Transformation numérique : les banques africaines tentent d’accélérer le rythme
Seulement 28% des banques africaines dépensent plus de 3 millions de dollars (M$) par an pour la transformation numérique et l’innovation, et un quart d’entre elles y consacrent moins de 300.000 dollars annuellement, selon un rapport publié le 17 mai par le magazine « African Banker » et le fournisseur de technologies bancaires digitales « Backbase ».
Intitulé « The African digital banking transformation report 2023 », ce rapport se base sur une enquête exhaustive réalisée auprès des dirigeants de 153 banques opérant dans 33 pays répartis sur les diverses sous-régions du continent.
Le rapport explique ledit constat par le fait que «la grande majorité des banques africaines considèrent que la transformation numérique est importante pour leurs stratégies de croissance, mais seulement la moitié d’entre elles la considèrent comme le facteur le plus important, ce qui signifie qu’une grande partie d’entre elles ne construisent pas leurs opérations autour de leurs plateformes numériques».
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Un rythme régulier et non accéléré
L’étude souligne que le rythme de transformation numérique des banques africaines se poursuit de manière «régulière» et non pas «accélérée», et ce, en dépit de l’élan donné par la pandémie de la Covid-19. Elle note que cette transformation reste motivée par une combinaison de facteurs, dont la demande des clients, la crainte d’être dépassé par les concurrents et le désir d’augmenter les marges de bénéfices et d’accroître les parts de marché.
Cependant, le document indique que 40% des personnes interrogées considèrent les fintechs, les banques « Challenger » et les entreprises de télécommunications entrant sur le marché comme des «menaces élevées». Il relève qu’il n’est pas surprenant que les entreprises de télécommunications fournissent des services financiers, étant donné que la banque numérique dépend de l’accès mobile.
En outre, la même étude souligne que la plupart des banques considèrent leur stratégie comme une stratégie « d’enveloppement et de numérisation », qui consiste à remplacer progressivement l’infrastructure existante par la technologie numérique, et seulement un cinquième d’entre elles se considèrent comme des « Digital natives ».
Et de préciser que la proportion de banques où le PDG, le président, le directeur général, le vice-président ou un autre directeur détermine la stratégie numérique et le niveau des dépenses est passée de 15% à 35% au cours de l’année écoulée. Les banques évaluées de manière plus approfondie ont déclaré, selon la même source, qu’il était vital pour elles d’obtenir la participation du conseil d’administration pour assurer leur transformation numérique.
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87% des banques africaines recourent au soutien externe
Une proportion de 87% des banques africaines fait appel à des prestataires externes pour le développement des plateformes numériques, selon l’enquête.
En effet, «la proportion de banques africaines qui tentent de développer des plateformes par elles-mêmes est en baisse constante, 87 % d’entre elles s’appuyant entièrement sur des développeurs et des prestataires de services tiers ou adoptant une approche hybride qui combine une expertise interne et externe», explique le rapport.
D’après la même source, plusieurs entreprises développent leur propre support client en libre-service et leurs structures d’accueil numérique, mais la plupart d’entre elles font appel à des partenaires externes pour construire leurs plateformes de banque en ligne ou leurs systèmes de gestion de cartes.
Pour les auteurs du rapport, la banque numérique semble suivre le modèle du secteur des télécommunications, les banques offrant d’abord des services de base pour attirer les utilisateurs, puis cherchant à augmenter leur revenu moyen par utilisateur en proposant des services supplémentaires. Ils soulignent que la proportion des banques qui proposent des prêts numériques a fortement augmenté, passant de 29% en 2022 à 48% en 2023.
Et de noter que toutes les applications proposent des informations sur les comptes, des possibilités de transfert et des services de paiement.
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La création d’applications de paiement mobile en tête des priorités
La création d’applications de paiement et de portefeuilles mobiles figure en tête des priorités à court terme des banques africaines, précise le rapport.
«La création d’applications de paiement et de portefeuilles mobiles figure en tête des priorités à court terme des banques africaines, ce qui laisse penser que nombre d’entre elles sont encore en train de développer leur présence dans le domaine des services bancaires numériques et en ligne», ressort-il du document.
En outre, seulement 17% des banques ont déclaré que plus des trois quarts de leurs clients de détail faisaient appel aux services numériques, tandis que 26 % d’entre elles ont estimé ce chiffre à moins d’un quart, relève l’enquête. Celle-ci relève que les taux d’utilisation restent encore plus faibles parmi les petites et moyennes entreprises (PME) clientes.
Toutefois, il semble probable que les taux augmenteront de manière relativement rapide au cours des prochaines années, au regard notamment d’une tendance à la baisse des prix des smartphones et des tarifs de la data.
Par ailleurs, l’enquête suggère qu’une proportion croissante de banques africaines envisage d’offrir des applications bancaires mobiles spécifiques aux PME.
Enfin, il est à noter que le rapport sur la transformation des banques numériques en Afrique est élaboré chaque année par le magazine « African Banker » et le développeur de technologies bancaires « Backbase ». Il analyse les derniers développements de la transformation de la banque numérique en Afrique, en suivant le rythme du changement, les priorités des banques et les moyens qu’elles utilisent pour créer des applications mobiles et des services bancaires numérisés.