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Après le séisme, la reconstruction se dessine

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Séisme d'Al Haouz © DR

Deux semaines et trois séances de travail après le séisme meurtrier d’Al Haouz, le programme multi-sectoriel intégré prend forme. Suite à l’annonce du budget prévisionnel, estimé à 120 milliards de DH, pour la reconstruction des régions impactées, les premiers détails ont été dévoilés par le ministre en charge du Budget, Fouzi Lekjaa. Une feuille de route colossale qui devrait s’étaler sur les cinq ans à venir pour marquer une nouvelle étape dans le développement du pays.

Moins de deux semaines et trois séances de travail, après le séisme meurtrier d’Al Haouz, le programme multi-sectoriel intégré prend forme. Après l’annonce du budget prévisionnel estimé à 120 milliards (MMDH) pour la reconstruction des régions impactées, les premiers détails ont été dévoilés par le ministre en charge du Budget, Fouzi Lekjaa. Une feuille de route colossale qui devrait s’étaler sur les cinq ans à venir pour marquer une nouvelle étape dans le développement du pays.
Un peu plus de deux semaines après le terrible séisme qui a coûté la vie, selon le dernier bilan du ministère de l’Intérieur datant du 13 septembre au soir, à 2.946 personnes et fait 5.674 blessés, l’heure est à la reconstruction d’Al Haouz. Vendredi, le ministre délégué auprès de la ministre de l’Économie et des Finances en charge du Budget, Fouzi Lekjaa, a présenté, devant les membres des commissions des Finances des deux chambres du parlement, les détails du financement du plan de réhabilitation de la région.
Ce programme en quatre axes, qui s’étalera jusqu’en 2028 pour un budget global prévisionnel de 120 MMDH, bénéficiera aux quelque 4,2 millions de personnes dans les provinces d’Al Haouz, de Taroudant, de Chichaoua, d’Azilal, de Ouarzazate et dans la commune de Marrakech, tel qu’établi le 20 septembre dernier devant le Roi. La feuille de route concerne notamment, le relogement des sinistrés, la reconstruction des logements et la réhabilitation des infrastructures, le désenclavement et la mise à niveau des territoires, et enfin l’accélération de la résorption des déficits sociaux notamment dans les zones impactées par la catastrophe.
Lors des précédentes réunions de travail, le Souverain avait par ailleurs, insisté sur l’importance «de faire preuve d’une gouvernance exemplaire», soulignant la rapidité, l’efficacité et la rigueur comme éléments centraux et appelant l’exécutif à être à la hauteur des attentes citoyennes.

État des lieux

Au cours de son exposé, le ministre a fait état de 163 communes, soit plus de deux tiers des communes dans les zones impactées, et 2.930 douars impactés par le séisme. La tragédie a fait 2,8 millions de sinistrés et laissé derrière elle quelque 59.000 bâtiments à réhabiliter, dont 32% complètement détruits. Après un bref rappel des mesures prises, à savoir les opérations de sauvetage, les séances de travail, la création du Fonds 126,…, Fouzi Lekjaa a détaillé la ventilation du budget de ce programme multi-sectoriel que financeront :
  • le Fonds spécial dédié à la gestion des conséquences du séisme, qui totalise à date plus de 10 MMDH ;
  • le budget de l’État ;
  • la contribution des collectivités territoriales ;
  • le Fonds Hassan II dans le cadre de ses missions, notamment en matière de soutien à la réalisation de programmes et projets ayant des retombées structurantes pour le développement économique et social avec une contribution de 2 MMDH ;
  • l’aide et la coopération internationales.
Pour ce qui est du budget de l’État, le fiscaliste, Hakim Marrakchi, interrogé par Les Inspirations Eco dans son édition du lundi 25 septembre, précise que «les 24 milliards de dirhams qui seront alloués annuellement représentent moins de 10% du budget global de l’État. Tout compte fait, ils ne plomberont pas le budget de fonctionnement. De plus, l’engagement constaté au niveau national et international est louable. Il s’agit ainsi d’une optimisation sous contrainte. In fine, d’un point de vue financier, le schéma défini reste tout à fait réaliste et réalisable». 
Même son de cloche du côté de Mohamed Rahj cité par le quotidien. L’économiste confirme qu’«aucune incidence ne devrait être observée ni sur la Loi de finances 2024 ni sur les prochaines». «Il faut signaler que, quoi qu’il en soit, l’impact est en partie résorbé grâce à la mobilisation et la générosité dont les Marocains ont fait preuve pour venir en aide à la population touchée. Ceci va permettre d’amortir le choc», précise-t-il.
Une agence gouvernementale sera créée pour accompagner la mise en œuvre de ce plan. Elle aura, entre autres pour missions, le suivi du décaissement des aides financières, l’exécution des projets de reconstruction et de réhabilitation, l’exécution des projets de développement socio-économique et la coordination entre les différents secteurs et acteurs concernés.

