Accueil / Articles Afrique

Tchad : le président de la transition face à son premier ministre pour la présidentielle

Temps de lecture
masra déby.© DR

Après trois ans de transition politique, le Tchad va élire son président de la République. Cette présidentielle opposera le président de la Transition, Mahamat Idiss Déby Itno et son premier ministre, Succès Masra, puisque le principal adversaire du régime, Yaya Dillo a été tué. C’est dans un contexte de tension et suspicion que les Tchadiens sont appelées aux urnes le 6 mai 2024.

Depuis la mort d’Idriss Déby Itno, le 19 avril 2021, au front face à une rébellion du Front pour l’alternance et la concorde (Fact), le pouvoir est entre les mains de son fils, Mahamat Idiss Déby Itno. Le jeune général est proclamé chef de 15 généraux et président de la République de transition, en accord avec le président de l’Assemblée nationale, Haroun Kabadi, successeur constitutionnel en cas de décès du chef de l’Etat.

À peine installé, il est aussitôt adoubé par la communauté internationale, l’Union africaine (UA) en tête, l’Union européenne (UE) et la France. Les mêmes qui sanctionnent les régimes militaires ailleurs, en Afrique. Parce que l’armée tchadienne est indispensable dans la guerre contre le terrorisme au Sahel. En contrepartie, Mahamat Idiss Déby Itno devait remettre le pouvoir aux civils après 18 mois de transition. Mais la situation s’est figée depuis.

Lire aussi : Tchad : situation tendue et incertitude sur le processus électoral

Trois ans après, le président proclamé par l’armée va faire face à son premier ministre, Succès Masra pour les élections présidentielles. Le jeune général a lancé sa campagne dans les rues de la capitale, N’Djaména décorées aux couleurs de sa coalition de partis et des portraits géants de sa personne. Sa caravane a sillonné les rues de la ville avec de grosses voitures de nombreux autocars transportant des milliers de sympathisants avec slogan de leur champion : «Avec Midi pour un Tchad uni».

«Je suis un soldat et un homme de terrain», après trois ans à la tête du pays, j’ai de l’expérience… Qu’est-ce qu’ils ont les autres ?», s’est glorifié le président-candidat devant des milliers de partisans rassemblés sur la grande place de la Nation.

Mahamat Idiss Déby Itno est quasi sûr de rester au pouvoir

C’est sous la surveillance de nombreux soldats de la toute-puissante garde présidentielle que le général dirigeait avant de prendre le pouvoir, lourdement armé et juché sur leurs blindés.
Selon les observateurs, il est quasi assuré de remporter la présidentielle après que son régime ait violemment réprimé dans la rue et muselé toute opposition et éliminé toute concurrence.

Yaya Dillo, son principal adversaire, a été tué fin février par des militaires dans l’assaut contre le siège de son parti, d’une «balle dans la tête à bout portant» sans oublier les candidatures de dix autres potentiels rivaux qui ont été invalidées.

Lire aussi :Tchad :  le président Déby et son premier ministre, candidats à la présidentielle

Lors de son interview avec nos confrères de France 24 et RFI, Succès Masra a balayé d’un revers de main l’existence d’un accord entre le président sortant et lui. une partie de l’opposition et de la société civile accuse ce dernier de l’avoir trahie et de concourir pour leur ravir des voix avec l’idée d’assurer une majorité au général et conserver son poste de chef de l’exécutif.

Succès Masra affirme que sa présence dans le gouvernement de la transition, démontre sa volonté de réconcilier les Tchadiens. C’est pourquoi il n’exclut pas de travailler, mais dans la main avec le président de la transition, s’il venait à remporter la présidentielle. Pour lui, le pays aura besoin de son expérience pour réforme l’armée. Ajoutant qu’il est porteur d’un projet de société réconciliant, «suffisamment grand», pour embarquer tout le monde afin d’avancer ensemble.

Succès Masra, candidat de la réconciliation ?

Il explique que tous les éléments sont réunis pour un scrutin transparent. Dans les élections précédentes, un chef d’État pouvait nommer les membres d’un organe chargé des élections, puis les «virer» à la veille de la proclamation des résultats, rappelle-t-il.

L’ancien premier ministre ajoute que les membres chargés de l’organisation des élections sont nommés de manière inamovible. La durée de leur mandat est plus longue que celui du président de la Transition et du président de la République qui sera élu. «Ses organes vont organiser deux élections» [présidentielles, cette année et dans cinq ans, NDLR].

Lire aussi :Tchad : tensions sécuritaires à N’Djamena

«En réalité, nous avons des institutions meilleures que celles que nous avions jusqu’à présent. C’est valable pour ses organes, c’est valable pour la Constitution, qui nous donne aujourd’hui les droits et les devoirs qui nous permettent, là, d’être autour de la table. Donc, en réalité, nous sommes en meilleure condition aujourd’hui», loue-t-il.
Succès Masra, a également tenu son meeting devant quelques milliers de partisans. Avec son slogan «Lalekou», bonjour en arabe tchadien, il entend mener une «campagne de porte-à-porte».

Pour rappel, le 20 octobre 2022, le régime en place avait procédé à une répression qui a fait entre 73 et 300 morts, et beaucoup de victimes étaient des partisans du parti « Les transformateurs ».

Recommandé pour vous

Mali : la préparation des élections évoquée en Conseil des ministres

Afrique, Politique - Au Mali, le général Assimi Goïta a exhorté le gouvernement à créer les conditions nécessaires pour organiser des élections.

Mali : Abdoulaye Maïga forme son nouveau gouvernement

Afrique, Politique - Le Mali s'est doté d'un nouveau gouvernement de 28 membres, marqué par le départ de sept anciens ministres.

De Maïga à Maïga… mais que se passe-t-il au Mali ?

Afrique, Politique - La junte au pouvoir, bien ancrée dans les rouages de l’État, a désigné le général Abdoulaye Maïga, premier ministre.

Mali : le général Abdoulaye Maïga nommé premier ministre

Afrique, Politique - Assimi Goïta, a désigné Abdoulaye Maïga comme nouveau premier ministre, suite à la révocation de Choguel Kokalla Maïga.

Limogeage de Choguel Maïga : le Mali en quête de stabilité ?

Afrique, Politique - Choguel Kokalla Maïga et son gouvernement ont été limogés, mercredi 20 novembre, par la junte militaire au pouvoir.

L’Afrique du Sud face au défi de la reconstruction institutionnelle

Afrique, Politique - Selon Batohi l’Afrique du Sud doit renforcer ses institutions, fragilisées par des années de capture de l’État.