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Sénégal : les deux principaux opposants libérés en pleine campagne présidentielle

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Soirée inoubliable pour les partisans d'Ousmane Sonko et de Bassirou Diomaye Faye après leur libération © AP

Jeudi soir, les opposants politiques Ousmane Sonko, leader du parti dissous « Pastef », et Bassirou Diomaye Faye, candidat à l’élection présidentielle du 24 mars prochain, ont été libérés. Cette libération fait suite à l’adoption de la loi sur l’amnistie générale, approuvée le 6 mars dernier par la majorité des députés de l’Assemblée nationale. Des milliers de partisans des deux opposants ont fêté leur libération. Cette force de mobilisation impressionne et augure d’une campagne électorale tumultueuse. Détails.

Dans un développement sans précédent depuis des mois, les figures de proue de l’opposition anti-système au Sénégal, Ousmane Sonko et Bassirou Diomaye Faye, ont fait une entrée remarquée vendredi. Leur libération marque ainsi le début de leur campagne présidentielle, renforcés par le soutien populaire suite à leur récente libération.

Des milliers de citoyens de Dakar ont exprimé leur joie dans les rues. Les Sénégalais ont participé à des célébrations festives jusqu’aux petites heures du matin. Les deux hommes, eux, parcouraient en voiture les quelques kilomètres qui les séparaient de la prison du cap Manuel à leur domicile.

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Prise de parole très attendue

Bien que largement invisible depuis un certain temps, Ousmane Sonko, figure centrale d’un conflit de longue date avec le pouvoir, est resté discret lors de cet événement. Son représentant pour l’élection présidentielle, accompagné de son plein consentement, a fait une brève apparition. Ce dernier s’est tenu au toit ouvrant de sa voiture vêtu d’un boubou bleu, d’une casquette blanche, et du drapeau national sur les épaules, adressant ses paroles à une foule enthousiaste.

Dans un geste de reconnaissance, levant le bras vers le ciel et souriant malgré presque un an d’incarcération, il a exprimé sa gratitude pour le « soutien et la solidarité » de ses partisans. Il a souligné l’importance de ce que son mouvement appelle « le projet ». Le politicien a mis en avant l’idée que la course à la présidence ne se résume pas à une confrontation personnelle entre lui et Sonko.

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Le président Macky Sall a récemment promulgué une loi d’amnistie, visant à apaiser les tensions après trois années marquées par des troubles politiques. Cette amnistie semble avoir bénéficié à Faye et Sonko.

Force de mobilisation

Cette mobilisation spontanée autour des deux opposants constitue le plus grand rassemblement provoqué par l’un des 19 candidats depuis le début de la campagne présidentielle. Cela témoigne de la force de mobilisation de Faye. Et, surtout, de Sonko, dont le nom est sur toutes les lèvres malgré sa non-participation directe à l’élection. L’effet de leur dynamisme sera mis à l’épreuve au cours de la campagne électorale.

La campagne officielle, lancée le 9 mars, s’est ouverte sans la participation de Faye et Sonko. Malgré cela, le camp de Faye a continué à promouvoir sa candidature. Le parti a mis en avant son programme axé sur le « changement de système » et un « panafricanisme de gauche ». Le tout accompagné de la promesse de restaurer la souveraineté du Sénégal et de renégocier les contrats d’exploitation des ressources naturelles ainsi que les accords de défense.

Cette initiative reflète les thèmes récurrents des discours de Sonko qui ont contribué au succès de son parti, le Pastef. Ces derniers sont axés sur la lutte contre la corruption, les élites, les multinationales, ainsi que sur la réduction de l’influence économique et politique de la France, ancienne puissance coloniale.

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Tensions apaisées ?

La mise en cause judiciaire de Sonko, combinée aux tensions socio-économiques et à l’incertitude entourant un éventuel troisième mandat du président Sall, ont alimenté des périodes de troubles entre 2021 et 2023. Celles-ci ont, en effet, été caractérisées par des émeutes et des actes de violence.

Bien que le président Sall ait renoncé à se représenter, le report in extremis de l’élection présidentielle, initialement prévue le 25 février, a ravivé les tensions. Une annoncé qui a entrainé de nouveaux affrontements.

Au cours de ces événements, des dizaines de personnes ont perdu la vie et des centaines ont été arrêtées. La situation a mis à rude épreuve la stabilité d’un pays généralement considéré comme l’un des plus stables de l’Afrique de l’Ouest.

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En 2023, Ousmane Sonko a été condamné à de la prison avec sursis pour diffamation et à une peine de deux ans de prison ferme pour détournement de mineure. Il a été arrêté fin juillet 2023 et inculpé pour appel à l’insurrection, association de malfaiteurs en lien avec une entreprise terroriste, et atteinte à la sûreté de l’État.

Malgré sa disqualification de la présidentielle en janvier, son parti, avec son approbation, a désigné Faye comme son successeur. Faye, secrétaire général du Pastef, a lui-même été détenu depuis avril 2023 et inculpé d’outrage à magistrat, de diffamation, et d’actes de nature à compromettre la paix publique, suite à des critiques contre le système judiciaire dans le cadre de l’affaire Sonko.

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