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Avortement : retour sur les détails du décès de Meriem à Midelt

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Image d'illustration © DR

Une adolescente âgée de 14 ans est décédée après avoir subi un avortement clandestin à Boumia, une commune située dans la province de Midelt. Une tragédie nationale qui a rouvert le débat sur la question de l’avortement. Ce sujet divise, depuis plusieurs années, les représentants de la société civile, les imams et religieux. Précisons.

Le débat sur l’avortement revient une nouvelle fois sur la scène nationale. La commune de Boumia, située dans la province de Midelt, a été le théâtre d’un drame les 6 et 7 septembre 2022. Meriem, une adolescente de 14 ans, est morte à la suite d’un avortement clandestin.

Selon les informations collectées auprès des sources locales, le cadavre de la mineure a été découvert au domicile d’un jeune homme de la commune. Les voisins ont ainsi alerté les éléments de la Gendarmerie royale qui se sont dépêchés sur les lieux. Pourtant, le corps inerte de la jeune fille ne présentait aucune trace d’agression ni de violence et a été transporté directement vers la morgue de la ville.

Lire aussi : Avortement : entre crime et liberté individuelle

Que s’est-il réellement passé ?

Le médecin légiste qui a procédé à l’autopsie a révélé que la mort de Meriem n’était pas naturelle. Il a affirmé qu’elle était enceinte et qu’elle est décédée à la suite d’une hémorragie aiguë, causée par une opération d’avortement clandestine. D’après les enquêteurs, il s’agissait de la fille d’une infirmière qui exerce à l’hôpital régional de Midelt. Cette dernière était, d’ailleurs, au courant de l’opération que sa fille allait subir. Elle a également déclaré que l’adolescente entretenait une relation amoureuse avec un jeune homme de vingt-cinq ans. «L’avortement s’est déroulé au domicile d’un jeune homme qui exploitait sexuellement la victime», a indiqué mardi, dans un communiqué, le Printemps de la dignité, une coalition d’associations féministes marocaines.

Pour se débarrasser du fœtus, la mère a recouru à l’une de ses collègues ainsi qu’à un autre infirmier exerçant à l’hôpital d’Azrou. À la suite du drame, la gendarmerie royale a interpellé «la mère de la victime, une infirmière, et le propriétaire de la maison où l’avortement clandestin a eu lieu», a précisé la chaîne 2M. Un quatrième individu a ensuite été arrêté, soupçonné d’avoir «apporté assistance durant l’avortement», indique la même source, qui ajoute que l’enquête du parquet est en cours.

Lire aussi : Harcèlement sexuel : comprendre l’affaire Jacques Bouthier

Que dit la loi marocaine sur l’avortement ?

La loi au Maroc interdit l’Interruption volontaire de grossesse (IVG) sauf pour quelques rares exceptions. Le Code pénal sanctionne aussi bien la femme qui avorte (de six mois à deux ans de prison) que les personnes qui pratiquent à l’acte (de un à cinq ans de prison). La loi 453 du Code pénal stipule que «l’avortement n’est pas puni lorsqu’il constitue une mesure nécessaire pour préserver la santé de la mère et qu’il est ouvertement pratiqué par un médecin ou un chirurgien avec l’autorisation du conjoint». Il s’agit de la seule exception officiellement mentionnée par la loi.

À la suite des débats et l’ampleur qu’a pris ce sujet en 2014-2015, le roi Mohammed VI a tranché en faveur d’un assouplissement de cette loi. Le débat a été clos le 15 mai 2015. Un communiqué royal a été publié en indiquant que l’avortement sera autorisé «lorsque la grossesse constitue un danger pour la vie et la santé de la mère, dans les cas où la grossesse résulte d’un viol ou de l’inceste et dans les cas de graves malformations et de maladies incurables que le fœtus pourrait contracter». 

En dépit de cette nouvelle révision de la loi sur l’avortement, les associations défendant les droits des femmes ne cessent de rouvrir le débat pour légaliser l’avortement, qu’elles considèrent comme une “liberté personnelle”.

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