Bank Al-Maghrib prépare le lancement du marché secondaire des créances en souffrance
Vue aérienne de Bank al-Maghrib. © DR
La Banque centrale du Maroc, Bank Al-Maghrib (BAM), s’apprête à lancer une réforme majeure pour le secteur bancaire : la création d’un marché secondaire des créances en souffrance. Annoncé le 28 novembre 2024 par le directeur général de la BAM, Abderrahim Bouazza, ce projet ambitionne de lever les obstacles juridiques et d’assouplir les processus de gestion des créances impayées. Cette initiative répond à une problématique importante pour les établissements bancaires marocains, où les créances en souffrance représentent un fardeau lourd sur les bilans. Un marché secondaire bien structuré pourrait ainsi alléger cette pression, tout en offrant de nouvelles perspectives pour la gestion des créances en souffrance, qui ont plus que doublé en dix ans, atteignant près de 100 milliards de dirhams.
Les créances en souffrance : un fardeau pour les banques marocaines
Les créances en souffrance sont des créances bancaires qui présentent un risque élevé de non-recouvrement. Elles se divisent en trois catégories : les créances pré-douteuses, les créances douteuses, et les créances compromises, chacune représentant un degré différent de risque. Selon la circulaire n°19 du 23 décembre 2002, ces créances sont celles pour lesquelles le remboursement semble incertain, soit en raison de la détérioration de la capacité de remboursement immédiate du débiteur, soit en raison d’une situation financière dégradée.
Le directeur général de BAM, Abderrahim Bouazza, a souligné que l’encours des créances en souffrance a plus que doublé au cours des dix dernières années, atteignant aujourd’hui plus de 98 milliards de dirhams. Cela représente environ 8,6% du total des crédits des banques marocaines et près de 7% du PIB du pays. Cette augmentation significative des créances en souffrance découle de plusieurs facteurs, notamment la conjoncture économique difficile, les difficultés sectorielles, et le surendettement des ménages et des entreprises. De plus, les impacts de chocs économiques récents, dont les effets ne sont pas encore visibles dans les bilans bancaires, pourraient accentuer cette problématique.
Lire aussi : COP 29 : les engagements de Bank Al-Maghrib pour réduire les risques climatiques
La gestion des créances en souffrance a des conséquences lourdes pour les établissements bancaires. Elles génèrent des coûts élevés liés à leur recouvrement, qu’il soit amiable ou judiciaire, et immobilisent une part importante des fonds propres des banques, qui sont nécessaires pour répondre aux exigences de solvabilité imposées par la réglementation. De plus, ces créances affectent la liquidité des banques, un problème particulièrement préoccupant dans un contexte économique incertain. Selon BAM, les besoins moyens de liquidité des banques marocaines s’élèvent à environ 120 milliards de dirhams. Le marché secondaire des créances en souffrance pourrait offrir une solution en permettant aux établissements de céder ces créances à des acteurs spécialisés, allégeant ainsi leur bilan et améliorant leur liquidité.
Le marché secondaire des créances en souffrance : un tournant pour le secteur bancaire
Le projet de loi sur la création du marché secondaire des créances en souffrance est une réforme qui entend lever les obstacles juridiques actuellement en place et simplifier les modalités de gestion des créances impayées. Actuellement, les créances en souffrance restent inscrites dans les bilans bancaires pendant de longues périodes en raison des délais liés à leur recouvrement. Cela est d’autant plus compliqué par l’exigence fiscale de maintenir ces créances en bilan pendant au moins cinq ans, même après l’épuisement de toutes les voies de recours.
L’une des innovations majeures du projet de réforme est la suppression de l’exigence de consentement du débiteur pour la cession des créances. En d’autres termes, les banques pourront céder leurs créances en souffrance à d’autres entités sans devoir obtenir l’accord des débiteurs concernés, ce qui simplifie grandement le processus. La réforme prévoit également une simplification des procédures de notification des avis de recouvrement, ce qui permet de réduire les délais de traitement des créances.
Ce marché secondaire permettra aux banques de céder leurs créances en souffrance à des acteurs spécialisés qui pourront les gérer de manière plus efficace. Les créances seront ainsi cédées dans des conditions transparentes, et leur gestion sera assurée par des acteurs dédiés, ce qui réduira les coûts pour les banques. Cela aura des effets positifs sur la solvabilité des banques, leur liquidité, et par conséquent, sur la stabilité du système financier dans son ensemble.
Lire aussi : BAM : les dépôts bancaires ont progressé de 8,2% à fin septembre
Ce projet de réforme a été piloté par un comité interinstitutionnel, sous l’égide du Secrétariat général du gouvernement, qui a impliqué plusieurs ministères et institutions publiques. Il a également fait l’objet d’une concertation avec les acteurs du secteur bancaire afin d’adapter le cadre légal aux réalités du marché. Cette approche inclusive a permis de mieux cerner les défis opérationnels liés à la mise en place du marché secondaire et d’ajuster la réforme en conséquence.
