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Tchad : situation tendue et incertitude sur le processus électoral

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Le siège du PSF à N'Djamena © DR

Dans un tournant tragique de la politique tchadienne, Yaya Dillo Djérou, figure de proue de l’opposition et principal rival du général Mahamat Idriss Déby Itno, a perdu la vie lors d’un assaut mené par l’armée contre le siège de son parti. Les événements récents suscitent l’indignation de l’opposition, qui qualifie cette action de « crime odieux » visant à évincer Dillo de la course présidentielle prévue dans deux mois. Détails.

Malgré son lien familial avec le président de la transition, Mahamat Déby, Yaya Dillo Djérou aurait succombé à ses blessures après avoir « ouvert le feu sur les forces de l’ordre, refusant de se rendre », selon les déclarations du ministre de la communication Abderaman Koulamallah. L’assaut a eu lieu au siège du Parti socialistes sans frontières (PSF) de Dillo, entraînant la mort de quatre membres des forces de l’ordre et de trois partisans de l’opposant, selon les autorités.

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N’Djamena en état d’alerte

La nouvelle de la mort de Dillo, annoncée au lendemain d’une journée tumultueuse à N’Djamena, a suscité des réactions indignées au niveau international. Evariste Gabnon, porte-parole du PSF, a catégoriquement déclaré que Dillo avait été « assassiné par la Garde républicaine », le corps d’élite de l’armée. Rakhis Ahmat du Parti pour le renouveau démocratique du Tchad (PRDT), Max Kemkoye, porte-parole de l’opposition, et Max Loalngar, coordinateur de Wakit Tama, ont également accusé le pouvoir militaire de transition d’avoir orchestré cet assassinat.

Le gouvernement tchadien affirme que l’armée a assiégé le PSF pour arrêter Dillo, le tenant responsable d’une « tentative d’assassinat » contre le président de la Cour suprême et d’une attaque contre le siège du service du renseignement, l’ANSE, quelques jours plus tôt, causant « plusieurs morts », selon le ministre Koulamallah.

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Quelques heures avant sa mort, Dillo, 49 ans, avait nié ces accusations, dénonçant une « mise en scène » de la part de la junte et du président de la Cour suprême pour l’écarter des élections présidentielles du 6 mai, auxquelles Mahamat Déby envisage de se présenter ouvertement.

Kemkoye de l’opposition souligne la gravité de la situation en affirmant que « être candidat face aux autorités de transition, c’est être candidat à la mort ». Il appelle la communauté internationale, sur le point de financer un processus électoral entaché par un assassinat, à engager une enquête indépendante.

Les Déby se déchirent

Mahamat Déby, devenu président de transition à 37 ans à la suite du décès de son père, le maréchal Idriss Déby Itno, avait initialement promis de rendre le pouvoir aux civils après une transition de 18 mois. Cependant, cette transition a été prolongée de deux ans, laissant transparaître les intentions du président actuel de se présenter à la prochaine élection présidentielle. L’opposition dénonce cette situation comme une « succession dynastique » des Déby.

L’attaque de l’armée contre le siège de Dillo intervient trois ans jour pour jour après une attaque similaire contre le QG de l’opposant en 2021, au cours de laquelle sa mère et l’un de ses fils ont perdu la vie. À cette époque, Dillo était recherché pour avoir « diffamé » l’épouse du maréchal-président Idriss Déby en l’accusant de détournement massif de fonds publics.

Bien que Dillo ait réussi à fuir à l’étranger en tant que candidat à la présidentielle contre son oncle Idriss Déby, sa candidature a été invalidée à son retour au pays sous la présidence de son cousin Mahamat Déby. Malgré son pardon déclaré pour les décès de sa mère et de son fils, il est rapidement devenu l’un des opposants les plus farouches au clan Déby.

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Les tensions s’exacerbent davantage avec la récente défection du général Saleh Déby Itno, frère du défunt maréchal Déby, qui a rejoint le PSF de Yaya Dillo. Il a été arrêté lors de l’assaut de mercredi, ajoutant une pression supplémentaire sur les relations au sein du clan au pouvoir, du gouvernement et de l’armée.

Cette situation préoccupante au Tchad, où l’armée française maintient encore un contingent, représente un défi majeur dans la région du Sahel. La France, après le retrait forcé de ses militaires de plusieurs pays sahéliens, suit de près l’évolution de la situation. Paris a recommandé la vigilance à ses ressortissants et indiqué son suivi attentif de la situation au Tchad.

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