8 MMDH d’aide directe et 14 MMDH pour la reconstruction

Le gouvernement entend procéder dès cette fin de mois de septembre au versement des aides d’urgence aux sinistrés. Le cabinet royal avait précédemment fait savoir qu’un montant de 30.000 DH sera versé à chaque ménage à raison de 2.500 DH par mois étalés sur l’année (12 mois).
Ce budget concerne de plus l’octroi de 140.000 DH aux familles dont les logements ont été complètement détruits, tandis qu’une aide de 80.000 DH sera versée à ceux dont les biens ont été partiellement détruits. Ils sont près de 20.000 ménages à avoir perdu leur logement, entièrement détruit, et quelque 40.000 autres dont l’habitation est partiellement détruite.
«Dans l’immédiat, l’objectif est de remettre les habitations affectées à leur état naturel et meilleur, en tenant compte des spécificités architecturales et culturelles des zones affectées. D’ici là, les populations lésées percevront une indemnisation mensuelle de 2.500 DH», a précisé Lekjaa devant les élus. Et pour gérer cette aide, une convention sera signée entre l’État et la CDG.
À cet effet, le ministère de l’Équipement et de l’Eau, en partenariat avec le ministère de l’Urbanisme, de l’Habitat et de la Politique de la ville, a tenu le 20 septembre une première réunion de communication et de coordination avec les présidents des représentations professionnelles du secteur du bâtiment et des travaux publics sur la reconstruction des zones touchées par le tremblement de terre.
Une réunion lors de laquelle il a été souligné la nécessité de la participation des professionnels aux opérations de reconstruction en fonction des besoins de la population concernée, conformément aux normes d’ingénierie et en cohérence avec le patrimoine architectural de la région.
Le ministre en charge du Budget a par ailleurs insisté sur la mise en place de plateformes de produits de première nécessité en quantités suffisantes dans les zones touchées, afin d’anticiper d’autres catastrophes naturelles.

