Uranium : ce que pèse réellement le Niger
Alors que les jours caniculaires de juillet touchaient à leur fin, un vent glacial a balayé l’industrie nucléaire. Le Niger, élément important dans la chaîne d’approvisionnement de l’uranium, a été secoué par un coup d’État politique. Les conséquences potentielles de ce bouleversement ont fait frissonner l’industrie tout entière. Ce minerai, fondamental pour nourrir les réacteurs en énergie, pourrait-il devenir l’enjeu d’une nouvelle crise énergétique ?
Un minerai stratégique avec de grosses réserves
L’uranium joue un rôle crucial dans la génération d’électricité nucléaire. Si son influence sur le marché mondial a fortement diminué au cours des dernières années avec une production qui a été divisée par deux en dix ans (2.020 tonnes en 2022), le Niger reste un partenaire dominant de l’Europe. L’Union européenne dépend largement de l’uranium nigérien qui représente un quart de ses importations en 2022. Le besoin grandissant d’uranium pour alimenter les nouveaux réacteurs nucléaires dans le contexte de la transition énergétique a exacerbé les inquiétudes concernant les approvisionnements.
Malgré les récents développements, les prix de l’uranium demeurent imperturbables, au moins en apparence. La part de marché du Niger et des réserves mondiales, surpassant de 100 fois la demande annuelle, soit 7,9 millions de tonnes selon la World Nuclear Association, ont tempéré les vagues de panique. La perspective d’une pénurie immédiate s’évapore. Les stocks existants ont joué un rôle de stabilisateur sur le marché.
Cependant, il ne faut pas s’y méprendre. Le marché de l’uranium n’est pas insensible aux soubresauts géopolitiques. Toutefois, à la différence du tumulte qui a ébranlé le marché de l’uranium russe au début de la guerre en Ukraine, l’uranium nigérien, avec ses coûts de production exorbitants, n’a pas provoqué une flambée des prix sur les marchés à terme. Actuellement, la valeur de la livre d’uranium oscille autour des 56 dollars contre 50 dollars avant le coup d’État.