Tchad : un ex-opposant radical promu premier ministre
Ses anciens partenaires de l’opposition radicale n’ont été que partiellement surpris de la nomination de Succès Masra, leader du parti «Les Transformateurs» au poste de premier ministre lundi 1ᵉʳ janvier. Celui qui fut jadis l’un des plus farouches opposants à la junte au pouvoir à N’Djamena avant de se réconcilier après une médiation du Congolais Félix Tshisekedi, voit ainsi sa carrière politique prendre une nouvelle trajectoire.
Cette nomination est intervenue trois jours après la démission de l’ancien premier ministre Saleh Kebzabo, vendredi dernier juste après la promulgation de la nouvelle Constitution issue du référendum du 17 décembre.
Dans son adresse à la Nation, à l’occasion du Nouvel An, le président de la Transition et chef de l’État tchadien, Mahamat Idriss Déby, avait déclaré qu’un «nouveau gouvernement en phase avec les exigences de la République naissante et les enjeux de l’heure serait formé», tout en exprimant ses «sincères remerciements» à Saleh Kebzabo, premier ministre sortant.
Ancien économiste en chef à la Banque africaine de développement (BAD), Succès Masra avait choisi de s’inscrire dans la radicalité dans son opposition au régime du président Déby père, puis à celui de son fils, Mahamat Idriss Déby.
Après les événements sanglants du 20 octobre 2022, contre la prorogation de la transition pour une période de 18 mois supplémentaires, le tout nouveau premier Ministre3 s’est exilé pendant une année, d’abord au Cameroun, puis aux États-Unis, avant de revenir au pays en octobre dernier, suite à une médiation du chef de l’État de la RDC, Félix Antoine Tshisekedi.
Lors de la campagne référendaire, ayant permis de doter le pays d’une nouvelle Constitution, Succès Masra s’était rallié au pouvoir et appelé à voter «oui», ce qui a été considéré comme une trahison de la part de ses anciens partenaires de l’opposition regroupés au sein de la coalition «Wakitama».