98 MMDH pour le développement de la région

Outre la reconstruction, la feuille de route voulue par le Souverain intègre la mise en place d’un programme de développement de la région du Grand Atlas à travers des projets structurants. Une enveloppe budgétaire de 98 MMDH sera allouée à ce volet.
Ainsi, 14 MMDH sont d’abord prévus pour désenclaver les régions affectées, qui comptent 600 km de routes. En visite, ce dimanche dans la province de Taroudant, le ministre de l’Équipement et de l’Eau, Nizar Baraka, accompagné de hauts fonctionnaires, a fait savoir que 460 km de routes classées et 470 km de routes rurales ont été rouvertes alors que les travaux sont en cours pour la maintenance des axes routiers restants. Le ministère, a-t-il ajouté, a assuré le désenclavement de la population rurale à un taux de 92%, tandis que les travaux de désenclavement et de réouverture du reste des routes prendront fin dans les trois prochains jours.
Dans un autre registre, la tutelle a affirmé que les barrages, construits dans le strict respect des normes internationales, n’ont pas été endommagés par le séisme, faisant état, en revanche, de dégâts au niveau de canaux et de certains plans d’eau, lesquels ont été reconstruits en étroite coordination avec l’Office national de l’électricité et de l’eau potable. La réhabilitation couvrira ainsi les infrastructures impactées.
L’intervention concernera également les «centaines» de centres de santé et d’établissements scolaires endommagés ou complètement détruits. Selon une précédente communication du ministère de l’Éducation, 530 écoles et 55 internats ont été endommagés par le tremblement de terre.
Par ailleurs, 1,2 MMDH sera alloué à la réhabilitation des sites culturels, mosquées et mausolées impactés. «Entre la mosquée de Tinmel, la muraille de Taroudant, les remparts et le Mellah de Marrakech, la Koutoubia, le palais Bahia, les tombeaux saâdiens,… la liste des 24 monuments touchés est désormais connue», a affirmé jeudi 21 septembre le ministre de la Culture, Mehdi Bensaid, dans un échange avec nos confrères de Médias24
Toutefois, il s’agit là d’estimations qui seront certainement plus précises au fur et à mesure que les études avanceront. Selon Bensaid, ce budget prévisionnel a été établi sur la base de précédentes restaurations de ces mêmes monuments effectuées par son département.

Les spécialistes en première ligne

Et ce programme nécessite une réflexion stratégique et des compétences spécifiques, y compris la fourniture de matériaux de construction en quantités suffisantes pour barrer le chemin à toute spéculation. Outre l’exploration de la possibilité de réutiliser les matériaux de construction locaux provenant des décharges dans les opérations de construction et de reconstruction dans le cadre de l’économie circulaire, les présidents des différentes représentations du BTP ont souligné, lors de la réunion tenue avec les ministère de l’Équipement et de l’Habitat, qu’un travail sera effectué dans les meilleurs délais possibles pour sécuriser et stabiliser leurs prix en vue de la reconstruction des zones sinistrées.
Les spécialistes ont par ailleurs confirmé leur pleine mobilisation pour accompagner la mise en œuvre du programme urgent à travers :
  • la contribution à l’expertise nécessaire à la qualification des dommages aux bâtiments et aux infrastructures ;
  • la proposition des conceptions d’ingénierie innovantes qui répondent aux caractéristiques architecturales locales ;
  • la conformation que le pays dispose actuellement d’un stock suffisant de matériaux de construction ;
  • la préparation d’un relevé topographique et des photographies topographiques aériennes de référence des zones concernées avant et après l’enlèvement des remblais ;
  • l’accompagnement des habitants et leur implication dans toutes les étapes de construction par la formation et la sensibilisation.

Si le recours à de nouvelles lignes de crédit est, selon certains spécialistes, envisageable, les financements alloués devront contribuer à créer de la richesse et participer au développement des localités sinistrées. Une reconstruction qui peut en effet s’avérer rentable et constituer une nouvelle étape de développement du pays.

«L’histoire économique confirme le fait que toujours après les catastrophes et les guerres vient le processus de reconstruction, et que s’il est bien planifié, il donne une renaissance économique pour la région impactée», analyse Abdelkhalek Thami, expert et analyste économique, interrogé par Hespress. Un constat partagé par Abdullah Ateed, un expert économique qui a estimé que «la reconstruction créera sans aucun doute un boom économique et commercial dans les zones touchées».
Pour les experts cités par Les Inspirations Éco, l’intérêt est de stimuler le secteur tertiaire à travers la mobilisation des entreprises marocaines qui opèrent notamment dans le secteur du bâtiment et travaux publics et, comme mentionné dans le programme de reconstruction, d’encourager l’activité économique et l’emploi ainsi que valoriser les initiatives locales.
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