Sénégal : le pays tiraillé après le report de la présidentielle
Dans une lettre de démission adressée au président Macky Sall, Awa Marie Coll Seck, ministre d’État et présidente de l’Initiative pour la transparence dans les industries extractives, a vivement exprimé son désaccord avec le chef de l’État. La lettre, publiée récemment, souligne que « le Sénégal mérite de voir son calendrier républicain respecté », même si elle concède que le processus électoral nécessite des améliorations.
Cette démission s’inscrit dans un contexte où le président Macky Sall justifie le report des élections présidentielles au 15 décembre en évoquant une crise institutionnelle grave due à des dysfonctionnements dans le processus électoral. Awa Marie Coll Seck remet en question cet argumentaire, marquant ainsi son opposition au chef de l’État.
L’opposition sénégalaise réagit vivement, qualifiant ce report de « coup d’État constitutionnel ». La décision de maintenir Macky Sall au pouvoir jusqu’en 2025, sans mobilisation préalable, est considérée comme un fait accompli qui compromet la vitrine démocratique nationale, selon l’opposition.
Malgré la suspension des données mobiles par le gouvernement depuis lundi, les réseaux sociaux ont été le lieu d’une indignation généralisée en réaction au report des élections. Toutefois, la protestation n’a pas pris une ampleur significative, et l’activité à Dakar est progressivement retournée à la normale mardi, après une interruption lundi. Des tentatives de manifestations ont été réprimées dimanche et lundi.
La réaction internationale ne s’est pas fait attendre, plusieurs partenaires étrangers du Sénégal exprimant leur inquiétude. La Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), dont le Sénégal est membre, a encouragé le pays à « prendre de toute urgence les mesures nécessaires pour rétablir le calendrier électoral » afin de préserver l’ordre constitutionnel.
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