Abdelouafi Laftit, ministre de l'Intérieur, aux Assises nationales du développement humain organisées à Skhirat ce 19 septembre 2022 © MAP
Bien que l’apprentissage soit la clé du développement humain, le Maroc a encore du mal à s’améliorer dans ce domaine. La 2? édition des Assises nationales du développement humain s’est tenue ce 19 septembre à Skhirat, en présence du ministre de l’Intérieur, Abdelouafi Laftit, et sous le thème « La qualité des apprentissages, clé du développement humain ».
Plusieurs acteurs publics et privés ont pris part à ces assises, notamment les membres du gouvernement concernés par la mise en œuvre de l’Initiative nationale pour le développement humain (INDH), les représentants d’organismes internationaux et d’institutions publiques, les experts en éducation et les diplomates.
Cet évènement a pour ambition de sensibiliser les différents acteurs concernés à la différence entre la scolarisation et les apprentissages. Aussi, il était question de souligner l’importance des apprentissages dans le développement du capital humain. L’approche TARL, (Teaching at the Right Level) ou «enseigner au bon niveau», implémenté depuis mai dernier à titre expérimental, a été également au cœur de ce débat national. Pour rappel, le Maroc est parmi les pays ayant un Indice de développement humain (IDH) moyen. Il a été classé au 123? rang mondial en 2021, sur les 191 pays évalués, soit un recul de deux places par rapport à 2022. Cet indice évalue la santé, l’éducation et le niveau de vie des pays sondés. Lors des deux dernières années, cet indice a diminué mondialement à cause de la pandémie de Covid-19 et de la guerre en Ukraine.
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La réalité de l’apprentissage au Maroc
La crise des apprentissages au Maroc est réelle. Selon les informations partagées durant la 2? édition des Assises nationales, deux enfants sur trois sont incapables de lire ou de comprendre un texte simple à l’âge de 10 ans. Dans une lettre de cadrage, publiée après cette réunion, il est indiqué qu’«au Maroc, la situation suscite l’inquiétude des responsables et des familles. La crise sanitaire a frappé de plein fouet le secteur éducatif, accentuant un décrochage scolaire déjà préoccupant : 331 000 enfants ont ainsi quitté le système scolaire au titre de l’année scolaire 2020-2021. De plus, les fermetures d’écoles affectent de manière disproportionnée les élèves les plus défavorisés, justement ceux qui ne disposent pas des outils numériques qui leur permettraient de bénéficier de l’enseignement à distance».
D’après le ministre de l’Intérieur, cette crise est due principalement au manque d’assimilation des connaissances de base, notamment la lecture, les mathématiques et les sciences. Les résultats des concours internationaux ont confirmé ces constats, puisque que les apprenants marocains ont occupé les dernières places du classement.
Il s’agit d’un appel national pour «redoubler les efforts et instaurer un modèle éducatif national capable de relever les défis actuels et futurs et garantir un enseignement de qualité, équitable et durable au profit de l’ensemble des élèves marocains, en particulier en milieu rural et dans les zones reculées», relève Abdelouafi Laftit.
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Le programme TARL
Développée par la Fondation Pratham, l’approche éducative indienne TARL consiste à aider les enfants du cycle primaire en difficulté à lire et à assimiler le texte qu’ils lisent. Aussi, elle les aide à s’exprimer et à acquérir les notions de base du calcul. Cette approche est basée sur les échanges et le jeu afin de soutenir l’élève dans l’apprentissage de ces compétences de base.
Pour une meilleure mise en application de ce programme, l’INDH et le ministère de l’Éducation décident de collaborer. La réforme est centrée sur la valorisation du capital humain par le biais de la révision du système d’apprentissage lors des premières années de la vie.
Quelque 600 enseignants, issus de 250 écoles, ont été formés pour appliquer cette méthode. À fin juillet 2022, 12.000 élèves ont profité de cette technique d’apprentissage. Le ministère de l’Éducation ambitionne à implémenter, prochainement, cette nouvelle approche dans le cursus d’enseignement marocain.
Enfin, la crise des apprentissages reste une problématique mondiale. La pandémie de Covid-19 a exacerbé ce fléau dans plusieurs pays, en particulier ceux en voie de développement. En 2022, la Banque mondiale estime que 70% des enfants de 10 ans pâtiraient de la crise des apprentissages. Une réalité inquiétante et un appel mondial à une action immédiate.
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