DR Depositphotos
En septembre 2023, la Banque centrale et l’Autorité marocaine du marché des capitaux (AMMC) ont publié des textes réglementaires pour encadrer le crowdfunding au Maroc. En janvier 2024, l’AMMC a publié un guide visant à clarifier les opérations de ce secteur émergent.
Quelques mois plus tard, en mai 2024, Akkan a été agréée par la Banque centrale du Maroc, devenant ainsi la première société de financement participatif (Crowdfunding) autorisée dans le pays.
Histoire de cette épopée financière, contée par Nasser Kettani, co-fondateur de Akkan.
LeBrief : Pouvez-vous nous raconter l’histoire de la création de votre plateforme de crowdfunding ?
Nasser Kettani : Akkan, est née de cette mission très ambitieuse : donner à chaque entrepreneur la chance de réussir et d’avoir un impact. L’idée initiale a été catalysée par notre désir de répondre aux besoins croissants des entrepreneurs, des startups et des initiatives sociales qui ont toute une série de besoins pour réaliser leurs projets : ressources, expertise, mentorat, outils, écosystème, … et des alternatives de financement innovantes.
Le chemin pour concrétiser cette ambition a été jalonné de défis, mais aussi d’opportunités. Nous avons dû naviguer avec détermination à travers les régulations financières rigoureuses et obtenir les agréments nécessaires auprès de la Banque centrale, une étape cruciale pour légitimer notre plateforme. Cela a été le résultat de plus de 3 ans de travail acharné et de collaboration avec l’écosystème et plus récemment avec le régulateur, démontrant notre engagement envers la transparence et la conformité.
Aujourd’hui, Akkan représente bien plus qu’une plateforme de crowdfunding. C’est un écosystème dynamique où les rêves des entrepreneurs se rencontrent avec le soutien concret des contributeurs, des investisseurs, des experts et mentors, des incubateurs et structures d’accompagnement, des fondations et de tous les membres. Nous sommes fiers de jouer un rôle catalyseur dans la croissance économique en facilitant l’accès aux financements nécessaires pour concrétiser des idées novatrices et promouvoir le développement durable.
Lire aussi : Crowdfunding, une aubaine pour les entrepreneurs
LeBrief : Quel a été le processus pour obtenir l’autorisation de la Banque centrale ?
Nasser Kettani : La Loi 15.18, accompagnée de ses textes d’applications a défini clairement la nécessité d’obtenir des agréments pour les Sociétés de financement collaboratifs (SFC) pour opérer des Plateformes de financement collaboratif (PFC). Les régulateurs agréent les actionnaires et gestionnaires, la SFC et la PFC.
Obtenir les autorisations de la Banque centrale pour opérer Akkan a été un processus rigoureux mais gratifiant. Nous avons initié cette démarche en nous assurant de comprendre parfaitement les exigences réglementaires et les normes strictes que nous devions respecter. Cela a impliqué des consultations approfondies avec des experts juridiques et financiers pour structurer notre plateforme et notre société de manière à garantir la sécurité, la transparence et la conformité.
Nous avons préparé une demande complète, incluant notre modèle opérationnel, nos procédures de sécurité des données, et nos mécanismes de contrôle pour prévenir le blanchiment d’argent et assurer la protection des investisseurs et des contributeurs. Nous avons également démontré notre capacité à gérer les risques et à protéger les intérêts de toutes les parties prenantes impliquées. Nous avons aussi obtenu les autorisations nécessaires auprès de la CNPD (Commission nationale de protection des données à caractère personnel) avant le dépôt de notre dossier d’agrément auprès de la Banque centrale.
L’approbation de la Banque centrale a été un témoignage de notre engagement envers l’intégrité et la gouvernance solide. Cela nous a permis de garantir à nos utilisateurs que leur participation sur Akkan est non seulement sécurisée mais aussi conforme aux normes réglementaires les plus strictes du Maroc.
LeBrief : Quelles sont les principales régulations et conditions imposées par la banque centrale que vous devez respecter ?
Nasser Kettani : La banque centrale joue un rôle crucial dans la supervision et la régulation des activités financières au Maroc, y compris dans le domaine du crowdfunding. Akkan est soumis à ces diverses régulations conçues, faut-il le rappeler, pour assurer la sécurité, la transparence et la protection des parties prenantes, aussi bien les porteurs de projets que les contributeurs et investisseurs.
