Accueil / Économie

BAM : quelles projections macroéconomiques pour les mois à venir ?

Temps de lecture

Le siège de Bank Al-Maghrib à Rabat © DR

À l’issue de sa réunion de ce mardi 21 mars 2023, le Conseil de Bank Al-Maghrib a décidé de relever le taux directeur de 50 points de base à 3%. Une décision qui vise à prévenir tout désancrage des anticipations d’inflation et à favoriser le retour de l’inflation à des taux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix. Détails des principales prévisions macroéconomiques actualisées de la banque centrale pour les prochains mois.

Le Conseil de Bank Al-Maghrib (BAM) a décidé, lors de sa première réunion trimestrielle au titre de l’année 2023, de relever le taux directeur (TD) de 50 points de base (pbs) à 3%.

Dans un communiqué, BAM explique que cette décision, qui prendra effet à partir du 23 mars 2023, intervient pour «prévenir l’enclenchement de spirales inflationnistes auto-entretenues et renforcer davantage l’ancrage des anticipations d’inflation en vue de favoriser son retour à des niveaux en ligne avec l’objectif de stabilité des prix».

Rappelons que le Conseil de BAM a décidé, à l’issue de ses deux dernières réunions, tenues les 27 septembre et 20 décembre 2022, de relever le TD, deux fois successives, de 50 Pbs, le ramenant ainsi, de 1,50% à 2,50% à fin 2022.

Lire aussi : Bank Al-Maghrib relève le taux directeur à 3%

L’inflation continue de s’accélérer

Lors de sa réunion, le Conseil de BAM a analysé l’évolution de la conjoncture économique nationale et les projections macroéconomiques de la Banque pour les huit prochains trimestres. Il s’est arrêté en particulier sur la transmission de ses dernières décisions de relèvement du TD.

Ainsi, il a relevé que malgré une relative atténuation des pressions d’origine externe, les données récentes montrent que l’inflation continue de s’accélérer, sous l’effet notamment de chocs d’offre internes sur certains produits alimentaires.

«Après avoir atteint 6,6% en 2022, son plus haut depuis 1992, l’inflation devrait rester à des niveaux élevés à moyen terme. Elle ressortirait en 2023 à 5,5% en moyenne et sa composante sous-jacente se situerait à 6,2%, soit une révision à la hausse de 2 points de pourcentage par rapport à la prévision de décembre dernier. Ceci, en raison essentiellement de la flambée des prix de certains produits alimentaires qui y sont inclus», estime la Banque centrale.

Ces projections supposent que les chocs à l’origine de cette augmentation se dissiperaient graduellement au second semestre à la suite des différentes mesures prises par le gouvernement à cet égard, note la même source.

En 2024, sous l’hypothèse que les pressions aussi bien internes qu’externes continueraient de s’atténuer, la tendance fondamentale des prix se situerait à 2,3%. Cependant, ajoute BAM, le démarrage programmé de la décompensation des prix des produits subventionnés devrait maintenir l’inflation globalement à un niveau élevé, soit 3,9%.

Lire aussi : Conseil de BAM : faut-il s’attendre à une nouvelle hausse du taux directeur ?

La croissance économique nationale devrait se consolider à 2,6%

Pour sa part, la croissance de l’économie nationale devrait se consolider à 2,6% en 2023 et s’accélérer à 3,5% en 2024, et ce, après une forte décélération à 1,2% prévue en 2022.

Après un démarrage difficile, la campagne agricole connait un relatif redressement grâce aux dernières précipitations. Toutefois, la production des trois principales céréales serait limitée par la superficie emblavée qui n’aurait pas dépassé 3,65 millions d’hectares, selon le département de l’agriculture, indique la Banque.

Quant aux cultures hors céréales, elles pâtiraient des restrictions sur l’eau d’irrigation et de la cherté des intrants. Dans ces conditions, les projections de BAM, élaborées sur la base des données disponibles au 10 mars 2023, tablent sur une récolte céréalière autour de 55 millions de quintaux. Ainsi, après une contraction de 15% en 2022, la valeur ajoutée agricole augmenterait de 1,6% en 2023, avant de s’améliorer de 6,9% en 2024 sous l’hypothèse d’un retour à une production moyenne de 75 millions de quintaux.

