Afrique subsaharienne : le FMI voit des signes d’espoir malgré les défis
Le Fonds monétaire international (FMI) a publié ses dernières prévisions économiques pour l’Afrique subsaharienne, et bien que la situation reste complexe, des lueurs d’espoir semblent percer. Les chiffres ont été dévoilés lors des assemblées annuelles conjointes de l’institution et de la Banque mondiale à Marrakech, au Maroc, le 10 octobre.
Les prévisions du FMI laissent entrevoir une croissance économique en hausse de 4% en 2024, après une année 2023 qui devrait enregistrer une croissance de seulement 3,3%. Luc Eyraud, directeur des études au département Afrique du FMI, a décrit cette évolution en ces termes : « On distingue clairement des éclaircies, des rayons de soleil qui n’existaient pas, il y a six mois. Néanmoins, les conditions restent très difficiles. »
Ce semblant d’optimisme s’explique en partie par un environnement international légèrement moins hostile. Paradoxalement, l’Europe et les États-Unis ont fait preuve d’une relative résilience économique. De plus, l’inflation mondiale commence à se stabiliser. Les prix des produits alimentaires ont récemment connu une baisse, une bonne nouvelle pour les pays subsahariens où la nourriture représente en moyenne 40% des dépenses de consommation. De plus, les banques centrales des pays développés devraient cesser d’augmenter leurs taux d’intérêt, ce qui pourrait apaiser les marchés financiers.
Au niveau continental, certains poids lourds montrent des signes d’amélioration, notamment l’Afrique du Sud, qui a souffert ces derniers mois d’une grave crise énergétique. Après une croissance presque stagnante de 0,9% en 2023, son PIB devrait recommencer à croître l’année prochaine, avec une prévision de 1,8%. En général, le FMI prévoit une amélioration de la croissance dans environ 90% des économies de la région.
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Attention à la dette et à l’inflation
Cependant, la situation reste complexe, avec un niveau d’endettement sans précédent, représentant près de 58% du PIB, un niveau inégalé depuis deux décennies. De plus, la moitié des économies à faible revenu de la région se dirigent vers un surendettement, voire la faillite. La raréfaction des sources de financement continue de préoccuper le FMI, et les conditions financières se sont resserrées, entraînant une augmentation des taux d’intérêt et des difficultés pour les émetteurs africains à se refinancer sur les marchés. Cette situation contraint de plus en plus d’États à réduire les dépenses sociales.
L’inflation, bien que décroissante, exerce toujours une pression importante sur les ménages, avec 14 pays subsahariens affichant des taux d’inflation à deux chiffres. Les défis économiques sont souvent exacerbés par la dépréciation des monnaies, ce qui augmente le coût des produits importés et complique le remboursement de la dette extérieure.
Outre les problèmes économiques, la région est confrontée à des défis politiques et sociaux inquiétants, avec une augmentation des risques de conflits dus aux tensions géopolitiques, à la faiblesse des institutions et à la crise du coût de la vie. Le coup d’État survenu fin juillet au Niger est le onzième de la région depuis 2020.
En outre, la situation sécuritaire demeure préoccupante, voire franchement dégradée, dans des pays comme le Soudan, l’Éthiopie, la République centrafricaine et le Nigeria. Au total, 40% des pays d’Afrique subsaharienne sont classés comme États fragiles ou affectés par des conflits, et les violences sont en augmentation, alimentées par les difficultés économiques.
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Une diversification payante
En somme, l’Afrique fonctionne plus que jamais à deux vitesses. Les pays diversifiés tels que la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Kenya et le Rwanda connaissent une croissance soutenue grâce à la consommation et à l’investissement, atteignant près de 6% en 2024. En revanche, les pays exportateurs de matières premières comme le Nigeria, l’Angola et l’Afrique du Sud devraient enregistrer une croissance plus modeste, à hauteur de 3,2%.
Pour remédier à ces inégalités de développement, le FMI préconise des investissements accrus dans le capital humain, une meilleure gestion des ressources naturelles et la promotion de la diversification économique. De plus, le FMI appelle les donateurs internationaux à fournir un soutien accru au continent, insistant sur la nécessité d’une aide étrangère plus régulière et mieux ciblée.
Dans un discours à Abidjan, en Côte d’Ivoire, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a souligné l’importance de soutenir la région pour renforcer l’économie mondiale. La situation en Afrique subsaharienne reste complexe, mais les signes d’amélioration, bien que modestes, alimentent l’espoir pour l’avenir de la région.