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Sénégal : le pays plonge dans une grave crise politique

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Violences à Dakar après l'annonce par le président Macky Sall du report de l'élection présidentielle © Stefan Kleinowitz/AP

Des cas de violences et de restrictions de libertés ont été observés au Sénégal, quelques heures après l’annonce faite samedi par le président Macky Sall de l’abrogation du décret convoquant le corps électoral le 25 février. L’accès à l’internet mobile a été coupé et la chaîne de télévision Walf a été suspendue de diffusion pour avoir relayé des images des manifestants. Tous les regards sont rivés vers l’Assemblée nationale qui examine une proposition de loi confirmant le report de la présidentielle. Détails.

C’est la première fois depuis 1963 qu’une présidentielle au suffrage universel direct est reportée au Sénégal. L’Assemblée nationale, transformée en citadelle par la présence policière, a entamé ce lundi l’examen d’une proposition de loi controversé instituant le report de la présidentielle. Les gendarmes ont tiré des grenades lacrymogènes pour disperser de petits groupes qui essayaient de se rassembler devant l’Assemblée à l’appel de l’opposition. Le quartier du Plateau, siège de la décision politique, a offert le spectacle rarissime de protestataires en petit nombre jouant au chat et à la souris avec les forces de sécurité parmi les Dakarois vaquant à leurs activités autour de l’Assemblée placée sous la protection de dizaines de gendarmes et policiers appuyés par des véhicules lourds.

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Une dangereuse crise politique

Le Parlement sénégalais est réuni depuis le début d’après-midi en séance plénière pour examiner la proposition de loi portant report de l’élection présidentielle dont 20 candidats ont été validés par le Conseil constitutionnel. Les députés sénégalais débattent d’un texte controversé susceptible de reporter la présidentielle. Le Sénégal, réputé comme un îlot de stabilité en Afrique de l’Ouest, est en proie à des tensions vives depuis l’annonce samedi par le président Sall du report de la présidentielle prévue le 25 février. Cette décision, qualifiée de «coup d’État constitutionnel» par ses détracteurs, plonge le pays dans l’incertitude et suscite des craintes d’agitation. Elle a déclenché un tollé parmi les candidats qualifiés et au sein de la société civile.

Les premiers rassemblements ont conduit à des interpellations, dont celles de la candidate Anta Babacar Ngom et de l’ancienne première ministre Aminata Touré, toutes deux finalement relâchées. Les autorités ont également coupé l’accès à l’internet mobile, citant la diffusion de «messages haineux et subversifs» sur les réseaux sociaux. Cette mesure, devenue courante dans des contextes de crise politique, vise à contenir la mobilisation et la communication en ligne.

Les députés se penchent donc sur un texte adopté la veille en commission préparatoire, suggérant de repousser la présidentielle de six mois, ou même d’un an, à février 2025. Le texte, soutenu par le camp présidentiel, nécessite une majorité des trois cinquièmes des 165 députés pour être approuvé. Le vote est prévu dans la journée.

Que le texte soit adopté ou rejeté, la situation reste sans précédent dans un pays habitué à des élections régulières et n’ayant jamais connu de coup d’État, une rareté sur le continent africain. Cette crise suscite des inquiétudes à l’étranger, avec la CEDEAO, l’Union africaine, les États-Unis, l’Union européenne et la France, partenaires importants du Sénégal, appelant à une nouvelle date et exhortant au dialogue entre les acteurs de la crise.

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Des troubles en vue ?

Cette crise ravive le spectre de troubles similaires à ceux de mars 2021 et juin 2023, qui ont entraîné des dizaines de décès et des centaines d’arrestations. Malgré l’indignation exprimée largement sur les réseaux sociaux, la protestation contre le report de la présidentielle n’a pas massivement investi les rues. L’université de Dakar, lieu historique de contestation, est fermée depuis les troubles de 2023, et le parti antisystème Pastef a été affaibli par les arrestations.

L’opposition dénonce une dérive autoritaire du pouvoir et soupçonne un plan visant à éviter une défaite inévitable du camp présidentiel, voire à prolonger la présidence de Macky Sall, malgré son engagement réitéré de ne pas se représenter. Le premier ministre Amadou Bâ, candidat du camp présidentiel, fait face à des contestations internes. Le président Sall a invoqué le grave conflit entre le Conseil constitutionnel et l’Assemblée nationale, ainsi que le risque de contestation pré- et post-électorale, pour justifier le report de la présidentielle.

Lire aussi : Sénégalité

Pour rappel, la Task Force républicaine, une plateforme se réclamant de l’Alliance pour la République (APR, au pouvoir), a exprimé son soutien à la décision prise par le président Macky Sall d’abroger le décret portant convocation du corps électoral, le 25 février. Le Parti démocratique sénégalais (PDS) avait demandé et obtenu la mise en place d’une commission d’enquête parlementaire après l’invalidation de la candidature de Karim Wade à l’élection présidentielle pour cause de double nationalité.

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