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À l’occasion de la fête du trône, le wali de Bank Al-Maghrib (BAM), Abdellatif Jouahri, a exposé devant le Souverain un panorama économique marqué par des défis de taille. Il s’agit notamment des répercussions d’années consécutives de sécheresse et des secousses du séisme dévastateur d’Al-Haouz. Malgré cela, l’économie marocaine a affiché une croissance encourageante de 3,4% cette année. La maîtrise de l’inflation, qui a reculé à 6,1% en moyenne annuelle après avoir atteint 10,1% en février, est notamment attribuable à une politique monétaire rigoureuse et à des interventions gouvernementales stratégiques.
Le secteur de l’emploi reste néanmoins tendu, avec une perte nette de 157.000 postes, principalement dans l’agriculture, bien que des améliorations aient été notées dans d’autres secteurs. Sur le front des finances publiques, le déficit budgétaire a été réduit à 4,4% du PIB, grâce notamment à une augmentation des recettes fiscales et à l’efficacité des mécanismes de financement novateurs, y compris ceux du «Fonds spécial de gestion des effets du tremblement de terre» initié par des directives royales.
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Ralentissement de la croissance du crédit bancaire en 2023
Le rapport de Bank Al-Maghrib a aussi dressé un état des lieux du secteur bancaire pour l’année 2023. Celle-ci est marquée par un ralentissement notable de la croissance du crédit bancaire, contrastant avec l’élan robuste de 2022 où une augmentation de 7,9% avait été enregistrée. Cette année, le crédit a progressé de 5,3%, représentant un encours total de 1.114,9 milliards de dirhams (MMDH), soit 76,2% du PIB, contre 79,6% l’année précédente.
L’analyse révèle une dynamique différenciée selon les secteurs. Les prêts aux sociétés financières ont bondi spectaculairement, passant de 5,6% à 20,5%. Cependant, le crédit au secteur non financier a vu son rythme diminuer à 2,7%. Parmi les acteurs non financiers, les entreprises publiques se distinguent avec une hausse impressionnante de 26,6% des prêts qui leur sont accordés.
En revanche, le secteur des entreprises privées montre des signes de stabilisation, après une période de forte croissance. Cette normalisation est attribuable à la baisse des prix des intrants et des importations, entraînant une réduction de 8,4% des crédits de trésorerie. Malgré un accroissement de 5,5% des crédits à l’équipement, les prêts aux sociétés privées ont affiché une croissance quasi nulle, un net ralentissement par rapport à la progression de 10,4% observée l’année précédente. À la fin de 2023, l’encours des crédits aux entreprises privées s’élevait à près de 443 MMDH.
Évolution du crédit aux particuliers
Le comportement des particuliers en matière de crédit a également évolué. L’encours des crédits aux particuliers a connu une décélération, ne progressant que de 2,1% pour atteindre 322,6 MMDH. Cette modération est partiellement due à une certaine réserve des ménages, anticipant la mise en œuvre de l’aide directe au logement promise par la Loi de finances de 2023. En conséquence, les prêts à l’habitat n’ont augmenté que de 1,9%.
Les crédits à la consommation ont également témoigné d’une croissance timide de 0,6%, s’établissant à 57 MMDH. Cette faible progression s’inscrit dans un contexte de pouvoir d’achat affecté par une inflation élevée et une augmentation des taux d’intérêt. Parallèlement, les créances en souffrance ont augmenté de 5,9% pour atteindre 94,1 MMDH, mais leur ratio par rapport à l’encours total du crédit bancaire est resté stable à 8,4%.
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Modernisation des infrastructures et promotion de l’innovation
Le gouverneur de Bank Al-Maghrib a également insisté sur l’importance de moderniser l’infrastructure pour accompagner la croissance économique et les transformations sociales. L’accent a été mis sur l’amélioration des réseaux de transport et de communication, le développement de projets d’infrastructure verte, et l’extension des technologies numériques dans les secteurs public et privé.
Le rapport souligne aussi la nécessité de promouvoir l’innovation et la recherche scientifique. Le Maroc s’efforce de créer un environnement propice à l’innovation à travers le soutien aux startups, la facilitation de la collaboration entre les universités et l’industrie, et l’incitation à la recherche et développement dans les secteurs clés comme les technologies de l’information, les énergies renouvelables et la biotechnologie.
En réponse aux défis sociaux, Bank Al-Maghrib a mis en lumière l’engagement du pays à renforcer les systèmes de sécurité sociale. L’amélioration de l’accès aux soins de santé, la réforme des systèmes de retraite et l’élargissement des réseaux de sécurité sociale sont prioritaires pour garantir une meilleure qualité de vie et une réduction des inégalités. La Banque recommande des politiques qui soutiennent les segments les plus vulnérables de la société, tout en garantissant la durabilité financière des systèmes de protection sociale.
Amélioration du déficit courant et opportunités internationales
Au niveau international, Jouahri a souligné l’amélioration du déficit du compte courant. Celui-ci s’est réduit à 0,6% du PIB, stimulé par le dynamisme de l’industrie automobile et les flux conséquents des recettes de voyages et des transferts des Marocains résidant à l’étranger (MRE). Il a aussi fait état d’une augmentation importante des réserves officielles de devises, garantissant près de cinq mois et demi d’importations.
La position stratégique du Maroc en tant que pont entre l’Afrique et l’Europe est vue comme une opportunité pour renforcer l’intégration économique régionale et attirer plus d’investissements directs étrangers. Le rapport insiste sur la nécessité de développer des politiques qui facilitent le commerce et les investissements transfrontaliers, renforcent les partenariats économiques avec les pays voisins, et maximisent les avantages de la globalisation.
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Vision à long terme
Le rapport conclut sur la vision à long terme du Royaume pour assurer la durabilité de son développement économique et social. Bank Al-Maghrib s’engage à maintenir une politique économique qui non seulement répond aux besoins actuels, mais qui est aussi adaptable aux futurs défis globaux, notamment le changement climatique, les transformations technologiques, et les fluctuations des marchés internationaux. Cette approche vise à positionner le Maroc comme un modèle de développement durable et inclusif dans la région.
En dépit des multiples chocs subis, le Maroc, selon le gouverneur, poursuit son engagement vers la stabilité politique et sociale, tout en élargissant son programme de réformes économiques et sociales. Cette orientation stratégique a renforcé la position du pays sur la scène internationale, lui valant des évaluations positives des institutions financières globales et une facilité accrue d’accès aux marchés financiers.
Abdellatif Jouahri a également mis l’accent sur la nécessité de soutenir l’élan réformiste du pays, notamment à travers la transition vers une économie verte et durable, la digitalisation, et le renforcement des systèmes de retraite. Il a appelé à une plus grande implication du secteur privé et des partenaires étrangers pour financer ces transitions ambitieuses.
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