Tunisie : la constitution élaborée par Kaïs Saïed serait une menace pour la démocratie
Les Tunisiens se prononceront lundi 25 juillet sur une constitution qui donnerait au président Kaïs Saïed des pouvoirs quasi illimités. Ce vote est une étape cruciale dans le plan de refonte du système politique du pays qui a vu naître le Printemps arabe.
Le référendum aura donc lieu un an, jour pour jour, après que Saïed a limogé le gouvernement et suspendu le Parlement, portant ainsi un coup dur à la jeune démocratie du pays.
Les opposants du président et de sa constitution ont appelé au boycott du référendum, mais bien que les observateurs aient prédit que la plupart des Tunisiens ne se rendraient pas au bureau de vote, peu d’entre eux doutent de l’adoption de la charte.
Selon un analyste tunisien, ceux qui voteront « oui » «le feront soit parce qu’ils aiment le président, soit parce qu’ils détestent ceux qui ont gouverné la Tunisie» depuis le soulèvement de 2011 qui a renversé l’autocrate Zine El Abidine Ben Ali.
Notons que la nouvelle version de la constitution vise à remplacer le système mixte présidentiel parlementaire inscrit dans la constitution de 2014, qui a vu la Tunisie louée comme la seule démocratie à sortir des soulèvements arabes de 2011.
Le dirigeant de la « nouvelle république » proposée par Saïed disposerait du pouvoir exécutif ultime et nommerait un gouvernement sans devoir passer par un vote de confiance au Parlement. Il dirigerait également les forces armées et nommerait les juges, qui ne pourraient pas faire grève.
Enfin, pour les rivaux de Saïed, notamment le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, qui domine la politique tunisienne depuis 2011, le président cherche à transformer de nouveau le pays en une dictature.