Tchad : le MPS remporte une majorité écrasante aux législatives controversées
Le Mouvement patriotique du Salut (MPS), au pouvoir au Tchad, a obtenu une majorité écrasante de 124 sièges sur 188 à l’Assemblée nationale lors des premières élections législatives organisées depuis 2011. Ces résultats provisoires, communiqués samedi par la commission électorale, reflètent un scrutin largement critiqué par l’opposition et marqué par des accusations de fraude.
D’après Ahmed Bartchiret, président de l’Agence nationale de gestion des élections (Ange), les élections législatives, provinciales et locales ont mobilisé environ huit millions d’électeurs fin décembre. Cependant, l’opposition, qui avait largement appelé au boycott, dénonce un processus biaisé.
Le Rassemblement national des démocrates tchadiens-Le Réveil (RNDT), dirigé par l’ancien premier ministre Albert Pahimi Padacké, a qualifié les résultats de « mascarade indigne ». Le RNDT affirme avoir remporté « plus de 50 sièges dans les urnes », contre les 12 qui lui ont été attribués. Dans un communiqué publié dimanche, le parti n’exclut pas de saisir le juge du contentieux électoral.
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Une opposition divisée et sceptique
Le principal parti d’opposition, Les Transformateurs, a également rejeté le scrutin, le qualifiant d’« échec retentissant ». Leur appel au boycott a, selon eux, révélé un « désaveu populaire » envers un processus électoral entaché de « résultats préfabriqués ».
Nasour Ibrahim Koursami, président des Patriotes et membre du GCAP (Groupe de Coordination des partis de l’opposition), a dénoncé l’absence de transparence. « Avec quelles preuves un candidat peut-il contester les résultats, surtout que les procès-verbaux ne sont pas remis aux délégués des candidats ? », s’est-il interrogé dans une publication sur Facebook.
Initialement prévue pour 2015, l’élection législative avait été reportée à plusieurs reprises, officiellement en raison de la menace jihadiste, des difficultés économiques, de la pandémie de Covid-19, et des bouleversements liés à la transition après le décès en 2021 du maréchal Idriss Déby Itno. Depuis, le pouvoir est dirigé par son fils, Mahamat Idriss Déby Itno, à la tête d’un Conseil militaire de transition.
Le taux de participation, annoncé à 51,56%, est loin de convaincre les détracteurs du régime. Les résultats définitifs des élections législatives, attendus le 3 février, pourraient encore être contestés dans un délai de cinq jours, comme le prévoit le code électoral tchadien.
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Malgré la victoire annoncée du MPS et de ses alliés, qui revendiquent 176 sièges sur 188, la crédibilité de ces élections est fortement remise en question. Ce climat de défiance reflète les tensions croissantes au sein d’un pays confronté à une transition politique fragile, à des défis sécuritaires et à une opposition déterminée à ne pas reconnaître les résultats.
La composition exacte des nouvelles institutions locales et provinciales reste à préciser, tandis que les résultats des élections municipales, toujours attendus, ajoutent à la confusion entourant ce processus électoral censé marquer un tournant pour le Tchad.