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Après la catastrophe, le difficile retour sur les bancs de l’école

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Les élèves ont repris, lundi, dans la commune d’Amizmiz (province d’Al Haouz). © DR

À peine la rentrée scolaire entamée, que le séisme a frappé plusieurs provinces aux alentours de Marrakech. Les cours ont, dans la foulée, été suspendus dans les localités les plus impactées. Aujourd’hui, c’est un dur retour à la normalité. Car, le souvenir d’une nuit de peur, de douleur et de deuil imprégnera encore nos vies à tous, en particulier ces enfants dont le destin a été chamboulé.

Au dixième jour après le séisme meurtrier d’Al Haouz, les élèves reprennent la route de l’école. Le ministère de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports avait suspendu les cours dans 42 localités les plus impactées, notamment dans les provinces d’Al Haouz, Chichaoua et Taroudant. Ailleurs, les écoles ont repris normalement le lundi 11 septembre 2023.

Car, résultat de la catastrophe : sept enseignants sont décédés (quatre hommes et trois femmes), 39 autres blessés, 530 écoles et 55 internats ont été endommagés, selon un bilan provisoire arrêté dimanche 10 septembre. La tutelle a toutefois pris un ensemble de mesures urgentes en vue d’accélérer la reprise des cours pour les élèves relevant des établissements ayant subi de sévères dégâts.

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Pour assurer un retour pérenne sur les bancs des écoles, le ministère a constitué des commissions spéciales, locales, régionales et provinciales composées de cadres chargés de visiter tous les établissements scolaires pour évaluer les pertes et la nature des éventuelles interventions.

 

Transferts vers Marrakech et écoles mobiles

Dans la commune d’Asni, par exemple, «nous avons noté un total de 242 écoles impactées par les effets du séisme, dont 32 établissements totalement ruinés. Notre priorité a été d’abord de mobiliser les ressources financières nécessaires pour la restauration, voire la reconstruction desdits établissements. Ensuite, entamer les préparatifs nécessaires au retour rapide à l’école des élèves», a expliqué au micro de La Quotidienne, Mohammed Zarrouqi, directeur provincial relevant du ministère.

«Nous avons d’abord procédé au transfert des élèves à d’autres classes ayant connu un impact moindre, tandis que d’autres élèves ont été transférés dans des établissements se trouvant dans la province d’Al Haouz, mais aussi hors de la province», a-t-il poursuivi. En effet, la Direction provinciale de l’Éducation nationale à Al Haouz, a annoncé le transfert de 1.521 lycéens vers des établissements à Marrakech.

L’opération, menée sous la supervision des autorités locales, des cadres de la direction de l’éducation nationale, des éléments de la Gendarmerie royale et des Forces auxiliaires, cible un total de 6.000 élèves de six établissements scolaires situés dans les communes les plus touchées par le séisme, à savoir Talat N’Yacoub, Ighil, Ouirgane, Anougal et Azgour.

Pour l’heure, 789 élèves du lycée collégial de Ouirgane ont été admis au lycée qualifiant Mohammed V, 385 élèves du lycée qualifiant de Tinmel au lycée qualifiant Ben Youssef, alors que 347 élèves du lycée collégial d’Ighil ont été transférés à l’Institut Cadi Ayyad de l’enseignement originel. Ces élèves, précise la tutelle, «seront encadrés par des professeurs et des cadres pédagogiques et administratifs ainsi que par des spécialistes en assistance sociale et accompagnement psychologique».

Lire aussi : Séisme d’Al Haouz, un avant et un après

Dans une déclaration à la MAP, Ahmed Mida, inspecteur pédagogique de l’enseignement secondaire qualifiant, a précisé qu’«un comité a été mis en place pour assurer le transfert des élèves depuis les zones sinistrées vers les établissements d’enseignement à Marrakech», où ils vont être hébergés, pris en charge et bénéficier du soutien psychologique. «Nous sommes tous mobilisés pour assurer le transfert des élèves dans le but d’assurer la continuité de la saison scolaire dans les zones touchées par le séisme», a pour sa part assuré le président de l’Association des parents et des tuteurs des élèves de Ouirgane, Omar Azdou.

Les parents, familles et proches des élèves se sont dit «confiants que nos enfants bénéficieront de tout l’accompagnent et de la prise en charge nécessaire, conformément aux Hautes Instructions de Sa Majesté le Roi Mohammed VI». Et d’exprimer, par là même, leur profonde gratitude du Souverain et leurs vifs remerciements aux autorités locales.

