Un revers pour Pékin
La Chine serait-elle en train de devenir indésirable en Afrique ? L’opacité du montage financier des infrastructures qu’elle finance dans les pays africains, mais aussi, l’arrogance de ses hommes d’affaires et de ses diplomates, commencent à irriter les élites du continent. Et c’est le plus inquiétant pour Pékin, car cette colère se répand auprès des personnalités que l’on ne peut pas soupçonner d’hostilité envers la présence chinoise.
La violente charge du Président de la BAD contre les prêts que Pékin accorde aux pays africains en échange de l’exploitation des mines est un sérieux avertissement lancé à la Chine. Dans un entretien à l’agence AP, Akinwumi Adesina, d’habitude pondéré, s’affranchit de toute réserve diplomatique : «ces accords sont tout simplement mauvais, surtout parce que vous ne pouvez pas évaluer correctement le prix des actifs». Pour le patron de la BAD, le manque de transparence de ces «partenariats» augmente le risque de corruption. Ce dont Pékin s’accommode en se cachant derrière la non-ingérence dans les affaires intérieures des États bénéficiaires de ses financements. Il s’agit de signifier à la Chine que la fin ne peut pas justifier les moyens.
Le président de la Banque africaine de Développement ne se contente pas de critiquer ces deals chinois. Il va plus loin en recommandant aux gouvernements d’en finir avec les financements adossés aux ressources naturelles. Et, il révèle avoir lancé une initiative de la Banque qu’il dirige pour aider les pays africains à renégocier ces prêts qui sont «asymétriques, opaques et mal évalués».
La première réponse à son appel est venue de la RDC. Pour la deuxième fois, Kinshasa a exigé de Pékin la révision en profondeur de l’accord «mines contre financements». En Guinée, les Chinois ont essuyé un nouveau revers. Les autorités de la transition ont contraint la Chine à revoir la convention signée sous le régime d’Alpha Condé.