Banque mondiale et FMI © DR
Sur fond de multiples enjeux, les responsables de la politique financière mondiale convergent, depuis lundi, à Washington pour les assemblées annuelles de la Banque mondiale (BM) et du Fonds monétaire international (FMI). Ces enjeux sont essentiellement liés à des perspectives économiques incertaines avec la persistance de la flambée des prix des denrées alimentaires et énergétiques, le spectre d’une crise de la dette et de la montée des tensions géopolitiques.
Dans son discours inaugural en prélude à ces assemblées qui se poursuivent jusqu’au 16 avril, Kristalina Georgieva, directrice générale du FMI, a alerté qu’ «une reprise vigoureuse reste insaisissable, alors que les tensions géopolitiques s’intensifient et que l’inflation reste élevée». Selon elle, «cela compromet, les perspectives de tous, en particulier les personnes et les pays les plus vulnérables».
Aussi, la responsable a tiré la sonnette d’alarme sur la pauvreté et la faim qui pourraient s’aggraver, en suivant une tendance dangereuse déclenchée par la crise de la Covid-19. À cet égard, elle a fixé trois priorités : la lutte contre l’inflation et la sauvegarde de la stabilité financière, l’amélioration des perspectives de croissance à moyen terme, ainsi que la promotion de la solidarité pour réduire les disparités dans le monde.
🔴EN DIRECT | Le président du Groupe de la Banque mondiale @DavidMalpassWBG et @KGeorgieva la directrice générale du FMI donnent le coup d’envoi des Réunions de printemps en se penchant sur les défis complexes auxquels fait face l'économie mondiale.https://t.co/lgSLZ1bB5N
— Banque mondiale (@Banquemondiale) April 10, 2023
La stabilité financière au cœur des débats
Tous ces dossiers pressants seront examinés lors de ce conclave dit de printemps du FMI et de la BM. Ce dernier réunit chaque année les dirigeants du secteur public (banques centrales, ministères des Finances et du Développement, parlementaires) et du secteur privé, ainsi que des représentants d’organisations de la société civile et experts issus des milieux universitaires.
Ainsi, les débats vont se focaliser sur les perspectives économiques, la stabilité financière, le spectre de la dette avec un niveau d’endettement au plus haut depuis 50 ans pour les pays en développement, l’impact du changement climatique ou encore l’efficacité de l’aide.
Quant aux décideurs, ils seront appelés notamment à atténuer les risques découlant de la montée des tensions géopolitiques, avec en tête la guerre russo-ukrainienne aux répercussions mondiales et les désaccords croissants entre Washington et Pékin, qui menacent la stabilité macro-financière.
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Des perspectives peu reluisantes
À l’échelle mondiale, la croissance devrait se situer, d’après le FMI, à 2,8% cette année avant d’augmenter légèrement pour atteindre 3% en 2024. L’inflation mondiale, quant à elle, diminuera, quoi que plus lentement que prévu initialement, de 8,7% en 2022 à 7% cette année et 4,9% en 2024.
L’institution de Bretton Woods a averti que ses perspectives de croissance économique mondiale pour les cinq prochaines années sont les plus faibles depuis plus de trois décennies. Le monde pourrait perdre des milliards de dollars de production économique future si «les tensions géopolitiques continuent à s’accentuer et si les pays se divisent davantage selon des clivages géopolitiques», alerte la même source.
Outre les investissements et les flux des capitaux, les dirigeants auront besoin de trouver les bons outils pour concilier stabilité financière et stabilité des prix dans un contexte perturbé pour les intermédiaires financiers non bancaires et une hausse rapide des taux d’intérêt.
De leur côté, les responsables américains dirigés par la secrétaire au Trésor Janet Yellen, estiment que l’enjeu sera de rassurer sur la santé du secteur bancaire et la réponse de Washington aux faillites de banques régionales en mars dernier et d’éventuelles retombées sur l’économie mondiale.
🆕 La croissance mondiale touchera son niveau le plus bas à 2,8 % en 2023, avant de se redresser légèrement à 3 % en 2024. Lisez notre analyse dans les Perspectives de l’économie mondiale. https://t.co/hcTJwJLc5k #WEO pic.twitter.com/Ju5cp6uCAu
— FMIactualites (@FMIactualites) April 11, 2023
Région MENA : une croissance plus lente en 2023
Dans la région Moyen-Orient et Afrique du Nord (MENA), la croissance devrait être plus lente cette année alors que la hausse à deux chiffres des prix des produits alimentaires exerce une pression supplémentaire sur les ménages pauvres et l’insécurité alimentaire pourrait se répercuter sur plusieurs générations.
Selon Ferid Belhaj, vice-président de la BM pour la région MENA, «la hausse des prix des produits alimentaires a des effets dévastateurs sur les familles pauvres. L’insécurité alimentaire aura des conséquences à long terme sur plusieurs générations qui limiteront malheureusement les perspectives de beaucoup, beaucoup de jeunes».
Lire aussi : Crise bancaire : pourquoi faut-il « rester calme » ?
Afrique subsaharienne : une croissance tirée vers le bas
La situation ne prête pas à l’optimisme non plus pour l’Afrique subsaharienne où la croissance reste faible. Elle est «tirée vers le bas par l’incertitude de l’économie mondiale, la sous-performance des plus grandes économies du continent, une inflation élevée et une forte décélération de la croissance de l’investissement», d’après la dernière édition de l’Africa’s Pulse de la BM.
Pour Andrew Dabalen, économiste en chef de la BM pour l’Afrique, «la faiblesse de la croissance, combinée aux vulnérabilités de la dette et à une croissance morose des investissements, risque de faire perdre une décennie à la réduction de la pauvreté».
Quid de la situation économique du Maroc ?
L’économie marocaine devrait enregistrer un taux de croissance de 3% en 2023, selon le FMI. Ce dernier anticipe une croissance de 3,1% en 2024.
L’institution de Bretton Woods prévoit aussi une baisse du chômage de 12,9% en 2022 à 11% cette année avant un nouveau recul à 10,5% en 2024. L’inflation, de son côté, devrait atteindre 4,6% cette année avant de retomber à 2,8% en 2024. Pour le solde du compte courant du Maroc, il devrait passer de -4,3% en 2022 à -3,7% en 2023 puis à -3,5% en 2024.
En tant que futur pays hôte des assemblées annuelles du groupe de la BM et du FMI en octobre prochain (9-15), le Royaume sera fortement représenté tant par une délégation de haut niveau que par un riche programme de promotion du Maroc aux sièges des deux institutions internationales.
L’édition de Marrakech marque le retour de ces assemblées en Afrique après celles tenues pour la première fois à Nairobi au Kenya, il y a 50 ans.
Notons que près de 14.000 délégués issus de 189 pays membres de ces deux institutions sont attendus à l’occasion de ce rendez-vous d’envergure qui se tient principalement à Washington et, tous les trois ans, dans un pays membre autre que les États-Unis.
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