Pour leur part, pâtissant en particulier de la détérioration de l’environnement externe, les activités non agricoles devraient poursuivre leur ralentissement en 2023, avec une progression de leur valeur ajoutée de 2,7% contre 3,4% en 2022. Elles connaitraient en 2024 un relatif redressement avec un accroissement de 3,2%.

Lire aussi : Crédits aux entreprises : une hausse de 8,4% en janvier 2023

Une forte dynamique des échanges en 2022

Sur le plan des comptes extérieurs, poursuit BAM, la forte dynamique des échanges en 2022 s’est traduite par un creusement record du solde commercial à 311,6 milliards de DH (MMDH). Toutefois, les hausses notables des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE) et des recettes voyages qui ont atteint des niveaux exceptionnels de 109,2 MMDH et 91,3 MMDH respectivement, auraient permis de limiter le déficit du compte courant à 3,9% du PIB.

Ainsi, le déficit du compte courant s’allègerait à 2,8% en 2023 puis à 2,6% en 2024, à la faveur notamment du reflux prévu des cours des produits énergétiques et de la poursuite de la performance de certains métiers mondiaux. De plus, après un rebond de près de 40%, les importations diminueraient de 2,3% en 2023 avant une légère augmentation de 0,8% en 2024, en lien essentiellement avec le recul de la facture énergétique. En parallèle, le rythme des exportations ralentirait de 29,4% à 3% en 2023 et à 0,6% en 2024, avec en particulier une progression de près de 7% annuellement des ventes du secteur automobile et un recul de celles de phosphate et dérivés.

Pour ce qui est des recettes voyages, elles accuseraient une légère baisse de 3% cette année, en relation avec la décélération prévue de l’activité dans la zone euro, avant de s’accroitre de 7,4% en 2024 à 95,1 MMDH. De leur côté, les transferts des MRE connaitraient une certaine stabilisation cette année, suivie d’un repli de 5,4% en 2024 à 102,9 MMDH.

Concernant les Investissements directs étrangers (IDE), les recettes évolueraient légèrement au-dessus de 3% du PIB. Au total, les avoirs officiels de réserve (AOR) se situeraient à 358,8 MMDH à fin 2023 puis à 367 MMDH à fin 2024, soit une couverture de 5 mois et 21 jours, ensuite 5 mois et 25 jours d’importations de biens et services. Cela tient compte notamment des financements extérieurs déjà réalisés et ceux prévus du Trésor.

Lire aussi : Marché financier international : le Maroc effectue une sortie remarquable

Quid des conditions monétaires ?

S’agissant des conditions monétaires, les dernières données disponibles relatives au quatrième trimestre 2022 indiquent un accroissement du taux débiteur moyen global de 26 pbs à 4,50%. En parallèle, les taux créditeurs ont augmenté d’un trimestre à l’autre de 17 pbs pour les dépôts à 6 mois et de 18 pbs pour ceux à un an.

Par ailleurs, au regard de la hausse prévue de la circulation fiduciaire, le besoin de liquidité des banques se creuserait de 80,9 MMDH en moyenne hebdomadaire en 2022 à 86,7 MMDH à fin 2023 et à 99,1 MMDH à fin 2024. Pour ce qui est du crédit bancaire au secteur non financier, après un bond de 7,8% en 2022, il devrait progresser de 4% en 2023 et de 4,6% en 2024. Cette prévision tient compte de l’évolution attendue de l’activité économique, d’un effet de base lié à la hausse sensible en 2022 des besoins de financement de trésorerie des entreprises, ainsi que des anticipations du système bancaire.

Pour sa part, après une dépréciation de près de 4% en 2022, le taux de change effectif réel devrait s’apprécier de 1,6% en 2023 et de 1,9% en 2024. Ceci, sous l’effet d’un accroissement de la valeur de la monnaie nationale en termes nominaux et d’un niveau d’inflation domestique supérieur en moyenne à celui des partenaires et concurrents commerciaux.

Enfin, sur le volet des finances publiques, après s’être établi à 5% du PIB en 2022 au lieu d’une prévision de BAM de 5,3% et d’une cible de la loi des Finances de 5,9% du PIB, le déficit budgétaire devrait poursuivre sa tendance baissière à la faveur principalement de l’amélioration attendue des rentrées aussi bien fiscales que non fiscales. Il devrait ainsi, selon les projections de BAM, s’atténuer à 4,7% du PIB en 2023 puis à 4,3% en 2024.

