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Depuis son installation en octobre 2021, la maire de Rabat, Asmaa Rhlalou, a été à la tête d’une administration marquée par des défis et des controverses constants. Son mandat, initialement prévu pour une durée de six ans, n’aura donc duré que deux ans et quatre mois, a été ponctué par une série de tensions internes et de critiques publiques qui ont profondément affecté la gestion de la capitale. Ces conflits ont finalement conduit à la décision de Rhlalou de renoncer à son poste.
Lire aussi : Rabat : bras de fer entre la maire de la capitale et certains conseillers
Un virement litigieux
Le premier point de discorde concerne un virement de 10 millions de DH (MDH). C’est bien la goutte qui a fait déborder le vase dans cette saga politique. En effet, Rhlalou est accusée d’avoir autorisé, sans consultation préalable du conseil municipal, le transfert de 10 millions de DH (MDH) au Fonds spécial de soutien des victimes d’Al Haouz.
Les membres du conseil, issus tant de la majorité que de l’opposition, ont vivement critiqué cette décision, reprochant à Rhlalou d’avoir outrepassé ses prérogatives en ordonnant le versement sans leur accord. La question centrale n’est pas tant le soutien au Fonds, qui pourrait être vu comme louable, mais la manière dont la somme a été débloquée. La maire a pris cette décision de façon unilatérale, sans chercher à obtenir le soutien ou même l’avis de ses collègues au conseil, ce qui a exacerbé les tensions au sein de l’administration municipale.
Face à cette situation, le Wali de la région Rabat-Salé-Kénitra, Mohamed El Yacoubi, a demandé, la semaine dernière, des explications sur la procédure de versement. Cette demande fait suite à une correspondance des présidents des groupes au sein du conseil communal, qui réclamait une enquête sur les agissements de Rhlalou concernant ce virement controversé.
Le bras de fer avec les cafetiers et restaurants
Un autre sujet de conflit : la gestion des espaces publics et l’augmentation des taxes pour l’occupation provisoire de ces espaces par les cafetiers et restaurateurs de la ville. En effet, la décision de la maire d’activer une augmentation, jugée élevée, des taxes dues pour l’occupation provisoire de ces espaces (jusqu’à 70 DH), a suscité une levée de boucliers parmi les professionnels du secteur. Cette mesure, portant le montant à payer à 525 DH le mètre carré chaque trimestre dans certains quartiers, a été perçue comme un véritable coup dur pour de nombreux opérateurs, déjà éprouvés par les séquelles de la crise sanitaire et du contexte inflationniste pesant.
La décision d’augmenter les taxes dans un tel contexte a donc été vécue comme une injustice flagrante, exacerbant les difficultés d’un secteur qui peinait déjà à se remettre sur pied. La colère et le désarroi des cafetiers et restaurateurs se sont traduits par des grèves, marquant une opposition ferme à une politique jugée insensible aux réalités économiques et sociales.
Lire aussi : Rabat : bras de fer entre la mairie et les propriétaires de cafés et restaurants
Le retour des sabots
Enfin, la décision de réintroduire les sabots de voiture pour immobiliser les véhicules n’ayant pas réglé leurs frais de stationnement a également provoqué l’indignation des habitants de Rabat. Cette mesure a été rapidement contestée sur le plan légal, avec plusieurs plaintes portées devant le tribunal administratif.
La controverse autour du retour des sabots de voiture réside principalement dans l’interprétation des droits fondamentaux garantissant la liberté de circulation et de déplacement, tels qu’inscrits dans la Constitution. Pour les plaignants, l’immobilisation des véhicules par la société Rabat Parking pour défaut de paiement des frais de stationnement constitue non seulement un affront aux décisions judiciaires antérieures, mais aussi une violation des libertés constitutionnelles. Ainsi, le retour des sabots est perçu comme une action unilatérale et potentiellement arbitraire de la part de l’administration municipale, renforçant le sentiment d’une gouvernance jugée inappropriée.
L’isolement politique de la maire de Rabat s’est d’ailleurs cristallisé lors du rejet massif du budget de la capitale pour 2024 lors de la session d’octobre du Conseil de la ville, où 62 conseillers de tous bords, majorité et opposition confondues, ont voté contre le projet, ne recueillant que cinq voix favorables. Un vote qui révèle clairement l’envergure de son isolement parmi les membres de son Conseil.
La ville de Rabat se trouve désormais dans une période cruciale de 15 jours pour élire son nouveau maire. Selon plusieurs sources, c’est Driss Razi, président du Conseil de l’arrondissement du quartier Hassan, qui s’annonce comme le favori. En attendant l’élection de son successeur, Rhlalou continuera de gérer les responsabilités qui lui ont été confiées.
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