Parmi les principales régulations figurent :
- Normes de sécurité et de protection des données : Nous devons mettre en œuvre des mesures rigoureuses pour protéger les données personnelles et financières de nos utilisateurs, conformément aux normes de sécurité établies. Sur ce volet, la conformité avec la Loi 09.08 est aussi une obligation.
- Prévention du blanchiment d’argent : Akkan doit suivre des procédures strictes pour prévenir le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme, y compris la vérification des identités et des sources de fonds des contributeurs.
- Transparence financière : Nous sommes tenus de fournir des informations financières transparentes et précises sur les projets et les opérations de la plateforme, garantissant ainsi la confiance des investisseurs et des contributeurs.
- Gestion des risques : Nous devons avoir des politiques et des procédures robustes pour gérer les risques financiers et opérationnels, assurant ainsi la stabilité et la pérennité de notre plateforme.
Ces régulations sont essentielles pour maintenir l’intégrité de notre plateforme et pour protéger les intérêts de nos utilisateurs. Nous travaillons en étroite collaboration avec la Banque centrale pour nous assurer que nous répondons continuellement à ces exigences et que nous opérons de manière responsable.
Lire aussi : La finance participative ne connaît pas la crise
LeBrief : Comment avez-vous assuré la conformité aux normes de sécurité financière et de protection des investisseurs ?
Nasser Kettani : Akkan accorde une importance capitale à la sécurité financière et à la protection des investisseurs, conformément aux normes rigoureuses établies par la Banque centrale. Nous avons mis en œuvre plusieurs mesures pour assurer la sécurité des transactions et la transparence avec nos investisseurs.
Tout d’abord, notre plateforme utilise des technologies de pointe en matière de sécurité des données, garantissant ainsi que toutes les transactions sont cryptées et sécurisées contre les cybermenaces, des IA de détection d’anomalies et toute une série de dispositifs technologiques de sécurité de pointe.
Nous avons en outre mis en place des procédures de vérification rigoureuses pour chaque projet (y compris le porteur du projet), présenté sur notre plateforme, permettant ainsi de minimiser les risques de fraude et d’assurer l’intégrité des informations financières. Nous nous réservons le droit d’exiger toutes les informations que nous jugerons nécessaires pour vérifier la véracité des projets et de rejeter des projets qui ne respectent pas nos standards.
En ce qui concerne la transparence, nous nous engageons à fournir aux investisseurs des informations claires et complètes sur les projets, y compris les objectifs financiers, les risques potentiels et les engagements de gestion des fonds. Chaque projet est soumis à une vérification approfondie avant d’être accepté par notre plateforme, et nous encourageons activement les porteurs de projet à maintenir une communication ouverte avec leurs investisseurs tout au long du processus.
Enfin, nous nous efforçons de respecter toutes les réglementations en matière de protection des investisseurs établies par la Banque centrale, en assurant une gestion responsable des fonds et en favorisant une culture de la transparence et de la responsabilité au sein de notre plateforme.
LeBrief : Comment sélectionnez-vous les projets ?
Nasser Kettani : Akkan considère la confiance comme le pilier central de notre plateforme. Nous avons adopté une approche rigoureuse, centrée sur notre concept de ‘trust by design’ qui crée les conditions de confiance entre les parties prenantes et nous accordons la plus haute importance à cette valeur.
Avant d’arriver à notre évaluation, l’entrepreneur doit faire son propre travail sur la plateforme, pour fournir toutes les informations exigées par la plateforme : sur lui ou elle en tant qu’entrepreneur, sa société si c’est une personne morale ainsi que son projet.
Il peut se faire accompagner par notre réseau d’expert. C’est dans son intérêt car cela augmente très sérieusement ses chances de réussite et son gage de sérieux et de confiance.
C’est seulement à la fin de ce parcours, que le projet peut-être entre dans une phase d’évaluation. Il est alors minutieusement évalué selon des critères stricts visant à garantir la qualité, la viabilité et l’impact potentiel.
On regarde les antécédents des porteurs de projets, leurs compétences et de leur capacité à exécuter leurs plans de manière transparente et responsable. Nous accordons une attention particulière à la clarté des objectifs, à l’alignement avec nos valeurs éthiques, à la capacité financière des projets, aux risques des projets…
De plus, Akkan fournit toutes les informations nécessaires pour que le contributeur ou investisseur se fasse sa propre évaluation du projet. Akkan s’engage à maintenir une communication ouverte et transparente à chaque étape du processus. Nous nous assurons que les contributeurs sont informés de manière claire sur les risques potentiels et les perspectives de retour. Cette transparence renforce la confiance mutuelle entre les porteurs de projets et les contributeurs, tout en soutenant la croissance durable de notre écosystème.
