Accueil / Articles Afrique

Transition énergétique : l’Afrique au cœur d’une opportunité majeure

Temps de lecture
Site de Kamoto Copper Company près de Kolwezi dans le Lualaba. © Gwenn Dubourthoumieu

Le continent a la possibilité de jouer un rôle central dans la révolution énergétique mondiale. Les chiffres impressionnants et les initiatives en cours démontrent que le continent est sur la voie de devenir un acteur majeur dans la chaîne de valeur des batteries lithium-ion, des véhicules électriques et de l’énergie propre.

En 2040, selon les prévisions de l’Agence internationale de l’énergie, les fabricants de technologies d’énergie propre auront besoin de 40 fois plus de lithium, 25 fois plus de graphite, et environ 20 fois plus de nickel et de cobalt par rapport à 2020. Ces minéraux sont essentiels à la production de batteries lithium-ion, un marché qui représente environ 49 % du marché mondial des batteries rechargeables. Cette explosion de la demande place l’Afrique au cœur d’une opportunité majeure, le continent regorgeant de ressources naturelles précieuses nécessaires à la fabrication de ces batteries. La République démocratique du Congo (RDC), par exemple, détient une part impressionnante de 51 % des réserves mondiales de cobalt, en plus d’un immense potentiel hydroélectrique.

Lire aussi : Croissance africaine : la “malédiction des ressources” continue de frapper

Mettre en valeur les ressources naturelles

En 2021, un partenariat stratégique a été formé entre le gouvernement de la RDC, la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies (UNECA), et plusieurs institutions financières de premier plan. L’objectif ? Identifier des moyens d’attirer des investissements massifs visant à accroître la part de l’Afrique dans la chaîne de valeur des batteries lithium-ion, des véhicules électriques et de l’énergie propre. Cette collaboration met en lumière l’engagement de la région à s’imposer comme un acteur incontournable dans cette révolution énergétique.

La RDC, en particulier, est idéalement positionnée pour exploiter cette opportunité. Avec ses vastes réserves de cobalt, ses ressources hydroélectriques considérables, et sa position de leader dans la production de cuivre, un composant essentiel pour les batteries et les moteurs, le pays a tous les atouts en main pour devenir un producteur majeur de matériaux précurseurs et de cellules de batteries lithium-ion à coûts compétitifs et à faibles émissions. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : une usine de précurseurs en RDC pourrait coûter trois fois moins cher qu’une usine similaire aux États-Unis, grâce à la compétitivité des coûts et à la proximité des matières premières.

Une étude commandée à BloombergNEF a confirmé que le projet de création de zones économiques spéciales (ZES) pour la fabrication de précurseurs de batteries en RDC et en Zambie est techniquement réalisable et financièrement viable, avec un coût total estimé à 2,7 milliards de dollars. Ce projet devrait stimuler la croissance économique, créer des dizaines de milliers d’emplois, et contribuer à plusieurs Objectifs de développement durable des Nations unies.

Lire aussi : Afrique subsaharienne : le FMI voit des signes d’espoir malgré les défis

Les batteries comme enjeu d’avenir

Les batteries lithium-ion ne sont pas seulement essentielles pour les véhicules électriques. Elles jouent un rôle crucial dans le stockage de l’électricité produite à partir de sources renouvelables telles que l’éolien, le solaire et l’hydroélectrique, résolvant ainsi le problème d’intermittence. Cette technologie est au cœur de la transition vers des systèmes d’énergie propre.

D’autres pays, y compris les États-Unis, ont également reconnu le potentiel de l’Afrique en tant que plaque tournante des chaînes de valeur des batteries. Des accords ont été signés pour développer une chaîne de valeur intégrée pour la production de batteries de véhicules électriques en partenariat avec la RDC et la Zambie. Cependant, pour réaliser pleinement ce potentiel, d’importants investissements dans les infrastructures de la chaîne d’approvisionnement seront nécessaires. Créer un environnement favorable aux investissements privés, capables de fournir l’expertise technique et le savoir-faire logistique nécessaires, sera essentiel pour dynamiser le secteur manufacturier africain tout en garantissant des retours sur investissement élevés.

Lire aussi : Autoroute Abidjan-Lagos : un levier majeur pour l’intégration économique de l’Afrique de l’Ouest

Le Maroc se positionne

En juin 2023, le Maroc a signé un accord de 6,4 milliards de dollars avec le fabricant chinois de batteries Gotion High-Tech Co pour la construction d’une usine de fabrication de batteries pour véhicules électriques dans la région de Rabat-Salé-Kénitra. L’usine aura une capacité annuelle de 100 gigawatts. Gotion est l’un des dix plus grands fabricants de batteries au monde et est coté à la bourse de Shenzhen en Chine et à la bourse de Zurich en Suisse, avec des actionnaires tels que Volkswagen.

Le secteur des batteries vertes sera à l’honneur lors de l’événement annuel de l’Africa Investment Forum (AIF) du 8 au 10 novembre prochain à Marrakech, mettant en avant les opportunités pour les investisseurs, les gouvernements et les institutions de financement du développement. Le thème « Débloquer les chaînes de valeur de l’Afrique » reflète l’ambition du continent de devenir un acteur central dans la transition mondiale vers une énergie propre et durable.

Recommandé pour vous

Afrique : les détaillants traditionnels domineront jusqu’à 75% des ventes à l’horizon 2030

Afrique, Économie - Les petits détaillants traditionnels continueront à dominer le secteur du commerce de détail en Afrique, durant les prochaines années.

La Chine renforce ses investissements en Afrique

Afrique, Économie - Le gouvernement chinois prévoit d’annuler des prêts échus pour 17 pays africains pour renforcer ses liens avec le continent.

Le Maroc est le 7e investisseur en Égypte

Afrique, Économie - Les pays arabes sont les premiers investisseurs en Égypte. Selon la Banque centrale égyptienne, ils ont investi, entre 2021 et 2022, plus de 6,3 milliards de dollars (MM$) d'investissements directs.