L’autre mesure cruciale et temporaire engagée par la tutelle a été de mettre en place des unités scolaires mobiles dotées de toutes les conditions favorables à la scolarisation. Les autorités ont ainsi installé 150 tentes équipées de tout le matériel pédagogique nécessaire, ainsi que de plaques solaires. De plus, des associations, telles que Fondation Orient-Occident, ont pris l’initiative de mettre en place des containers, faisant office d’écoles mobiles, dans les localités sinistrées.

Et soutien psychologique avant tout pour les élèves…

Si les mesures entreprises par le ministère pour assurer la continuité des cours ont été rapides, le retour sur les bancs de l’école ne sera pas, pour certains, chose facile. Le traumatisme vécu par les élèves, ayant perdu parents, famille ou amis, laissera son empreinte pendant un certain temps. Car les réponses psychologiques peuvent conduire à des troubles de stress post-traumatique. À cet égard, la tutelle a élaboré un programme de soutien psychologique des étudiants et des étudiantes.

D’autres initiatives ont également vu le jour. C’est le cas de la Faculté des Sciences de l’Éducation de Rabat qui a initié un convoi de soutien psychologique, mobilisant des enseignants spécialisés, vers les zones impactées. Selon Hamza Chinbou, professeur en psychologie et coordinateur de la cellule, «ce convoi, qui a débuté ce mardi, a pour mission de dispenser des services de soutien psychologique directs». Des services qui incluent l’éducation psychomotrice, la libération émotionnelle des énergies négatives et l’expression artistique à travers des ateliers de dessin.

Lire aussi : Séisme d’Al Haouz, l’impact psychologique est loin d’être négligeable

«Étant donné la spécialité de la faculté en psychologie éducative, le convoi proposera ces services directement aux enfants sur le terrain. Cette démarche est d’autant plus cruciale que l’éducation est interrompue dans les zones touchées et que certains enfants ont perdu leurs familles», a-t-il expliqué sur les colonnes d’Hespress. Une des approches prévues pour «alléger la crise chez les enfants», détaille l’universitaire, consiste en «la thérapie par le conte et les récits. Cela offre aux enfants la possibilité de tisser des récits pour exprimer leurs perceptions et leur compréhension de l’événement ainsi que de la perte qui en découle».

Cette mobilisation a connu également la présence d’experts dans l’interprétation des dessins d’enfants, les encourageant à exprimer leurs émotions par le biais du dessin, du mouvement corporel et du théâtre. Cette approche vise à empêcher que cet événement stressant ne s’imprègne durablement dans leur mémoire. «En période de crise, la mémoire ne mémorise pas les événements de façon linéaire, ils persistent, pouvant entraîner des cauchemars et d’autres réactions», a souligné le professeur Chinbou dans une déclaration à Hespress.

… mais aussi pour les enseignants

Et les étudiants ne sont pas les seuls concernés. Le ministère, en coordination avec la Fondation Mohammed VI pour la Promotion des actions sociales pour l’éducation et la formation, a aussi lancé une campagne de soutien psychologique aux enseignants et professeurs concernés, dans le but de les aider à surmonter les circonstances liées à cette catastrophe.

Selon l’UNESCO, «le séisme a impacté une zone particulièrement rurale et enclavée, englobant un bassin de population scolaire d’environ un million d’élèves inscrits et un corps enseignant de plus de 42.000 professionnels». L’organisation, par la voix de sa directrice générale, Audrey Azoulay, s’est d’ailleurs dite engagée à «soutenir les autorités marocaines à hauteur des besoins qui seront exprimés, qu’il s’agisse d’inventorier les dégâts dans les domaines du patrimoine et de l’éducation, de mettre les bâtiments en sécurité ou encore de préparer la reconstruction».

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Des enseignants qui doivent aujourd’hui reprendre du service et surtout retrouver leurs élèves et les rassurer. En ce sens, l’UNICEF a mis en place un document pour guider les explications aux enfants. La mission laïque française a, elle aussi, mis à disposition [NDLR, de son corps professoral, mais peut-être utile à tout enseignant] un ensemble de ressources pédagogiques à destination des enseignants pour aborder l’accueil des élèves lors de leur retour en classe.

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