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Union africaine : bilan du 36e Sommet de l’organisation

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Une vue générale de la séance d'ouverture de la 36e session ordinaire de l'Assemblée de l'Union africaine (UA) à Addis-Abeba, le 18 février 2023 © AFP

Clap de fin dimanche pour la 36e session ordinaire du Sommet de l’Union africaine (UA). Les participants à ce rendez-vous, tenu les 18 et 19 février à Addis-Abeba, ont adopté des dizaines de résolutions, décisions et autres motions qui ont été largement discutées au sein du Conseil exécutif de l’organisation. Zoom sur le bilan de ce Sommet panafricain.

Le rideau est tombé dimanche sur la 36e session ordinaire du Sommet de l’Union africaine (UA). L’événement a réuni, les 18 et 19 février à Addis-Abeba, les chefs d’État et de gouvernement des 54 pays membres de l’organisation panafricaine. Les protagonistes ont notamment discuté des violences meurtrières au Sahel et en République démocratique du Congo (RDC), et du projet de Zone de libre-échange continentale. Ils se sont également penchés sur les crises alimentaires, alors que le continent est confronté à une sécheresse historique dans la Corne de l’Afrique.

Des dizaines de textes ont été adoptés ce dimanche. Parmi ces résolutions, une décision sur le rapport du président rwandais, Paul Kagame, sur les réformes institutionnelles de l’UA. De plus, le Sénégalais Macky Sal, président sortant de l’organisme, a été remercié pour avoir bien rempli ses responsabilités lors de son mandat. Sans oublier la résolution qui revient chaque année sur la levée du blocus que les États-Unis imposent à Cuba depuis des décennies.

La Libye figurait aussi à l’agenda de ce conclave panafricain. Le pays est plongé depuis plus de 10 ans dans une crise majeure. En clôture des travaux, l’UA a annoncé qu’elle travaillait à organiser une «conférence de réconciliation nationale», sous l’égide du président congolais Denis Sassou-Nguesso, à la tête du Comité de haut niveau sur la crise libyenne.

Lire aussi : Addis-Abeba : le Maroc participe au 36e Sommet ordinaire de l’UA

 

Accélération de la ZLECAf

Autre sujet des discussions : la Zone de libre-échange continentale africaine (Zlec), qui doit réunir 1,4 milliard de personnes et devenir le plus grand marché mondial en termes de population. Les travaux du Sommet ont ainsi porté sur l’accélération de cette Zone, destinée à favoriser le commerce au sein du continent et à attirer des investisseurs. Pour l’heure, le commerce intra-africain ne représente que 15% des échanges totaux du continent.

Selon la Banque mondiale, d’ici 2035, l’accord permettrait de créer 18 millions d’emplois supplémentaires et «pourrait contribuer à sortir jusqu’à 50 millions de personnes de l’extrême pauvreté». Son PIB combiné s’établit à 3.400 milliards de dollars, selon l’ONU.

De son côté, le secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres, a estimé que la Zlec «représente une voie véritablement transformatrice vers la création d’emplois et de nouvelles sources de prospérité pour les Africains». De plus, il a annoncé que l’ONU débloquerait 250 millions de dollars pour «soutenir certaines des personnes les plus vulnérables» au monde, y compris celles menacées de famine dans la Corne de l’Afrique frappée par la sécheresse.

 

Union africaine : changement de présidence

Par ailleurs, Azali Assoumani, président des Comores, petit archipel de l’Océan indien d’environ 850.000 habitants, a pris la présidence tournante de l’UA, à la suite de Macky Sall, le chef de l’État sénégalais.

«Notre organisation vient de prouver au monde sa conviction que tous les pays ont les mêmes droits», s’est félicité le chef de l’État de 64 ans, qui a plaidé pour une «annulation totale» de la dette africaine.

Dans son discours, le président comorien a souligné la nécessité de déployer des efforts concertés pour améliorer la situation de l’Afrique et de ses habitants. Notant les incertitudes continentales et mondiales actuelles, Assoumani a appelé à des efforts concertés pour favoriser le redressement de l’Afrique dans l’économie post-Covid-19 et pour permettre au continent de mieux faire face aux impacts négatifs de la crise en Ukraine.

«Alors que nos pays sortaient à peine de la plus grave crise sanitaire que le monde ait jamais connue, la Covid-19, ils subissent de plein fouet les conséquences de cette nouvelle crise russo-ukrainienne», a-t-il dit.

Selon l’ONG International crisis group (ICG), le président comorien «aura besoin du soutien d’autres dirigeants africains pour assumer son mandat, compte tenu du poids diplomatique limité du pays».

Lire aussi : Adoption de la « Déclaration de Tanger » par le CPS de l’UA

 

Les sanctions contre le Mali, le Burkina et la Guinée maintenues

La Communauté économique des États d’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a annoncé qu’elle a décidé de maintenir les sanctions contre le Burkina Faso, le Mali et la Guinée. Ces trois pays d’Afrique de l’Ouest avaient été suspendus par la CEDEAO après les prises de pouvoir successives par des militaires en 2020, 2021 et 2022. Le Mali et la Guinée avaient, en outre, été soumis à d’autres sanctions, en partie levées depuis.

