Au Brésil, le Sommet sur l'Amazonie © DR
Les débats, qui ont débuté mardi, ont rassemblé pour la première fois en 14 ans des représentants des huit pays membres du traité de coopération amazonienne (OTCA) : le Brésil, la Colombie, la Bolivie, la Colombie, l’Équateur, le Guyana, le Pérou, le Suriname et le Venezuela. La France n’est pas membre, même si elle détient une portion d’Amazonie sur le territoire guyanais.
Une rencontre qui se voulait historique pour son instigateur, Lula da Silva, qui veut faire du Brésil un acteur clé de la géopolitique du climat. «Il n’a jamais été aussi urgent de reprendre et d’étendre notre coopération», a souligné le président brésilien, mieux connu sous le nom de «Lula», en prononçant le discours d’ouverture à Belém.
Après les années Bolsonaro, son prédécesseur d’extrême droite, Lula a souhaité «remettre le Brésil, pays qui abrite 60% de la forêt amazonienne, sur la scène internationale, et il a choisi l’écologie et la lutte contre la déforestation comme un vecteur de cette politique», décrypte François-Michel Le Tourneau, géographe et directeur de recherche au CNRS, sur les colonnes de France Info.
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Or, le communiqué final «n’a fait qu’exposer les divergences entre gouvernements, de même que le fossé entre ces derniers et leurs sociétés civiles», regrette le média en ligne Sumaúma. En effet, au sommet sur l’Amazonie, les États sur lesquels cet écosystème s’étend ont annoncé, en signant la «Déclaration de Belém», la formation de l’Alliance amazonienne de combat contre la déforestation, afin de «promouvoir la coopération régionale» pour mieux lutter contre le phénomène, mais sans fixer d’objectif concret. Une déclaration qui a été «négociée par les huit pays en un temps record, un peu plus d’un mois», a indiqué lundi Mauro Vieira, ministre brésilien des Affaires étrangères.
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«Pour que notre vision ne soit pas juste inscrite sur du papier, il faut adopter des actions concrètes», a reconnu le ministre des Affaires étrangères du Brésil, Mauro Vieira.
Éviter le point de non-retour
La déclaration commune des pays de l’OTCA, un document-fleuve en 113 points, a posé de façon détaillée les jalons d’une coopération «pour éviter que l’Amazonie n’atteigne le point de non-retour» dans cette vaste région qui abrite environ 10% de la biodiversité mondiale.
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«Nous ne pouvons pas permettre que l’Amazonie atteigne le point de non-retour», avait déclaré lundi à Belém Marina Silva, ministre brésilien de l’Environnement. Si ce point de non-retour était atteint, l’Amazonie émettrait plus de carbone qu’elle n’en absorberait, ce qui aggraverait le réchauffement de la planète. Entre 1985 et 2021, la forêt amazonienne a perdu 17% de sa végétation, selon des données recueillies par le projet de recherche MapBiomas.
L’objectif de la rencontre de mercredi était également de trouver des points d’accord en vue de la COP28. Elle aura lieu en fin d’année à Dubaï, aux Émirats arabes unis, qui ont également envoyé un représentant à Belém.
S’allier contre la déforestation
Mercredi, le sommet a rassemblé d’autres participants, notamment les présidents du Congo-Brazzaville et de la République du Congo, pays qui abritent également de vastes forêts tropicales. L’Indonésie était aussi représentée, ainsi que Saint-Vincent-et-les Grenadines.
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À l’issue des débats, une autre déclaration commune au nom de ces pays et des huit membres sud-américains de l’OTCA a été publiée, pour affirmer leur «engagement dans la préservation des forêts, la réduction des causes de la déforestation et la recherche d’une transition écologique juste». En effet, le président revenu à la tête du Brésil en janvier, ancien ouvrier métallurgiste et syndicaliste, a promis de mettre un terme à la déforestation illégale d’ici 2030.
Mais l’un des principaux défis pour l’organisation sera de trouver un plan d’action commun pour éradiquer la déforestation illégale. Les terres déboisées sont souvent transformées en pâturage pour le bétail, mais la destruction est aussi causée par des orpailleurs et des trafiquants de bois.
En lieu et place d’objectifs chiffrés pour éliminer déboisement de la plus grande forêt tropicale de la planète, la déclaration se contente d’un engagement générique à la conserver. «Il n’y a pas de mesure claire pour répondre à l’urgence climatique, pas d’objectif précis ou de délai fixé pour éradiquer la déforestation», a fustigé, mercredi, Leandro Ramos, à l’antenne brésilienne de Greenpeace, qui aurait également souhaité que la déclaration évoque «la fin de l’exploration pétrolière» en Amazonie.
Trouver de l’argent
Les États membres ont aussi fait part de leur «préoccupation face au non-respect d’engagements financiers des pays développés», citant les 100 milliards de dollars annuels promis aux pays en développement pour faire face au réchauffement. Une promesse qui date de 2009 et devait initialement être tenue dès 2020.
Le président brésilien Lula a appelé ce mercredi 9 août les pays riches à contribuer financièrement aux efforts pour freiner la déforestation. «Ce ne sont pas les pays, comme le Brésil, la Colombie, le Venezuela, qui ont besoin d’argent. C’est la nature», a déclaré le président lors d’un point presse à Belém, où ce sommet a fait office de répétition générale avant la COP30 qui sera organisée dans cette ville amazonienne en 2025.
«Si les pays riches veulent préserver réellement les forêts existantes, il faut mettre de l’argent, et pas seulement s’occuper des arbres, mais du peuple qui vit en dessous, qui veut vivre dignement», a insisté Lula, estimant que le sommet serait «vu à l’avenir comme un tournant du développement durable». «Nous avons posé les jalons de la construction d’un agenda commun avec les pays en développement dotés de forêts tropicales, jusqu’à ce que l’on se retrouve ici à Belém pour la COP30», a-t-il ajouté.
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