Tunisie : Kais Saied limoge son premier ministre sans explication
Le président tunisien Kais Saied a procédé au limogeage de son premier ministre Ahmed Hachani. Ce dernier a aussitôt été remplacé par Kamel Madouri, ancien ministre des Affaires sociales, ce mercredi soir, a rapporté la présidence.
Ahmed Hachani, était en fonction depuis le 1ᵉʳ août 2023. Il avait succédé à Najla Bouden, également évincée sans justification officielle. Depuis le coup de force du 25 juillet 2021, Kais Saied concentre tous les pouvoirs en Tunisie, ce qui a conduit ses détracteurs à l’accuser de dérive autoritaire. Le président, élu démocratiquement en octobre 2019, a dissous le Parlement et limogé son premier ministre de l’époque. En 2022, il a modifié la Constitution pour instaurer un régime hyper-présidentialiste et a fait élire un nouveau Parlement aux pouvoirs très limités.
Lire aussi : Tunisie : Kais Saïed annonce la date de la présidentielle
Il a récemment annoncé sa candidature pour un deuxième mandat lors des élections présidentielles prévues pour le 6 octobre. Cependant, plusieurs de ses rivaux potentiels ont rencontré des obstacles pour déposer leurs dossiers auprès de l’autorité électorale, citant des problèmes administratifs et juridiques. Parmi eux, Nizar Chaari, dont les collaborateurs ont été arrêtés pour soupçons d’achat de parrainages, et l’amiral à la retraite Kamel Akrout, ont renoncé à se présenter faute d’extrait de casier judiciaire. Le rappeur milliardaire Karim Gharbi alias K2Rhym est également sous enquête pour des achats de parrainages présumés.
Lire aussi : De Moscou à Tunis
Abir Moussi, une figure de l’opposition emprisonnée depuis octobre 2023, a déposé sa candidature via ses avocats. Toutefois, elle a été condamnée à deux ans de prison pour diffusion de fausses nouvelles, ce qui pourrait l’exclure de la course si la peine est confirmée en appel.
Fin juillet, la secrétaire générale d’Amnesty International, Agnès Callamard, a critiqué le recul des droits en Tunisie, évoquant des détentions arbitraires et une répression croissante. En réponse, Kais Saied a rejeté ces accusations, affirmant que la loi est appliquée équitablement.