de 104 MMDH en 2024. Dans ces conditions, le déficit du compte courant se creuserait de 2,3% du PIB en 2021 à 3,3% en 2022 avant de s’atténuer à 2,1% en 2023 puis à 1,9% en 2024. Concernant les IDE, les recettes avoisineraient l’équivalent de 3% du PIB cette année et 3,2% du PIB annuellement sur les deux prochaines années.
Au total, et sous l’hypothèse notamment de la concrétisation des financements extérieurs prévisionnels du Trésor, les avoirs officiels de réserves s’établiraient à 341,7 MMDH en 2022 avant de s’élever à 362,9 milliards à fin 2023 puis à 371 milliards en 2024. Ils représenteraient ainsi l’équivalent de 5 mois et 18 jours d’importation de biens et services en 2022 et près de 6 mois au terme de 2023 et de 2024.
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