En résumé, notre approche de sélection des projets repose sur le principe de ‘trust by design‘, assurant ainsi à nos investisseurs que chaque projet présenté sur Akkan est non seulement prometteur, mais également rigoureusement évalué pour maximiser les chances de succès.
LeBrief : Quels sont les principaux avantages pour les entrepreneurs et les investisseurs d’avoir recours à vos services ?
Nasser Kettani : Pour les entrepreneurs, Akkan offre bien plus qu’une plateforme dynamique de crowdfunding pour présenter leurs projets et accéder à un réseau diversifié d’investisseurs potentiels. Nous facilitons le financement, la visibilité accrue de leurs initiatives auprès d’une communauté engagée d’investisseurs et de soutiens. Mais surtout, Akkan offre toute une série de dispositifs pour accompagner les entrepreneurs dans leur parcours entrepreneurial, cela inclut par exemple :
- La mise à disposition de technologies comme des outils pour rédiger leur business plan, diverses IA pour les assister à produire leur pitch deck, leur business plan, leur plan de trésorerie, …
- L’immersion au sein d’un écosystème d’entrepreneurs, d’experts et mentors, de structures d’accompagnement, des institutions publiques et privées, des associations, des investisseurs, … pour les aider dans leur projet entrepreneurial
- Des ressources, comme des blogs, des forums d’échange, des cours, … pour les aider à répondre à des questions liées à leurs projets et à réseauter au sein de la communauté
Pour les investisseurs, Akkan représente une opportunité unique d’explorer et de diversifier leurs portefeuilles d’investissement avec des projets soigneusement sélectionnés. Notre plateforme leur permet de filtrer les opportunités en fonction de leurs critères de recherche, de participer à des initiatives à fort potentiel de croissance et d’impact, tout en bénéficiant d’une gestion sécurisée des transactions.
Akkan se positionne comme un catalyseur d’innovation et de croissance, offrant aux entrepreneurs et aux investisseurs une plateforme robuste pour collaborer, investir et transformer des idées en succès concrets.
Lire aussi : Webinaire sur le crowdfunding en tant qu’outil de financement des start-up
LeBrief : Comment voyez-vous l’évolution du crowdfunding dans les années à venir au Maroc, et quel rôle votre plateforme jouera-t-elle dans cette évolution ?
Nasser Kettani : Le crowdfunding est un dispositif de financement qui vient compléter l’arsenal de financement qui existe déjà notre pays, sans se substituer aux dispositifs existants. Ce dispositif a déjà démontré son efficacité dans le monde où il représente déjà quelques centaines de milliards de dollars.
Akkan perçoit l’avenir du crowdfunding au Maroc comme une force transformative qui stimulera l’innovation, l’entrepreneuriat et l’inclusion financière à travers le pays. Nous croyons fermement que le crowdfunding ne se limite pas à mobiliser des fonds, mais qu’il peut aussi servir de catalyseur pour un changement économique et social significatif.
À long terme, notre vision pour Akkan est de faire partie intégrante du moteur du financement de l’entrepreneuriat et de la création de valeur au Maroc, en facilitant un accès équitable au financement pour une gamme diversifiée de projets, des startups innovantes aux initiatives sociales impactantes. Nous avons la conviction que le Crowdfunding va prendre sa place comme un instrument financier à part entière mise à la disposition des entrepreneurs pour financer leurs projets en fonction de leurs contraintes et leurs objectifs.
Nous nous engageons à élargir notre plateforme pour inclure une variété de modèles de financement, y compris l’investissement, afin de répondre aux besoins variés de l’écosystème et notre communauté d’entrepreneurs et d’investisseurs. Akkan continuera d’innover en matière de technologie financière, en intégrant des outils avancés pour améliorer la transparence, la sécurité et l’expérience utilisateur. Nous nous efforçons également de renforcer notre rôle de leader en éduquant le public sur les avantages du crowdfunding et en travaillant en étroite collaboration avec les régulateurs et les acteurs de l’écosystème pour façonner un environnement favorable à la croissance.
