Soutien au terrorisme : l’AES saisit le conseil de sécurité de l’Onu contre l’Ukraine
Les membres de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont décidé d’adresser une lettre conjointe au Conseil de sécurité des Nations unies, exprimant leur ferme condamnation du soutien supposé de l’Ukraine au terrorisme dans le Sahel. Cette démarche intervient dans un contexte de tensions accrues entre ces pays sahéliens et le gouvernement ukrainien, à la suite de l’implication alléguée de Kiev dans des conflits régionaux.
Ainsi, les États du Mali, du Niger et du Burkina Faso reprochent à l’Ukraine d’avoir soutenu des groupes rebelles et terroristes qui ont récemment affronté l’armée malienne. Ce soutien a pesé sur la balance puisqu’il a contribué à infliger une sévère défaite aux forces maliennes et à leurs alliés russes en juillet dernier. Selon les trois États, ceci constitue une violation flagrante de la souveraineté et de l’intégrité territoriale de leurs États, ainsi qu’un soutien direct au terrorisme international.
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Il faut dire que ces accusations ont été lancées suite à la diffusion d’une vidéo dans laquelle Andriy Yusov, porte-parole de l’agence ukrainienne de renseignement militaire, aurait admis que l’Ukraine avait fourni des informations aux rebelles qui ont attaqué les forces maliennes et les mercenaires russes du groupe Wagner.
Cette vidéo a été interprétée par Bamako comme une confirmation de l’implication ukrainienne dans des attaques contre ses forces. Selon Andriy Yusov, son pays aurait aidé les combattants Touaregs en leur fournissant des informations permettant de contrer les mercenaires russes. Les autorités maliennes considèrent cette aide comme une forme de soutien au terrorisme, allant au-delà de l’ingérence étrangère.
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En réponse, le Mali a rompu ses relations diplomatiques avec l’Ukraine le 4 août 2024, qualifiant les actions ukrainiennes d’attaque lâche et de soutien au terrorisme. Le Niger a suivi le 7 août, en annonçant également la saisine du Conseil de sécurité des Nations unies pour statuer sur l’agression ukrainienne. Les deux pays, aux côtés du Burkina Faso, ont appelé l’instance onusienne à prendre des mesures appropriées contre l’Ukraine pour ce qu’ils considèrent comme un soutien officiel aux groupes terroristes en Afrique.
L’AES demande au Conseil de sécurité de l’ONU de prendre ses responsabilités
Le Burkina Faso et le Niger, qui ont également exprimé leur indignation, soulignent que cette situation constitue une violation des conventions internationales et de la Charte des Nations unies. Les gouvernements sahéliens ont demandé au Conseil de sécurité de «prendre ses responsabilités face au soutien ukrainien au terrorisme» et de «prendre les mesures appropriées pour contrer ces actions subversives».
Pour rappel, la présidence tournante du Conseil de sécurité de l’ONU, est assurée pour ce mois d’août par la Sierra Leone qui a succédé à la Russie.
Par ailleurs, la diplomatie ukrainienne a rejeté les accusations, affirmant que Kiev adhère strictement aux normes du droit international et déplorant la rupture prématurée des relations avec Bamako et Niamey. L’Ukraine a déclaré regretter la décision des deux pays et maintient que ses actions sont conformes aux règles internationales.
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Pour sa part, le porte-parole du gouvernement malien, le Colonel Abdoulaye Maïga, avait annoncé la décision de rompre les relations diplomatiques avec l’Ukraine à la télévision nationale, mettant en avant la vidéo d’Andriy Yusov comme preuve de l’implication ukrainienne dans l’attaque contre l’armée malienne et les mercenaires russes. Dans la foulée, le ministère sénégalais des Affaires étrangères avait convoqué l’ambassadeur ukrainien à Dakar.
Le contexte régional sahélien est marqué par des défis politico-sécuritaires croissants et des tensions internationales, ajoutés à la complexité de la situation. La présence de groupes terroristes au Sahel, le soutien supposé de puissances étrangères, et les rivalités géopolitiques exacerbent les conflits dans la région. La réaction des États du Sahel et les tensions avec l’Ukraine illustrent les défis croissants auxquels la communauté internationale est confrontée dans la gestion des crises régionales et la prévention du terrorisme international.