Les pays membres de la CEDEAO ont décidé de «maintenir les sanctions existantes contre les trois pays, et d’imposer des interdictions de voyage à leurs membres du gouvernement et d’autres représentants», d’après un communiqué signé par le chef de l’État bissau-guinéen, Umaro Sissoco Embalo, président en exercice de la CEDEAO, à la suite d’une réunion organisée samedi lors du Sommet.

Notons que les trois pays avaient demandé, le 10 février, la levée de leur suspension de la CEDEAO, mais également de l’UA, déplorant les «sanctions imposées».

Pour rappel, Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’UA, avait déclaré, vendredi 17 février, que le Conseil paix et sécurité de l’institution se réunirait, à une date non précisée, pour décider d’une éventuelle levée de la suspension de ces trois pays. Samedi, Moussa Faki Mahamat a affirmé que «ces sanctions ne semblent pas produire les résultats escomptés».

 

Le Maroc engagé à promouvoir les usages pacifiques de l’énergie nucléaire

Par ailleurs, le chef du gouvernement, Aziz Akhannouch, a représenté le roi Mohammed VI à ce 36e Sommet des chefs d’État et de gouvernement de l’UA.

La délégation marocaine ayant pris part à ce Sommet comprenait le ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, et l’ambassadeur représentant permanent du Royaume auprès de l’UA et la CEA-ONU, Mohamed Arrouchi. L’ambassadeur directeur général de l’Agence marocaine de coopération internationale (AMCI), Mohamed Methqal, a également pris part à cet événement.

En marge du Sommet, Nasser Bourita a affirmé que le Maroc, sous la Haute vision du Roi, est engagé à promouvoir la paix et le développement de l’Afrique à travers la coopération Sud-Sud dans le domaine des usages pacifiques de l’énergie nucléaire. Il a aussi exprimé le plein appui du Royaume au plan d’action conjoint de l’Organisation du traité d’interdiction complète des essais nucléaires (OTICEN) et de la Commission africaine de l’énergie nucléaire (AFCONE), ainsi que sa disposition à renforcer sa mise en œuvre à travers l’échange d’expérience et de bonnes pratiques avec les États africains.

Le Maroc, en tant que membre du Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine, est résolument engagé à accompagner cette nouvelle dynamique de partenariat entre l’AFCONE et l’OTICEN, a soutenu le ministre.

Il est à noter que l’OTICEN est l’organisation chargée de mettre en place le régime de vérification du Traité d’interdiction complète des essais nucléaires, une fois que celui-ci sera entré en vigueur. Pour sa part, l’AFCONE assure le secrétariat du Traité de Pelindaba portant création de la Zone exempte d’armes nucléaires en Afrique. Le Maroc est devenu État partie de ce Traité après sa ratification en mars 2022.

 

Une diplomate israélienne expulsée

Incident diplomatique à l’ouverture, samedi, du 36e Sommet de l’UA à Addis-Abeba. Une diplomate israélienne a été expulsée de la cérémonie d’ouverture.

Israël a dénoncé cette expulsion, accusant l’Iran d’être derrière cette «grave» mesure avec la complicité de l’Algérie et de l’Afrique du Sud, selon le ministère israélien des Affaires étrangères.

Selon une vidéo mise en ligne, des membres de la sécurité ont escorté Sharon Bar-li, directrice générale adjointe du ministère israélien des Affaires étrangères pour l’Afrique, hors du Sommet africain.

Ebba Kalondo, porte-parole du président de la Commission de l’UA, a expliqué qu’une personne avait été «invitée à quitter les lieux» parce qu’elle n’était pas invitée à cette réunion. L’UA avait adressé une invitation unique à l’ambassadeur d’Israël auprès de l’UA, Aleli Admasu, et cette invitation ne pouvait être utilisée par personne d’autre, a-t-elle poursuivi. «Il est regrettable que la personne en question ait abusé de cette faveur», a conclu Kalondo.

Pour un porte-parole de la diplomatie israélienne, cette expulsion reste «grave» car Bar-li avait «une accréditation en bonne et due forme en qualité d’observateur». «C’est triste de voir l’Union africaine otage d’un petit nombre d’États extrémistes comme l’Algérie et l’Afrique du Sud, motivés par la haine et contrôlés par l’Iran», a-t-il dit.

Pour mémoire, l’UA n’était pas parvenue, en 2022, à clore ses discussions sur l’accréditation controversée d’Israël en tant que pays observateur. L’Algérie et l’Afrique du Sud avaient en particulier plaidé contre. N’ayant pas fait l’objet d’un consensus chez les ministres, ce weekend, le statut d’observateur accordé à Israël reste en suspens, en attendant le rapport d’un comité ad hoc qui ne s’est pas réuni jusqu’ici. Les chefs d’États ont donc décidé d’attendre ses conclusions.

Lire aussi : Le CPS de l’UA sous présidence marocaine

 

 

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