En conclusion, nous anticipons que le crowdfunding au Maroc connaîtra une expansion significative dans les années à venir. Akkan sera à l’avant-garde de cette évolution en promouvant l’innovation, l’inclusion financière et le développement économique durable à travers nos initiatives et notre engagement envers la communauté.
L’ACAPS renforce la protection des assurés, affiliés et adhérents
Économie - L'Autorité de contrôle des assurances et de la prévoyance sociale (ACAPS) a publié son rapport annuel 2023.
Mbaye Gueye - 18 décembre 2024Injaz Al-Maghrib : une assemblée générale sous le signe des réalisations et de l’avenir
Économie - L’assemblée générale ordinaire d’Injaz Al-Maghrib s’est tenue le 17 décembre 2024 au siège de Wafa Assurance, à Casablanca.
Mbaye Gueye - 18 décembre 2024Banques : le besoin en liquidité atteint 131,6 MMDH au T3 2024
Économie - Le besoin en liquidité des banques marocaines a atteint 131,6 MMDH en moyenne hebdomadaire au troisième trimestre 2024
Rédaction LeBrief - 18 décembre 2024Le dirham s’apprécie de 2,3% face au dollar américain au T3-2024 (BAM)
Économie - Bank Al-Maghrib (BAM) a annoncé que le dirham s’est apprécié de 2,3% face au dollar et de 0,31% vis-à-vis de l’euro au troisième trimestre 2024.
Mbaye Gueye - 18 décembre 20245G au Maroc : un défi technologique avant le Mondial 2030
Économie - À l’approche du Mondial 2030, le Maroc aspire à intégrer pleinement la 5G dans son paysage technologique.
Ilyasse Rhamir - 18 décembre 2024L’avenir énergétique du Maroc : un nouveau chapitre d’investissements et d’innovations
Économie - Le Maroc, dans un contexte mondial de transition énergétique, se positionne en acteur majeur grâce à des investissements colossaux dans les énergies renouvelables.
Farah Nadifi - 18 décembre 2024Hausse de 1,8 million m3 de la capacité de stockage des produits pétroliers à horizon 2030
Économie - Leila Benali a annoncé une augmentation de 1,8 million de m³ des capacités de stockage des produits pétroliers d'ici 2030.
Rédaction LeBrief - 18 décembre 2024Maroc-Afrique : les volumes d’échanges commerciaux en hausse de 45%
Afrique, Économie, Économie - Le volume des échanges commerciaux entre le Maroc et les autres pays africains est passé de 36 milliards de dirhams (MMDH) en 2013 à 52,7 MMDH en 2023
Mbaye Gueye - 18 décembre 2024L’ONMT s’allie à Norwegian pour relier Tanger à Copenhague
Économie - L’ONMT a signé un partenariat avec la compagnie aérienne Norwegian pour lancer une liaison aérienne directe.
Rédaction LeBrief - 6 décembre 2024Entrepreneuriat : plus de 68.000 entreprises créées en 2024
Économie - Selon les derniers chiffres dévoilés par l’OMPIC, 68.263 entreprises ont vu le jour au Maroc au cours des 9 premiers mois de 2024.
Ilyasse Rhamir - 17 décembre 2024PLF 2025 : un budget citoyen pour tous
Économie - Le budget citoyen détaille les notions liées au budget de l’État ainsi que les étapes de préparation et d’approbation du PLF
Ilyasse Rhamir - 26 novembre 2024Agadir : entre tourisme et défis climatiques
Économie - Agadir est devenue en quelques années un havre de paix pour des milliers de retraités français. Cependant, cette douceur de vivre s’accompagne de défis environnementaux et sociaux, notamment la crise de l’eau.
Ilyasse Rhamir - 29 novembre 2024Le marché du travail en ébullition
J.R.Y - 4 novembre 2020L’avenir énergétique du Maroc : un nouveau chapitre d’investissements et d’innovations
Économie - Le Maroc, dans un contexte mondial de transition énergétique, se positionne en acteur majeur grâce à des investissements colossaux dans les énergies renouvelables.
Farah Nadifi - 18 décembre 2024Toyota Corolla bombe le torse !
J.R.Y - 1 mars 2021Gouvernement-syndicats : réforme fiscale et hausse des salaires
Économie - L'accord du gouvernement lors de la session d'avril 2024 du dialogue social central marque une avancée pour les revenus des salariés au Maroc.
Chaima Aberni - 6 mai 2024