En outre, le marché secondaire des créances en souffrance pourrait avoir des répercussions positives pour l’ensemble de l’économie marocaine. En réduisant l’impact des créances impayées sur les banques, il permettrait d’améliorer leur capacité à accorder de nouveaux crédits, soutenant ainsi l’investissement et la croissance économique. Par ailleurs, cette réforme contribuerait à renforcer la transparence du système financier, un facteur clé pour attirer davantage d’investissements étrangers.
Le lancement de ce marché secondaire est donc une étape décisive pour l’évolution du secteur bancaire au Maroc. Il répond à un besoin urgent d’assainir les bilans des banques, de renforcer leur stabilité et d’améliorer leur fonctionnement global. Le projet bénéficie d’un large soutien des institutions publiques et du secteur bancaire, et sa mise en œuvre pourrait avoir des retombées positives pour toute l’économie nationale.
Gestion des déchets : la BM approuve un financement de 250 millions de dollars pour le Maroc
Économie - La Banque mondiale a approuvé le financement d’un montant de 250 millions de dollars pour la gestion des déchets.
Mbaye Gueye - 27 novembre 202429,93% de taxes sur les tomates égyptiennes
Économie - L’instauration d’un droit antidumping de 29,93% sur les importations de conserves de tomates en provenance d’Égypte.
Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024FMI : le Maroc est sur la bonne voie pour maîtriser le ratio dette/PIB
Économie - Selon le FMI, le ratio de la dette devrait continuer à diminuer pour atteindre 68,3% en 2025, 67,2% en 2026 et 65% en 2029.
Mbaye Gueye - 27 novembre 2024Participation active du Maroc au Conseil exécutif de l’ONU Tourisme
Économie - La session a permis au Royaume de mettre en avant sa résilience et ses performances remarquables dans le secteur.
Mbaye Gueye - 27 novembre 2024910.000 emplois pour les sans-diplôme : un plan ambitieux
Économie - Le gouvernement dévoile une nouvelle stratégie ambitieuse pour combattre le chômage parmi les non-diplômés.
Ilyasse Rhamir - 27 novembre 2024Aéroport Essaouira-Mogador : hausse de près de 30% du trafic des passagers à fin septembre
Économie - L'aéroport international Essaouira-Mogador a enregistré une hausse de 29,7% du trafic des passagers à fin septembre 2024.
Mbaye Gueye - 27 novembre 2024Jouahri : les régulateurs financiers marocains face aux défis du risque climatique
Économie - Les régulateurs financiers marocains sont particulièrement sensibles aux risques climatiques, a affirmé Abdellatif Jouahri
Farah Nadifi - 26 novembre 2024Soutien public à la presse : les modalités fixées
Économie - Le gouvernement a publié une décision conjointe qui fixe les plafonds d’aide à la gestion pour les secteurs de la presse.
Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024Le déficit commercial du Maroc se creuse de 6,5% à fin novembre
Économie - Le déficit commercial du Maroc a connu une nouvelle aggravation à fin novembre 2024, atteignant 275,74 milliards de dirhams.
Ilyasse Rhamir - 31 décembre 2024Agroalimentaire au Maroc : quel potentiel ?
Économie - Le Maroc est un pays à vocation agricole qui présente un fort potentiel pour devenir un grand exportateur de produits alimentaires.
Khadija Shaqi - 9 septembre 2022Tourisme : l’aérien vise 8,2 millions de sièges en 2023
Khadija Shaqi - 21 décembre 2022Union africaine : bilan du 36e Sommet de l’organisation
Afrique, Économie, Politique, Politique - Clap de fin dimanche pour la 36e session ordinaire du Sommet de l'UA, où une dizaine de résolutions ont été adoptées.
Manal Ben El Hantati - 20 février 2023Chômage au Maroc : des chiffres qui inquiètent
Économie - La sécheresse a fortement impacté le marché de l’emploi. Le taux de chômage n’a pas baissé au premier trimestre de 2024.
Mbaye Gueye - 8 mai 2024Transformation digitale : levier clé pour l’éducation et l’emploi ?
Économie - Transformation digitale, tendances émergentes et impact de l'intelligence artificielle sur le marketing digital au cœur du débat.
Sabrina El Faiz - 8 octobre 2024Bourse de Casablanca : près de 4,2 MMDH levés, 6 IPO opérées sur 4 ans
Économie - Depuis 2020, la bourse de Casablanca a réalisé six introductions en bourse (Initial Public Offering) pour un montant global souscrit à 82,3 s MMDH, avec des levées de près de 4,2 MMDH.
Mbaye Gueye - 16 décembre 2024L’inflation attendue à 0,8% au T4-2024 (BAM)
Économie - BAM a indiqué l’inflation au Maroc devrait revenir à 0,8% au quatrième trimestre (T4) 2024, après 1,3% le trimestre précédent.
Mbaye Gueye - 19 décembre 2024