Tunisie : le président limoge 57 juges
Le président tunisien, Kaïs Saïed, a licencié 57 juges, qu’il a accusés de corruption et de protection de terroristes. Cette nouvelle purge de l’appareil judiciaire tunisien intervient dans le cadre d’un vaste remaniement du système politique du pays.
Dans une allocution télévisée, Kaïs Saïed a déclaré qu’il a «donné occasion après occasion et avertissement après avertissement au pouvoir judiciaire pour qu’il se purifie». Quelques heures plus tard, le journal officiel a publié un décret annonçant le limogeage de plusieurs juges.
Parmi les personnes licenciées figure Youssef Bouzaker, l’ancien chef du Conseil supérieur de la magistrature, dont Saïed a remplacé les membres pour prendre le contrôle du pouvoir judiciaire. Ce Conseil était le principal garant de l’indépendance de la justice depuis la révolution de 2011 qui a instauré la démocratie en Tunisie.
Le président, qui a également désigné les nouveaux membres de la commission électorale indépendante, a déclaré qu’il présenterait ce mois-ci une nouvelle constitution qu’il soumettrait à un référendum le mois prochain.
Par ailleurs, les changements opérés par Saïed ont suscité des accusations d’ingérence dans le processus judiciaire. L’Association des juges tunisiens a d’ailleurs qualifié la décision du président de «massacre». Selon elle, cette mesure vise à octroyer davantage de pouvoir à Kaïs Saïed pour influencer le système judiciaire et pour créer des postes pour nommer ses fidèles.
Pour rappel, le président tunisien a limogé le gouvernement l’année dernière et s’est emparé du pouvoir exécutif avant de mettre de côté la constitution de 2014 pour gouverner par décret et de démettre le Parlement élu. Selon lui, ces mesures étaient nécessaires pour sauver la Tunisie de la crise de stagnation économique, de paralysie politique et de corruption.