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Derrière cette nouvelle polémique, une photo du «caftan Ntaâ», tenue typiquement marocaine et originaire de Fès contenue dans le dossier algérien d’inscription à l’UNESCO de «la gandoura et la melehfa». Une source proche du dossier a confié à Hespress que l’image présente dans le dossier déposé par l’Algérie auprès de l’instance onusienne est en réalité une image qui correspond au caftan marocain. Et de souligner que «le ministère a contacté, le mercredi 5 juillet, la délégation du Maroc auprès de l’UNESCO pour leur demander d’intervenir dans le sujet et de prendre les mesures nécessaires, car ce caftan ne peut pas être pris et présenté comme faisant partie du patrimoine de l’État voisin».
Cette énième usurpation a provoqué un grand retentissement sur les réseaux sociaux après les révélations du compte Twitter Radio Fanida, spécialisé dans le patrimoine culturel marocain. Les administrateurs soulignent, entre autres, que «cette confusion manifeste soulève des interrogations sur le professionnalisme et la compétence des représentants en charge de ce dossier», s’interrogeant «Comment peuvent-ils ne pas faire la distinction entre une Gandoura et un caftan ? Il s’agit de deux éléments vestimentaires clairement différents».
@UNESCO @addahresamir @Maroc_UNESCO @mehdibensaid
Nous souhaitons porter à votre attention une situation préoccupante. Dans le cadre du dossier présenté à l'UNESCO par l'Algérie, intitulé "Le costume féminin de cérémonie dans le Grand Est de l'Algérie : savoir-faire associés à… pic.twitter.com/13FMOGQlGs— Radio Fanida (@Radio_Fanida) July 4, 2023
En ce sens, les responsables marocains ont pris les mesures nécessaires pour rectifier cette situation. Ils ont fait «en sorte que le dossier de l’Algérie reflète fidèlement la richesse de son propre patrimoine vestimentaire, sans falsification ni confusion avec celui d’autres nations».
La procédure légale suivie par le ministère de tutelle, explique la source proche du dossier, consiste à déposer une plainte exposant le cas devant le Comité d’évaluation de l’UNESCO. «C’est l’action et la procédure que le ministère suivra en coordination avec le ministère marocain des Affaires étrangères et la délégation du Maroc auprès de l’UNESCO afin de retirer l’image du caftan et la description écrite sous l’image, mais pas le nom du fichier», affirme la même source.
À noter que le caftan en question, ainsi que le brocard de Fès, «sont déjà inscrits à l’ICESCO au nom du Maroc depuis 2022», faisant valoir que ladite organisation «reconnaît donc la légitimité de ce patrimoine vestimentaire marocain».
De Fès ou Tlemcen ?
S’agissant du «caftan Ntâa», les spécialistes en la matière expliquent que son appellation fait référence à sa broderie au fil d’or nommé «Tarz el Ntâa». Cette technique, explique une page facebook experte en la matière, Protection du patrimoine marocain, était l’œuvre des talentueux brodeurs juifs et musulmans de Fès. «Les broderies sur velours se caractérisent par des motifs floraux et ornementations de paons, oiseau symbole de noblesse et de royauté qu’on retrouve également sur les bijoux traditionnels marocains», détaille-t-on.
Mais pour les historiens algériens, c’est une tout autre histoire. «C’était une industrie de Tlemcen transportée à Fès. Ils y apportaient aussi des selham (burnous) et des caftans», affirment certains historiens pour dire que cet habit a été exporté de l’Algérie vers le Maroc. «Avec la création puis le rayonnement de l’Empire Ottoman, le caftan évoluera selon les goûts et les modes importées d’Europe et d’Asie, cette évolution suivra son cours dans un autre continent qui sera l’Afrique à partir du XVIᵉ siècle lorsque l’Algérie dépendait d’Istanbul», expliquent-ils.
«Le génie des artisans algériens donnera un nouvel aspect au caftan venu d’Asie en lui incorporant des motifs luxueux hérités du faste des anciennes dynasties berbero-arabes. Par la suite, plusieurs types de caftans feront leur apparition en Algérie, tout en respectant le patron originel, c’est-à-dire une longue tenue ouverte en son centre. Le caftan algérien charmera la plus haute société algérienne, mais aussi celle du Sultanat de Fès (actuel nord du Maroc) suivant la mode vestimentaire venue d’Algérie. Il faudra attendre le milieu du XIXe siècle pour que le caftan soit popularisé chez les populations du Sultanat de Fès par le biais des immigrations massives de familles algériennes venues chercher refuge pour fuir la colonisation française», soulignent encore ces historiens pour dire que cet habit, avant d’arriver au Maroc, était un habit fabriqué et porté en Algérie.
Le caftan, patrimoine marocain en 2025
Le Maroc a officiellement déposé, il y a deux mois, le dossier du caftan auprès du Comité gouvernemental de préservation du patrimoine pour l’année 2025. Un responsable du ministère de la Jeunesse a expliqué que «l’UNESCO donne aux pays le droit de s’inscrire au patrimoine immatériel tous les deux ans».
«En 2021, le Maroc a enregistré la Tbourida, mais n’a pas eu le droit de le faire en 2022. Cette année, l’art du Malhoun sera enregistré, mais le caftan ne sera enregistré qu’en 2025, conformément à la loi de l’UNESCO», affirme la même source. Le responsable estime que cette loi «doit être discutée afin d’envisager des changements, permettant ainsi l’enregistrement de plusieurs éléments chaque année».
Dans le même contexte, un groupe d’activistes a lancé une pétition sur les réseaux sociaux ce jeudi matin, appelant les Marocains à la signer pour protester contre l’utilisation de l’image du «caftan de la ville de Fès» dans le dossier algérien du patrimoine à l’UNESCO, appelant à son retrait et à une défense acharnée du patrimoine marocain contre les tentatives répétées de vol et de rectifier toutes les erreurs dans cette affaire.
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