Dernier articles
Les articles les plus lu

Lancement des concertations pour définir la feuille de route du commerce extérieur 2025-2026

Économie - Le siège de la Wilaya de la région Rabat-Salé-Kénitra a accueilli, jeudi, une réunion de concertation régionale sur l'élaboration de la feuille de route pour le commerce extérieur du Maroc pour la période 2025-2026.

Farah Nadifi - 13 décembre 2024

La bourse de Casablanca signe un partenariat avec l’Ethiopian securities exchange

Économie - La bourse de Casablanca et l’Ethiopian securities exchange ont signé un accord de coopération stratégique visant à renforcer leurs liens et à accélérer le développement des marchés des capitaux en Afrique.

Mbaye Gueye - 12 décembre 2024

PWC Maroc dévoile les priorités des directeurs financiers en 2025

Économie - L’étude révèle que pour 2025, le pilotage de la performance va devenir la priorité principale des directions financières, passant de la deuxième à la première place dans leur agenda stratégique.

Mbaye Gueye - 12 décembre 2024

Services marchands non financiers : 48% des patrons anticipent une hausse de l’activité au T4-2024 (HCP)

Économie - Selon le HCP, les chefs d’entreprises du secteur des services marchands non financiers (SMNF) affichent des anticipations pour le quatrième trimestre 2024.

Mbaye Gueye - 12 décembre 2024

HCP : 69% des grossistes prévoient à une stabilité des ventes au T4-2024

Économie - Selon le Haut-Commissariat au Plan (HCP), 69% des grossistes prévoient une stabilité, tandis que 25% envisagent une hausse.

Mbaye Gueye - 12 décembre 2024

Lancement de l’opération de recensement général du cheptel national 2024 à Taounate

Économie - L'opération de recensement général du cheptel national 2024 vient d'être lancée avec succès au niveau de la province de Taounate.

Mbaye Gueye - 12 décembre 2024

Mutandis SCA : émission obligatoire ordinaire par placement privé de 300 MDH

Économie - Cette opération a été structurée en deux tranches remboursables par amortissement progressif sur une période de 5 ans.

Mbaye Gueye - 12 décembre 2024

Le Maroc, destination préférée des Espagnols pour les voyages en famille

Économie - e Maroc s’est affirmé comme la destination préférée des Espagnols pour les voyages en famille en 2024.

Mbaye Gueye - 11 décembre 2024
Voir plus

PLF 2025 : un budget tourné vers l’avenir social et économique

Économie - Le PLF 2025 a été adopté vendredi par la Chambre des représentants avec 171 voix en faveur, 56 contre et une abstention.

Ilyasse Rhamir - 15 novembre 2024

5G au Maroc : un défi technologique avant le Mondial 2030

Économie - À l’approche du Mondial 2030, le Maroc aspire à intégrer pleinement la 5G dans son paysage technologique.

Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024

Chambre des conseillers : la première partie du PLF-2025 a été adoptée à la majorité

Économie - La Chambre des conseillers a adopté à la majorité la première partie du Projet de loi de finances (PLF) pour l'exercice 2025.

Mbaye Gueye - 3 décembre 2024

Économie nationale en 2023 : quelles perspectives de reprise ?

Économie - Quelles sont donc les perspectives de reprise de l'économie nationale dans un contexte d'incertitudes ?

Manal Ben El Hantati - 23 janvier 2023

Hydrogène vert : le Maroc s’engage dans la transition énergétique

Économie - Nizar Baraka a souligné le potentiel du secteur portuaire dans la transition vers des alternatives utilisant l'hydrogène vert.

Chaima Aberni - 15 janvier 2024

Adoption de la 1ère partie du PLF 2025 par la Chambre des conseillers

Économie - La Chambre des conseillers a adopté, à la majorité, la 1ère partie du PLF 2025 lors d'une séance plénière tenue le 5 décembre 2024, en présence de Fouzi Lekjaa.

Rédaction LeBrief - 5 décembre 2024

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée Champs requis marqués avec *

Poster commentaire