Sénégal : Bassirou Diomaye Faye prend officiellement ses fonctions
Ce n’est plus un rêve, le projet est en marche. Le Sénégal a fait un saut générationnel en confiant le pouvoir à Bassirou Diomaye Faye, à l’issue de l’élection présidentielle du 24 mars 2024. Le nouveau président, a prêté serment ce mardi devant les membres du conseil constitutionnel et une assistance de dignitaires sénégalais et étrangers.
Bassirou Diomaye Faye, 44 ans, a officiellement pris ses fonctions de cinquième président du Sénégal, lors cette cérémonie solennelle organisée au Centre des expositions de Diamniadio. Le désormais ex-opposant a enfilé le costume du président de la République pour les cinq prochaines années.
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«Devant Dieu et devant la Nation sénégalaise, je jure de remplir fidèlement la charge de Président de la République du Sénégal, d’observer comme de faire observer scrupuleusement les dispositions de la Constitution et des lois, de consacrer toutes mes forces à défendre les institutions constitutionnelles, l’intégrité du territoire et l’indépendance nationale, de ne ménager enfin aucun effort pour la réalisation de l’unité africaine», a-t-il déclaré, main droite levée, sous les yeux de plusieurs chefs d’État et autres dignitaires africains.
Parmi eux, le chef du gouvernement marocain, Aziz Akhannouch, est venu représenter le roi Mohammed VI, en compagnie du ministre des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l’étranger, Nasser Bourita, à cette cérémonie d’investiture.
Ces mots forts prononcés par le nouveau président signifie le début officiel de son mandat de cinq ans, mais aussi la fin d’un parcours politique mouvementé.
Une justice indépendante et une démocratie renforcée
Bassirou Diomaye Faye a évoqué les trois années de troubles qui ont précédé son élection, et ont connu la mort de dizaines de Sénégalais et des centaines d’arrestations. Il a assuré qu’il conserverait à l’esprit les sacrifices consentis par les «martyrs de la démocratie, (les) amputés, (les)blessés et (les) anciens prisonniers (…) afin de ne jamais vous décevoir».
«Le Sénégal sous mon magistère sera un pays d’espérance, un pays apaisé avec une justice indépendante et une démocratie renforcée», a-t-il dit.
L’ex-opposant a dit entendre «clairement la voix des élites décomplexées qui disent haut et fort l’aspiration à plus de souveraineté, au développement et au bien-être » en Afrique. Il a réitéré à l’attention des partenaires étrangers « l’ouverture du Sénégal à des échanges respectueux de notre souveraineté, conformes aux aspirations du peuple, dans un partenariat mutuellement gagnant ».
Il a souligné l’ampleur des défis sécuritaires auxquels font face de nombreux pays africains et qui «oblige à plus de solidarité». C’est dans ce sens que le président sénégalais veut œuvrer au retour dans la Cedeao du Burkina Faso, du Mali et du Niger, pays sahéliens dirigés par des juntes qui ont rompu avec l’ancienne puissance coloniale française et se sont tournées vers la Russie. Des régimes militaires d’Afrique de l’Ouest ont envoyé leurs représentants à Diamniadio, dont le président guinéen, le général Mamadi Doumbouya.
L’ascension fulgurante du nouveau président
Cette prestation de serment marque l’ascension fulgurante de Bassirou Diomaye Faye. Il y a moins d’un mois l’ancien inspecteur des impôts croupissait encore en prison, sans jugement depuis plusieurs mois. Il a pu bénéficier d’une loi d’amnistie lui a permis de sortir de prison, en même temps que son mentor et chef de parti Ousmane Sonko. Sa libération et sa victoire à la présidentielle auront donc été le point de départ d’une reconversion express au sommet de l’État.
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Désormais chef de l’exécutif, le nouveau président s’est engagé à «respecter et faire respecter» les lois du Sénégal. Il remplace Macky Sall qui a dirigé le pays de 18 millions d’habitants pendant 12 années et maintenu des relations fortes avec l’Occident et la France tout en diversifiant les partenariats. Il faut rappeler que le président sortant avait promis qu’il ne passerait pas une minute de plus au Palais présidentiel. Il a tenu parole et lui a remis les clés après la cérémonie de prestation de serment. L’Afrique peut être fière du Sénégal et de sa démocratie, forte, réelle et solide.
Porté au pouvoir par le désir de changement, il devra relever des défis importants. Lors de première allocution après sa victoire, le nouveau président a déclaré qu’il allait s’attaquer à la «baisse du coût de la vie», à la «lutte contre la corruption» à la «réconciliation nationale et à la reconstruction des bases de notre vivre-ensemble».